
Pascal Bidegorry rêve de Vendée globe mais il commencera par un tour du monde en équipage avec la Volvo Ocean Race. Il vient d’être nommé navigateur pour Dongfeng Race Team, l’équipe à 50% chinoise menée par Charles Caudrelier.
A l’automne dernier, Pascal Bidegorry ne parlait que de Vendée Globe. Mais lorsque Charles Caudrelier a été appelé par Dongfeng Race Team pour mener les marins chinois sur la Volvo Ocean Race, il a été entraîné dans le mouvement. « Si quelqu’un d’autre me l’avait proposé, je ne sais pas ce que j’aurais répondu, commente-t-il. Mais comme c’était Charles qui me proposait de naviguer avec lui, j’ai accepté. Et je suis parti assez vite en Chine car la meilleure façon de savoir si on est apte, c’est de mettre le doigt dedans. » Là, en plein cœur de l’hiver, il a retrouvé une eau à 25/30°C et de belles conditions de vent. Difficile de ne pas apprécier. « Nous avons navigué tous les jours à Sanya puis nous sommes partis quinze jours en mer », résume-t-il. Ses nouveaux équipiers chinois venaient de l’olympisme et n’avaient jamais passé une nuit en mer. « Tout à coup, ils en ont passé quinze. » Une épreuve qui en aurait refroidi de plus aguerris. L’un de ceux qui avaient tapé dans l’œil de Pascal Bidegorry, un jeune de 21 ans, a ainsi préféré abandonner l’aventure en revenant à terre. Et un petit noyau dur a décroché son ticket pour la suite de l’aventure. Ces skippers se connaissent maintenant sur le bout des doigts, issus des mêmes séries olympiques et forts de longues semaines de préparation avant la constitution de l’équipe. « Ils sont motivés, gentils, responsables. Ils font ce qu’ils savent et ne veulent pas en faire plus », décrit en quelques mots Pascal Bidegorry. Le marin au caractère bien trempé doit maintenant porter avec Charles Caudrelier un équipage soudé et homogène pour l’épreuve de la Volvo Ocean Race : près de neuf mois de compétition pour 38.739 milles à parcourir.
Pas question de partir en croisière
Voilà donc Pascal Bidegorry lancé dans un projet original. L’objectif du sponsor de son équipe n’est pas la victoire mais la formation de marins pour affréter un voilier 100% chinois sur les prochaines éditions. La Volvo Ocean Race étant immédiatement envisagée comme un outil pour rendre la voile populaire. Pourtant l’équipage de Dongfeng Race Team, annoncé ce jeudi à Lorient, n’est pas décidé à faire de la figuration. Pas le genre de la maison. « J’évite de me faire des nœuds dans la tête, tranche rapidement Pascal Bidegorry. L’idée est d’évoluer pendant cette course, de faire grimper la performance crescendo. Où en sont les autres ? Je m’en fous. Je préfère penser à notre préparation. » Le navigateur de Dongfeng Race Team sait qu’il ne reste plus que quelques mois de préparation alors que Groupama avait mis pas moins de deux ans à préparer la précédente édition. « Mais j’ai le sentiment qu’à part Team SCA, nous sommes tous dans le même bateau, observe-t-il. Le timing est serré mais nous allons à l’essentiel. J’ai vachement de plaisir à naviguer avec des marins que j’apprécie. L’ambiance est saine. » Et la Volvo Ocean Race lui offre une visibilité appréciable pour le Vendée Globe 2016-2017 qui n’a jamais quitté son esprit. « La seule chose qui pourrait me faire renoncer c’est de ne pas trouver d’argent mais ce n’est pas la Volvo qui m’en empêchera, au contraire. Mon idée c’est de monter sur un Imoca en sortant de la Volvo Ocean Race et j’ai assez de maturité pour mener à bien ce projet tout en courant en équipage. Je suis bien entouré pour cela. » Comme Charles Caudrelier, Pascal Bidegorry est bien décidé à mener deux projets autour du monde de front. Les deux amis tracent leur chemin en commun avec la remontée du chenal des Sables d’Olonne en ligne de mire.