
Les alizés seront-ils présents ? Telle est la question que se posent tous les navigateurs, qu’ils soient professionnels ou amateurs, lorsqu’ils entreprennent une traversée de l’Atlantique nord comme c’est le cas actuellement des concurrents de la Transat Jacques Vabre.
Dans les meilleures conditions, les alizés soufflent de manière régulière à 20-25 nœuds. Mais ce n’est pas toujours le cas, ils peuvent aussi être très instables, avec des variations de 100 degrés dans leur orientation et des rafales de vent pouvant monter jusqu’à 45 nœuds. «Avec les alizés, il y a deux scénarios, explique Pascal Scaviner, responsable du service prévisions pour Météo Consult-La Chaîne Météo. Les navigateurs se trouvent soit dans une autoroute où ça roule bien, c’est-à-dire avec des alizés porteurs, soit sur une nationale avec des feux, des ralentissements et parfois des accidents, c’est le cas des alizés instables». Dans tous les cas, cela oblige à une vigilance accrue car les rafales peuvent à tout moment surprendre.
S’ils sont bien connus pour leur action favorable, les alizés peuvent également s’avérer dangereux et destructeurs. «Le danger dans des régimes d’alizés, c’est d’avoir un temps instable avec des grains, précise Pascal Scaviner. On peut alors être subitement confronté à des rafales à 45 nœuds au cours de la nuit qui sont capables de déchirer les voiles». Raison pour laquelle les amateurs qui désirent naviguer jusqu’aux Antilles préfèrent une traversée au cours de l’hiver. Ces vents sont généralement porteurs à la saison hivernale, et plus instables l’été avec de fréquents orages. Accident ou pas, ces vents instables obligent surtout le navigateur à effectuer beaucoup de manœuvres pour repositionner le bateau dans le droit chemin. Si la traversée n’est donc pas impossible l’été, le skipper doit tout de même s’attendre à mettre deux fois plus de temps. Autre détail d’importance dans cette route qui longe les Canaries, les reliefs : l’idéal est de passer entre des îles au relief très réduit afin de bénéficier du vent. Les îles au relief élevé créent des zones de dévente, des régions sans vent dans lesquelles la traversée est donc ralentie.
Transat 2013 : des alizés bien présents mais capricieux
SI les MOD sortent du Pot au noir pour récupérer les alizés de sud-est à l’approche de l’Equateur, le reste de la flotte se trouve dans un alizé qu’ils n’ont pas quitté depuis le Portugal. L’alizé est donc bien là, classique, bien que l’on observe des situations bien différentes entre ceux à l’approche du cap Vert (Multi 50) et les plus au nord (Class 40) en direction de Madère.
Au nord, l’alizé Portugais a été très fort ces dernières 48 heures, soufflant parfois régulièrement à 35 nœuds avec des rafales à 45, dans une mer forte. Ce phénomène est lié à un effet de compression isobarique entre le puissant anticyclone des Açores et les dépressions sur le Maroc. Cela crée un rail de vents forts. En marge, l’alizé est plus maniable avec des vitesses à 25 nœuds.
En direction des Canaries et du cap Vert, l’alizé faiblit traditionnellement entre 10 et 17 nœuds. C’est, et ce sera, le cas des prochains jours car il est coupé dans son alimentation par les dépressions orageuses circulant sur les côtes Africaines. Dans ce contexte, les nuages cumuliformes et les orages dictent leurs lois et imposent une vigilance et de fréquentes manœuvres. Gare aux fortes rafales qui alternent avec de brusques changements d’intensité…