
Le tandem Vincent Riou – Jean Le Cam, qui a parfaitement négocié le front orageux et maîtrisé l’ensemble du dernier sprint depuis le cap Frio, possède une avance de plus de 80 milles sur ses poursuivants directs. Et comme le vent ne devrait pas lui jouer de tour jusqu’à Itajaí, il est attendu dès la mi-journée sur la ligne d’arrivée.
En tête depuis le 21 novembre dernier, après l’abandon de Macif (François Gabart –Michel Desjoyeaux) avec lequel il jouait à « un coup à toi, un coup à moi » depuis le Pot-au-Noir, PRB n’a eu de cesse, ensuite, d’accélérer la cadence et ainsi imprimer son rythme. Et s’il a vu revenir Safran à moins de 35 milles de son tableau arrière au large de Rio de Janeiro, puis craint que le front orageux qui les attendait après le cap Frio, force est de constater qu’il a parfaitement géré sa fin de course. D’autant mieux, il faut bien l’avouer, que la météo lui a plutôt été favorable. Pas de compression à quelques encablures de l’arrivée mais au contraire, un élastique qui s’est tendu par l’avant. Résultat, ces dernières 24 heures, il a tout simplement doublé son avance pour la porter à plus de 100 en milieu de nuit. Alors certes, ce matin, il a été le premier à ralentir puisque le vent d’est est passé d’une vingtaine à une quinzaine de nœuds à l’approche de la côte, mais ses concurrents vont peu à peu subir le même sort. En clair, hormis un problème technique, on ne voit plus, désormais, ce qui pourrait l’empêcher de se présenter en vainqueur sur la ligne d’arrivée de cette Transat Jacques Vabre. Une ligne où il est attendu à partir de 11h, heure française. Par contre, le suspense reste entier pour la place de dauphin. Rien n’est, en effet, joué entre Maître Coq (Jérémie Beyou – Christopher Pratt) et Safran (Marc Guillemot – Pascal Bidégorry). Ces deux là sont au coude à coude : quatre petits milles les séparent. Tous les coups sont donc permis. Pas question, ni pour l’un ni pour l’autre, d’avoir de regrets une fois au ponton.
Bagarres à tous les étages
Du côté des Class40, la première moitié de la flotte est entrée dans l’hémisphère sud, la seconde en a pratiquement entièrement terminé avec la zone de convergence inter tropicale. Du coup, toutes les étraves ou presque pointent maintenant dans la même direction. Toujours bien installé en tête avec un matelas de pus de 100 milles, GDF Suez (Sébastien Rogues – Fabien Delahaye), qui a passé les îles Tristan de Noronha la nuit dernière, est actuellement en approche de Recife et déboule entre 13 et 17 nœuds de moyenne sous gennaker. De l’aveu de ses co-skippers, 100% de son potentiel est exploité sans trop d’effort, mais s’il veut conserver sa vitesse, il va devoir se tenir à une petite centaine de milles des côtes brésiliennes. Plus près, il risquerait en effet de perdre un peu de pression dans ses voiles. Une chose est sûre, sur sa route, le vent devrait prendre un peu de gauche dans les prochaines 12 heures ce qui l’obligera à modifier légèrement son angle de descente mais aussi, et surtout, à ménager davantage son matériel. Idem pour ses concurrents. Pour autant cela ne changera pas le but du jeu. Il faudra continuer de tirer au maximum sur la machine car c’est bel et bien une course de vitesse sans aucune alternative stratégique qui se joue depuis l’équateur et qui va durer jusqu’à la latitude de Rio, tout comme cela a été le cas, avant eux, pour les MOD70 et les Imoca. Il ne va donc pas être simple de créer ou de combler des écarts mais Mare (Jorg Riechers – Pierre Brasseur) et Tales Santader 2014 (Alex Pella – Pablo Santurde) qui bataillent pour la deuxième place dans un mouchoir de 15 milles, ou encore Watt & Sea (Yannick Bestaven – Aurélien Ducroz), Groupe Picoty (Jean-Christophe Caso – Aymeric Chappellier) et SNCF Geodis (Fabrice Amedeo – Armel Tripon, en vidéo ci-dessous) qui se tiennent en cinq milles, n’ont pas fini de se disputer !