
La Class40 l'a encore une fois prouvé: c'est la plus internationale des séries océaniques. Trois Français, deux Espagnols et un Allemand se partagent les trois premières places du podium.
Les trois leaders se sont succédés sur la ligne d’arrivée à Itajaí dans la nuit avec GDF SUEZ (Rogues-Delahaye) à 23h 56min suivi 3h 40min 50sec plus tard par Tales Santander 2014 (Pella-Santurde) et 5h 40min 30sec après par Mare (Riechers-Brasseur). Le vainqueur n’aura donc mis que 20 jours 21 heures 41 minutes pour parcourir 5 578 milles (soit 130 milles seulement de plus que la route directe à la vitesse moyenne de 10,30 nœuds !). C’est à peine plus que le monocoque IMOCA polonais Energa qui a bouclé le même parcours en 20j 10h 47min. C’est dire si les Class40 de la nouvelle génération démontrent un potentiel exceptionnel en bénéficiant aussi de conditions météorologiques extrêmement favorables : essentiellement du vent de travers et portant sur plus de 80% du tracé entre Le Havre et Itajaí.
Ils ont dit
Sébastien Rogues, skipper de GDF SUEZ, premier à Itajaí :
« Nous avons pris la tête de la course à Guernesey pour ne jamais la lâcher. Et pourtant, la course n’a pas été simple, avec pas mal de problèmes techniques. Mais les autres duos en ont eu aussi. Nous avons douté quand nous avons perdu deux spis. Mais nous sommes très vite repartis de l’avant pour à nouveau entrer dans une phase conquérante. Notre association avec Fabien était la bonne et le bateau est très performant. Nous avions une belle bête entre les mains. La nouvelle génération de Class40 a un potentiel extraordinaire. Aujourd’hui la Class40 permet de naviguer sur de tels bateaux avec des budgets raisonnés… On s’est éclatés, avec des pointes à plus de 24 nœuds ! J’ai navigué avec l’un des marins les plus talentueux de sa génération. Mais j’ai aussi trouvé un ami. Et quel accueil ici à Itajaí ! Arriver en vainqueur dans une telle ambiance : un moment unique ! »
Fabien Delahaye, co-skipper de GDF SUEZ, premier à Itajaí :
« De l’extérieur notre course pouvait paraître "facile". En réalité, nous avons eu des hauts et des bas. Mais nous n’avons jamais baissé les bras. Il y a trois jours, on pensait terminer troisièmes car il nous semblait impossible de contenir Mare et Tales Santander 2014. On ne pensait pas pouvoir renvoyer un spi, mais finalement on a réussi à en réparer un. Nous avons pu réattaquer et reprendre de l’avance, en gérant bien cette fin de course. Le fait d’être devant nous a permis de ne pas être influencés par nos concurrents pour établir notre stratégie. Nous étions meneurs et pas suiveurs. Grâce à une météo très favorable tout au long du parcours, nous avons bouclé rapidement cette Transat Jacques Vabre, en nous éloignant peu de la route directe. »
Alex Pella, skipper de Tales Santander 2014, deuxième à Itajaí :
« Il aurait fallu que la course se termine à Punta Del Este pour rattraper GDF SUEZ : dommage c’était un peu court ! C’était une très belle course à bord d’un nouveau bateau. Nous avons eu une grosse avarie de safran, il a fallu faire escale à La Corogne. Le stop n’a duré que deux heures mais nous avons perdu le contact avec le groupe de tête car nous sommes repartis dans des conditions légères avec plus de 150 milles d’écart sur le leader. Cela nous a coûté la première place. Au début, nous n’avons pas trop voulu tirer sur le matériel. Après les Canaries, nous avons été très rapides car nous nous sentions plus à l’aise : on a repoussé les limites de notre Class40 ! Le bateau est fantastique. Au reaching dans le vent fort, il est parfait ! Nous avons beaucoup navigué au contact, c’était une course instructive. »
Jörg Riechers, skipper de Mare, troisième à Itajaí :
« Difficile de faire mieux car les deux bateaux de devant sont très performants et menés par des marins talentueux. Nous n’avons pas fait d’erreurs majeures. Je pense que nous avons plutôt souffert d’un déficit de vitesse, notamment par rapport à Tales Santander 2014 qui est le bateau le plus rapide de la flotte. On l’avait déjà constaté entre Le Havre et Roscoff. Et cela s’est confirmé par la suite. Nous avons été un peu malchanceux à la sortie du Pot au noir où nous sommes restés bloqués deux heures sous un gros nuage. A partir de ce moment, cela a été difficile car nous étions trop à l’Ouest et GDF SUEZ et Tales ont pu s’échapper... »