
« Les premiers milles vont être plutôt tranquilles mais ça ne va pas être simple de sortir de la baie de Concarneau », a assuré Erwan Tabarly peu avant de larguer les amarres. De fait, c’est mollement que le co-skipper de Devenir et ses adversaires ont débuté la course, ce dimanche après-midi. « Toute la descente jusqu’à l’île de Groix va se faire dans des conditions de petit temps, sur un bord un peu tout droit. On ne va assurément pas battre des records de vitesse sur cette section du parcours mais les choses ne seront toutefois pas aussi simples qu’il n’y paraît », a ajouté l’entraîneur du Pôle France Course au Large de Port-la-Forêt qui n’aura, certes, pas de grandes options stratégiques à jouer sur le premier tronçon du tracé mais qui va cependant devoir négocier au mieux l’instabilité du vent, mais aussi les courants et les dévents des îles. Groix et Belle-Ile pour commencer. « Il y aura la possibilité de se faire piéger mais aussi de gagner du terrain. La vigilance sera de mise ». Un point de vue partagé par Achille Nebout (Amarris – Primeo Energie) : « Le vent va rester très faible jusqu’à ce soir ou jusqu’en début de nuit. Il va être primordial de bien gérer cette période de pétole car elle risque d’être importante pour la suite. Pour cela, il va falloir s’appliquer à bien lire le plan d’eau, soigner les réglages et se relayer efficacement car tout ce qui sera pris ne sera plus à prendre ensuite ».
Une course en trois temps ?
Si les vitesses de progression des bateaux vont effectivement rester faibles sur la route de l’île aux grenats, avec un vent qui va parfois peiner à dépasser les 2-3 nœuds, un flux de secteur sud-ouest puis nord-ouest va ensuite progressivement faire accélérer les troupes. « La vitesse et les placements seront importants et ils vont le rester jusqu’à ce que l’on repasse devant Concarneau dans la journée de mardi. La suite est, en effet, bourrée d’incertitudes », a annoncé le co-skipper d’Ambrogio Beccaria. Et pour cause, après une remontée assez rapide au reaching dans du vent médium entre Ré et Belle-Ile, les Figaristes devront alors négocier une phase de transition potentiellement très délicate. « A partir de ce moment-là, les choses risquent de se compliquer franchement. En fonction des timings, et l’installation ou non des thermiques, on peut s’attendre à ce que ce soit un peu le bazar. Idem ensuite en mer d’Iroise puis en Manche puisque l’on évoluera alors en bordure de dorsale, avec peu de vent et beaucoup de courants », a indiqué Erwan Tabarly qui, comme les autres, ne disposera alors plus de données météo récentes et précises. « Il faudra faire parler l’expérience ! », assure le Fouesnantais. « S’il est difficile d’avoir la certitude d’être en mesure de faire la totalité du parcours, la course promet néanmoins d’être très belle et très intéressante, avec à la fois du vent léger, des effets thermiques, du courant, les dévents des îles… On va pouvoir essayer des choses, prendre des risques, s’étalonner en vitesse par rapport à la concurrence… en bref, on va pouvoir trouver tout ce que l’on est venu chercher techniquement ! », a commenté de son côté Erwan Le Draoulec (Skipper Macif) qui s’est installé dans le trio de tête de la flotte peu après le départ à la faveur d’une trajectoire au ras de la côte, avec les duos Tom Dolan – Alan Roberts (Smurfit Kappa – Kingspan) et Elodie Bonafous – Alexis Loison (Quéguiner – La Vie en Rose).
Ils ont dit :

Mathieu Sarrot, fondateur d’Ultim Sailing, co-organisateur du Trophée Banque Populaire Grand Ouest – Sur la Route des Iles du Ponant : « La dimension de transmission est l’essence même de l’évènement qui s’inscrit dans le cadre de l’Académie Figaro Bénéteau. Nous sommes très heureux que la Banque Populaire Grand Ouest et les collectivités nous accompagnent dans ce projet. La CCI MBO est particulièrement moteur sur le territoire et nous apporte tout son soutien. Durant ces quatre prochains jours, différentes tables rondes seront organisées à terre, dans un espace dédié. Le partage et l’échange seront au cœur des débats, tout comme à bord des bateaux. C’est une vraie satisfaction car il s’agit de la première course produite et développée par Ultim Sailing. Nous sommes ravis d’accueillir des tandems incroyables. Tous vont en découdre sur une course de 800 milles, un format atypique qui regroupe cependant les marques de parcours un peu classiques, avec de vraies difficultés techniques et très certainement d’importants passages à niveau. C’est parfait pour l’apprentissage des jeunes. »
Emmanuel Bachellerie, fondateur d’Ultim Sailing, co-organisateur du Trophée Banque Populaire Grand Ouest – Sur la Route des Iles du Ponant : « La classe Figaro Bénéteau a pris un pari en lançant son Académie. Pour nous, elle est une très bonne solution pour attirer les jeunes et leur mettre le pied à l’étrier. Nous sommes heureux de voir tout le monde ravi, que ce soient les partenaires ou les skippers qui ont la banane et sont impatients de partir. La notion de transmission qui nous est chère l’est aussi pour les collectivités, tout comme le fait de promouvoir et de mettre en valeur les îles du Ponant. Le parcours va permettre aux marins d’en parer 13 d’entre elles. Sportivement, cela va être passionnant à suivre, avec de très nombreux passages à niveau. Ce n’est assurément pas un hasard si l’on retrouve au départ de grands navigateurs tels que Yann Eliès, Pascal Bidégorry, Boris Herrmann ou Erwan Tabarly. S’ils sont là effectivement pour partager leur expérience avec les plus jeunes, ils sont là aussi pour jouer. A terre, le programme ne sera pas moins dense que sur l’eau. Avec Mathieu, nous avons voulu exploiter l’espace pour valoriser nos partenaires mais aussi créer un écrin destiné à favoriser le dialogue entre les institutions publiques et les entreprises privées. »