
Depuis jeudi soir, les MOD70 naviguent dans l’hémisphère sud et profitent depuis peu d’alizés bien établis pour filer à vitesse grand V vers les côtes Brésiliennes. A l’inverse, les Imoca et les Multi50 en approche du Pot-au-Noir puis, dans une moindre mesure, les Class40 au large de Madère, composent avec un flux toujours instable et surveillent les nuages avec attention.
Etendu sur plus de 300 milles de large, le Pot-au-Noir s’est révélé compliqué pour les deux MOD70 qui ont dû batailler pendant près de 30 heures, sous les grains et les orages. En clair, dans des conditions très changeantes, à la fois en force et en direction. Mais jeudi soir, aux alentours de 21h30 pour Edmond de Rothschild (Sébastien Josse – Charles Caudrelier) et un peu avant minuit pour Oman Air-Musandam (Sidney Gavignet – Damian Foxall), ils ont franchi l’équateur. Les voilà donc dans l’hémisphère sud et c’est sur une mer plate, dans des alizés de sud-est parfaitement établis, qu’ils vont route vers les côtes brésiliennes. Ils filent à plus de 25 nœuds et à ce rythme, ils devraient donc atteindre la pointe de Recife d’ici une dizaine d’heures et Itajaí dès mardi prochain. Côté classement, rien n’est encore joué puisque le bateau du team Gitana ne devance que de 63 milles son adversaire. Un adversaire qui pourrait bien bénéficier d’un meilleur angle dans les heures à venir grâce à son léger décalage dans l’est. A suivre donc.
Couper le fromage
A plus de 2.000 milles plus au nord, le décor est radicalement différent pour les Class40 dont le gros de la flotte déborde actuellement Madère par l’ouest. En tête, GDF-Suez profite d’une nette amélioration de la météo : le vent s’est stabilisé autour de 20 nœuds et la mer se range petit à petit. Des conditions propices à la vitesse qui permettent à Sébastien Rogues et Fabien Delahaye de débouler à plus de 13 nœuds de moyenne ce vendredi matin. Idem pour ses poursuivants qui, à l’exception de son sistership Mare (Jorg Riechers – Pierre Brasseur) qui parvient à maintenir la cadence, sont maintenant relégués plus de 90 milles pour le 3e, ERDF Des pieds et des mains, 120 milles pour le 4e, Campagne de France, et près de 140 milles pour le 4e, SNCF Geodis, qui assure toutefois une belle remontée ce vendredi matin avec trois places de gagnées. Un peu plus loin, Phoenix Europe mène la seconde partie de la flotte qui prend la tangente. Le but: raccourcir la route en passant dans l’est de Madère et probablement au travers des îles canariennes. Voilà qui pourrait bien modifier un peu la donne une fois que l’alizé deviendra plus instable. Verdict ce week-end.
Dévents ou pas ?
Du côté des Imoca, le fait marquant de ce vendredi matin est sans conteste l’arrêt au stand du leader actuel. PRB (Vincent Riou – Jean Le Cam) est attendu de façon imminente à Sao Vincente pour changer son safran abimé. Et bien que leur escale technique devrait être très courte, Macif (François Gabart - Michel Desjoyeaux) devrait logiquement s’emparer des commandes de la course dès le prochain classement. Malgré tout, il devra rester vigilant car s’il a opté pour un passage au milieu des îles du Cap-Vert, il pourrait bien être ralenti par les dévents ou pire, rester bloqué derrière un relief. Un cas de figure qui ferait évidemment les affaires de ses trois poursuivants, Maitre Coq (Jérémie Beyou – Christopher Pratt), Safran (Marc Guillemot – Pascal Bidégorry) et Cheminées Poujoulat (Bernard Stamm – Philippe Legros) dans l’ordre, qui ont préféré glisser dans le sud-ouest et ainsi passer le plus au large possible de l’archipel. En conséquence, ces derniers devraient non seulement conserver un flux plus constant aujourd’hui, mais aussi bénéficier d’un léger avantage pour entamer le Pot-au-Noir. Le jeu est ouvert !
Droit dans le Pot
Même topo du côté des Multi50 puisque FenêtréA-Cardinal (Erwan Le Roux – Yann Eliès) et Actual (Yves Le Blevec – Kito de Pavant) s’apprêtent à entrer dans la zone de convergence inter tropicale dès la nuit prochaine. Pas facile de savoir à quelle sauce ils vont être mangés. Car si pour leurs grands frères de 70 pieds la tâche n’a pas été facile, elle pourrait bien se révéler encore plus ardue pour eux. En attendant, ce vendredi matin, ils font avancer les machines au plus vite et ces dernières heures, force est de constater que l’avantage est au leader puisqu’il est parvenu à porter son avance à plus de 100 milles au pointage de 7h30.