
La cinquième édition de la Normandy Channel Race, rendez-vous majeur des monocoques de 40 pieds en Manche, a couronné le duo Sébastien Rogues et Bertrand Castelnerac au terme de 974 milles.
Insatiable Sébastien Rogues ! Invaincu depuis un an en Class 40, le skipper du monocoque GDF Suez s’est adjugé une nouvelle victoire avec son compère Bertrand Castelnerac au terme de 974 milles très éprouvants. « Un joli trinôme avec Bertrand et le bateau », ajoutait même le skipper, ravi des performances de son Class 40 et qui se tourne désormais vers son objectif phare : la Route du Rhum. Les 16 bateaux engagés ont eu fort à faire entre les côtes anglaises et françaises où le vent s’est longtemps fait désirer, mettant les nerfs des 32 marins à rude épreuve. Après 5 jours, 19 heures, 28 minutes et 30 secondes d’une lutte serrée, l’étrave de GDF Suez a franchi la ligne d’arrivée à Caen devant le bas-Normand Brieuc Maisonneuve et le breton Rémi Aubrun, relégués à 22 minutes et 57 secondes.
« On savait que ça serait au contact, donc on n'a jamais pris d’option radicale. Sur la descente vers Lizen Ven, on a tout donné. Je n'ai jamais connu de bataille aussi intense, si longtemps », expliquait Sébastien Rogues tout en saluant les performances de son équipier Bertrand Castelnerac, « le passage à Guernesey a duré moins longtemps que prévu. Bertrand avait la bonne stratégie du courant... ». Toutefois, pour les vainqueurs tout ne fut pas si facile. « Les instants les plus difficiles à gérer étaient les périodes de regroupement de la flotte, ce sont les moments les plus fatigants et où la tension est à son comble. GROUPEMENT FLO (le Class 40 de Maisonneuve et Aubrun) est certainement bien placé pour vous en parler. Notre force est sans doute de ne jamais avoir pris d’options trop osées, de rester centrés, ce qui nous a permis de rester lucides et reposés. Il fallait arriver jusqu’au bout sans être dans le rouge. Nous nous doutions que le combat final serait à l’arrivée donc nous avons tout fait pour être en forme jusque là », déclarait Sébastien Rogues au ponton d’arrivée.
Les trois premiers en une heure
Avec seulement une vingtaine de minutes de retard sur les premiers, Brieuc Maisonneuve et Rémi Aubrun paraissaient déçus mais pas abattus. « Nous aurions pu faire mieux… Nous avons fait quelques bêtises après Tuskar mais être second était bien au delà de nos espérances, nous qui souhaitions juste être dans la première moitié ! Nous avons été en tête un sacré moment et cela ne pouvait pas nous rendre plus fiers et plus heureux ! ». En effet, le Class 40 GROUPEMENT FLO en aura surpris plus d’un sur ce plateau sportivement très élevé. Eux qui se qualifiaient de « navigateurs non professionnels » sont bel et bien entrés dans la cours des grands et de la plus belle des manières. Leurs options osées et assumées à l’est entre Land’s End et le Tuskar Rock, puis au sud de Guernesey ont payés. Le bateau rouge et blanc s’est même accordé 20 milles d’avance sur le second au retour de la marque septentrionale irlandaise.
Pierre-Yves Lautrou et Thomas Ruyant s’adjugent la troisième et dernière place du podium à une heure des premiers. « Le bateau a juste un mois donc c’est une belle première sortie, malgré quelques belles bêtises comme le ballast arrière plein, ce qui n’était pas prévu, nous nous en sommes rendus compte assez tard… Les Class 40 sont vraiment en bonne santé quand on voit les 10 premiers bateaux qui ne sont pas tous de dernière génération, c’est incroyable ! Nous savions que c’était une course qui prenait beaucoup mais là… Ça se voit rien qu’au yoyo que nous avons fait sur le classement durant toute la course. Ce qui a fait la différence, c’est la nav de Toto (Thomas Ruyant) à Guernesey et au Raz Blanchard. C’est là que nous avons passé TEAM WORK et que l’on a pu creuser. Thomas est un ministe et un figariste très talentueux, il suffit de le nourrir et il ne s’arrête jamais ! La gestion du bonhomme sur la fin de parcours est très importante, nous avons réussi à gérer cet aspect. En tout cas c’était passionnant de voir tout ces « come back », ces retournements de situation. Incroyable. Groupement Flo a été extraordinaire, nous avons un énorme respect pour ces deux skippers ».
Intense et disputée, cette cinquième édition de la Normandy Channel Race a tenu toutes ses promesses et a ravi ses marins comme le confirme Sébastien Rogues : « C’est une de mes plus belles régates ! J’ai beau avoir une jeune carrière, je n’ai pas souvenir d’avoir vécu des choses aussi intenses et aussi longtemps ». Roland Jourdain n’en pensait pas moins : « C’est une course magnifique ! Nous avons eu un temps exceptionnel pour s’amuser pendant tout le parcours ! ». Vivement l’année prochaine.