
Alors que les Multi50 et les IMOCA filent bon train le long des côtes brésiliennes et se préparent à négocier une zone de transition après Rio de Janeiro qui pourrait bien chambouler les classements, les Class40 s’apprêtent à attaquer l’un des gros morceaux de cette Transat : le Pot-au-Noir.
Les deux leaders de la flotte des Multi50, FenêtréA-Cardinal (Erwan Le Roux – Yann Eliès) et Actual (Yves Le Blevec – Kito de Pavant), continuent la course de vitesse sur le long bord bâbord amure qu’ils ont entamé depuis l’équateur. Pour cela, ils bénéficient d’un alizé soutenu d’est nord-est, mais l’état de la mer ne leur permet pas vraiment de lâcher les chevaux. Et pour cause, ça tape et ils progressent au reaching, une allure délicate où la conduite demande beaucoup de finesse et où il faut trouver le bon équilibre entre vitesse nécessaire et volonté de ménager le bateau. Mais la situation devrait bientôt changer pour les deux trimarans puisqu’ils vont devoir négocier un front qui leur barre la route après le cap Frio. Un cap qui ne se trouve plus, ce mercredi matin, qu’à 300 milles de leurs étraves. Dès lors, leurs trajectoires pourraient bien diverger: ce sera la dernière occasion pour le tandem Le Blevec – De Pavant de combler la petite quarantaine de milles qu’il a de retard avant l’arrivée, avant vendredi matin.
Du jeu après Rio
Du côté des IMOCA, les cinq bateaux de tête, qui ont laissé derrière eux les îles Tristan de Noronah mardi, filent actuellement le long des côtes brésiliennes, entre Recif et Salvador de Bahia. Et si tous profitent désormais d’une pression identique (entre 18 et 20 noeuds), hier et la nuit dernière, les premiers ont bénéficié d’un petit avantage pour creuser l’écart. Résultat, Macif (François Gabart – Michel Desjoyeaux) possède désormais 15 milles d’avance sur PRB (Vincent Riou – Jean Le Cam), près de 90 sur Maitre Coq (Jérémie Beyou – Christopher Pratt), 120 sur Safran (Marc Guillemot – Pascal Bidégorry) et pratiquement 200 sur Cheminées Poujoulat (Bernard Stamm – Philippe Legros). Le hic pour les retardataires, c’est que l’alizé ne laisse pas beaucoup d’alternatives stratégiques. Bien au contraire même, puisque le bord bâbord amure qu’ils ont entamé dans la nuit de lundi à mardi va durer encore 800 milles. Pour résumer, il ne devrait pas se passer grande chose dans les prochaines 24-36 heures. En revanche, la suite après Rio de Janeiro s’annonce plus intéressante puisqu’une petite dépression se forme sur un front froid lié à l’anticyclone de Sainte-Hélène. Cela va donc générer des systèmes que les marins vont devoir contourner d’une manière ou d’une autre. Raser la côte ou passer très au large, il faudra faire un choix tout en sachant que dans la zone géographique dans laquelle ils se trouvent, les modèles météo sont généralement peu fiables. Pas simple donc.
Droit dans le Pot !
Pas simple non plus pour les Class40 dont les leaders ne devraient plus tarder à entrer dans le Pot-au-Noir. En attendant, pour eux, il s’agit de reprendre un maximum de force après un début de course pour le moins intense. De fait, mieux vaut être lucide pour attaquer cette zone de convergence inter tropicale afin d’en éviter les plus gros pièges. Même le duo GDF-Suez (Sébastien Rogues - Fabien Delahaye), qui garde une bonne marge sur Mare (Jorg Riechers - Pierre Brasseur) et plus encore sur le gros de la meute, redoute de voir tous ses efforts fournis depuis Roscoff réduits à néant. Il faut dire, Tales Santander 2014 (Alex Pella - Pablo Santurde), Watt & Sea Région Poitou Charentes (Yannick Bestaven - Aurélien Ducroz), Vaquita (Christof Petter - Andreas Hanakamp) ou encore SNCF-Geodis (Fabrice Amédéo – Armel Tripon) sont remontés comme des coucous. Ils ont ainsi commencé à réduire leur retard ces dernières 24 heures. Reste à savoir si cela va continuer ou non et, en l’occurrence, voilà quelque chose d’impossible à prévoir dans cette partie du globe.