
Alors que les premiers IMOCA s’apprêtent à passer sous la barre des 500 milles restant à parcourir avant l’arrivée, un front orageux leur passe actuellement au-dessus de la tête. Ce petit minimum pourrait bien chambouler la hiérarchie actuelle. Pour PRB, en tête, rien n’est donc acquis. A l’inverse, chez les Class40, le leader GDF-Suez, qui a franchi l’équateur hier soir, semble plutôt bien installé aux commandes.
Que ce soit pour les MOD70 ou pour les Multi50, les 500 derniers milles du parcours de cette 11e édition de la Transat Jacques Vabre n’ont pas été faciles. Reste qu’ils n’ont finalement pas bouleversé les classements. Les choses pourraient bien être différentes pour les IMOCA qui amorcent leur virage à 60° pour entrer dans le golfe de Rio de Janeiro et font, depuis peu, les frais d’un front orageux. PRB (Vincent Riou – Jean Le Cam), Safran (Marc Guillemot – Pascal Bidégorry) et Maître Coq (Jérémie Beyou – Christopher Pratt) viennent, en effet, de voir le vent de secteur nord à nord-est d’une douzaine de nœuds passer au secteur est à sud-est pour une quinzaine de nœuds avec, entre les deux, une foule de cumulonimbus, des vents instables et des fortes pluies propres aux zones de transition. Cheminées Poujoulat (Bernard Stamm – Philippe Legros), qui pointe ce matin à 180 milles du leader, ne va pas tarder à subir le même sort mais c’est finalement pour lui que la situation instable qui s’annonce pour les prochaines 12 heures pourrait se révéler la plus payante. Ses co-skippers l’ont d’ailleurs clairement annoncé hier, ils tenteront le tout pour le tout, et notamment un choix de route totalement différent de leurs prédécesseurs, pour recoller au score. Pour l’heure, en tous les cas, c’est Safran qui a réussi une belle opération en se dirigeant vers la côte hier matin pour mieux revenir au large dans l’après-midi, mais avec un gain global de 30 milles. En somme : avec un écart au premier inférieur à 45 milles. Autant dire que le tandem de PRB n’a pas le droit à l’erreur s’il veut conserver son leadership, surtout qu’il va avoir du mal à contenir les attaques de ses trois poursuivants si elles partent dans tous les sens. Sûr qu’il se réjouit de voir qu’à la sortie du front, un flux d’est régulier d’une quinzaine de nœuds va vraisemblablement s’installer jusqu’à la ligne d’arrivée, et donc minimiser les coups de mistoufle de dernière minute.
L’échappée solitaire de GDF-Suez
Du côté des Class40, le bateau de tête, GDF-Suez (Sébastien Rogues – Fabien Delahaye) est loin d’être soumis à la même pression de ses concurrents. Plutôt chanceux dans le Pot-au-Noir, il a ensuite bien cavalé jusqu’à l’équateur qu’il a franchi hier soir aux alentours de 19 heures. Résultat, il compte maintenant autour de 100 milles d’avance sur Mare (Jorg Riechers – Pierre Brasseur) et Tales Santander 2014 (Alex Pella – Pablo Santurde) et près du double sur Groupe Picoty (Jean-Christophe Caso – Aymeric Chapellier) - l'auteur d’une remarquable remontée depuis le Cap-Vert -, SNCF – Geodis (Fabrice Amédéo – Armel Tripon) et Watt & Sea Poitou-Charentes (Yannick Bestaven – Aurélien Ducroz). Pour résumer, il va maintenant devenir compliqué d’inquiéter le bateau jaune et gris qui pointe ce samedi à 140 milles des îles Tristan de Noronha, d’autant que les conditions météo devraient lui être plus favorables dans les heures qui viennent, le vent de sud-est devant tourner progressivement à l’est. L’expression populaire « les riches deviennent toujours plus riches » risque donc de prendre tout son sens dans cette deuxième partie du parcours entre les côtes normandes et celles du Brésil. Pour autant, plus que jamais, derrière lui, le jeu est ouvert, en témoignent les écarts infimes.