
La Giraglia Rolex Cup, qui voit s'affronter les plus beaux bateaux de la planète entre régates côtières pour le spectacle à terre et une course hauturière, anime la Méditerranée.
La Giraglia Rolex Cup réunit à nouveau ce qui se fait de mieux en matière de rêve, de splendeur sur l'eau, de machine en carbone ou de lignes plus classiques. Comme d'habitude, la 62 e édition de cette épreuve imaginée en 1953 par des régatiers français et italiens, soucieux de resserrer les liens entre leurs deux pays au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, a commencé par trois jours de régate en baie avant que les voiliers ne mettent le cap ce mercredi, pour la première fois, sur Monaco, via le rocher de la Giraglia au nord de la Corse. Un parcours un peu différent en écho au nouveau yacht-club de Monaco, qui ouvrira ses portes le jour même de la grande course de la Giraglia Rolex Cup, ce vendredi 20 juin.
Parmi les bateaux attendus en tête sur le Rocher, et qui assurent le spectacle à chacune de leurs sorties, il faudra regarder le Ran V de Niklas Zennström, le fondateur de la société Skype, le magnifique coursier Jethou, qui reste capable de beaux résultats malgré une conception plus ancienne, ou encore l'ancien VOR 70 Abu Dhabi mené par Lionel Péan, qui pourrait très bien créer la surprise dans une course de vent fort.
« Une Europe unie »
Mais pour les amoureux de belles lignes, le voilier à ne rater sous aucun prétexte est le grand Esimit Europa 2, qui fait son grand retour sur la course : le 100-pieds majestueux, au palmarès tout aussi impressionnant, est détenteur du temps de référence de l'épreuve établi en 2012 et fait figure de favori pour la victoire en temps réel. « La Giraglia Rolex Cup est l'une des régates les plus importantes de Méditerranée, explique Igor Simcic, fondateur du projet Esimit Europa. Nous l'avons gagnée trois fois et allons avoir beaucoup de concurrence pour réitérer cette belle performance. »
Tout attire l'oeil à bord de ce bateau racheté en 2010 par l'homme d'affaires slovène, et qui a déjà remporté de nombreuses « courses Rolex » : Giraglia, Fastnet ou Sydney-Hobart à l'aube des années 2000. Des lignes magnifiques, une surface de voile gigantesque ou encore un équipage tout aussi impressionnant avec plus de quinze personnes en course pour le mener à son plein potentiel de vitesse. Mais la décoration du bateau ne manque pas également d'attirer le regard : Esimit Europa est, en effet, le seul bateau de la planète à courir sous les couleurs de l'Union européenne. L'idée de ce partenariat est née en 1995.
Igor Simcic, qui traversait chaque jour la frontière entre la Slovénie où il résidait et l'Italie où il travaillait, a pris conscience alors de l'effacement des frontières entre les anciens États nations, membres de l'Union européenne, et a voulu que son bateau soit porteur d'une idée d'unité européenne. Après avoir débuté le projet sur un voilier de 42 pieds, le patron a décidé voilà quatre saisons de voir grand et de racheter le bateau de 100 pieds sur lequel il court aujourd'hui aux côtés d'un équipage européen composé de marins français, allemands, britanniques, italiens, slovènes, croates, espagnols, souvent des marins qui ont participé à la Coupe de l'America, à la Volvo Ocean Race ou aux Jeux olympiques. « C'est un peu toute l'Union européenne qui est représentée à bord », se réjouit Igor Simcic, qui a construit sa réussite professionnelle dans la distribution de substances chimiques et le monde du vin pétillant (Médot) mais qui est aussi moniteur de ski certifié international avant d'être armateur et marin. « Notre bateau a tout remporté : il incarne une Europe unie mais aussi une Europe qui gagne. Sur un voilier de course, tout le monde est égal et doit se dépasser avec le reste de son équipe : nous sommes aussi porteurs de ce message. »
Pour l'avenir, l'armateur slovène réfléchit déjà à un nouveau bateau de 100 pieds, mais qui serait construit uniquement à partir de technologies européennes. Il aimerait poursuivre ainsi sa série victorieuse sur les courses Rolex aux quatre coins de la planète, à moins que l'occasion ne se présente de courir la Volvo Ocean Race, une hypothèse qu'il n'écarte pas. « Il s'agirait alors de représenter l'Europe sur une course tout autour de la planète », explique-t-il.