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Alors que tout le monde peut tenter d’être le plus rapide à la voile, à quelque endroit que ce se soit sur la planète, et sur n’importe quel support, le WSSRC apporte en 1972 de la rigueur et des règles pour que l’on puisse s’y retrouver. Une distance de référence de 500 mètres est d’abord retenue. Trois autres catégories seront ensuite intégrées : le record du mille nautique, la plus grande vitesse sur 24 heures, et enfin, en 1988, les parcours offshore.
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De Crossbow à Vestas
C’est donc au début des années 70 que le prao de 60 pieds « Crossbow », spécialement conçu et construit pour Timothy Colman, est le premier détenteur du record avec une vitesse de 26,30 nœuds. Six ans plus tard, « Crossbow II » atteint 36.00 nœuds. Mais l’invention d’un nouveau jouet, beaucoup plus simple et infiniment moins coûteux va tout révolutionner, il s’appelle le Windsurf. Cette planche à voile et ses milliers d'amateurs. En 1986, le Français Pascal Maka, explose le chronomètre avec une vitesse de 38.86 nœuds. Il est actuellement détenu par l’Australien Paul Larsen sur « Vestas Sailrocket 2 », qui a atteint 65.45 nœuds en 2012. Actuellement, deux équipes sont en lice pour s’en emparer. Alexandre Caizergues, qui a détenu le record en 2008 (50.57 N) et 2010 (54.10 N), a remisé sa planche de kite pour une capsule révolutionnaire baptisée Syroco, suspendue entre une aile volante et un foil sous-marin. La seconde équipe est constituée d’étudiants et ingénieurs de l'École Polytechnique de Lausanne. Ils développent le projet SP80. Plus proche de Sailrocket par sa forme, ils ont comme Syroco, un double objectif : battre le record actuel et, si possible, atteindre les 80 nœuds ! Peut-être moins prestigieux, ou nécessitant un support plus marin, le record du mille a connu moins de détenteurs. C’est le légendaire windsurfer Bjorn Dunkerbeck qui établit un premier temps de référence en juillet 2003 : 33.96 Nœuds. L’Hydroptère d’Alain Thébault, précurseur des trimarans Ultim actuels, a régulièrement amélioré ce record entre 2007 et 2009, année où il est le premier à dépasser les 50 nœuds. Mais l’incontournable Paul Larsen et son Vestas Sailrocket le détrôneront en 2012 en atteignant 55.32 nœuds sur la distance.
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908 milles en 24 h
Inaccessible aux planches légères et autres kite, le record des 24 heures voit les grands et onéreux bateaux prendre leur revanche. Et cette compétition ne date pas d’hier puisque déjà, en 1854, le bien nommé clipper de 225 pieds (68.58m) « Champion of the Sea » parcourait 467 milles en une journée. Repris en main par le WSSRC en 1994, les grands multicoques de course au large l’améliorent presque tous les ans. Pourtant, curieusement, il n’a pas été battu depuis 2007, Pascal Bidegorry et son équipage sur le trimaran géant Banque Populaire V parcourant la distance hallucinante de 908.2 milles en 24 heures. En solitaire, c’est François Gabart sur Macif (devenu Actual avec Yves Le Blevec comme skipper) qui détient le record, avec une marque incroyable, à plus de 850 milles. Le détenteur en monocoque, le Comanche (100 pieds) de Jim Clark et Ken Read, pourtant mené en équipage n’a pas pu faire mieux que 618 milles en 2015.
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Le tour du monde en 40 jours
Enfin, si le nombre de parcours offshore est potentiellement infini, seulement quelques routes mythiques retiennent l’intérêt des plus grands marins et attirent grand public et medias. C’est bien sûr le tour du monde qui concentre le plus l’attention. Si la dream team de Bruno Peyron a été la première, en 1993, à passer sous la barre mythique des 80 jours, c’est l’équipage de Francis Joyon sur Idec qui depuis 2017 est détenteur du fameux trophée Jules verne en 40 jours 23 heures et 30 minutes. Plusieurs grands trimarans, dont le Gitana de Charles Caudrelier, pourraient s’y attaquer l’hiver prochain après la Route du Rhum Destination Guadeloupe. En solitaire, François Gabart n’a pas mis deux jours de plus (42 jours 16 heures et 40 minutes), pour faire le tour de la planète ! Bien sûr, on peut aussi faire le tour du monde en monocoque (Armel Le Cleac’h 74 jours), en 40 pieds (Guo Chuan – 137 jours), être une femme (Ellen MacArthur – 71 jours), ou même à l’envers, comprendre vers l’Ouest, à contre-sens météorologique (JL Van Den Heede - 122 jours) …
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En attendant les Ultim
Mais après le tour du monde absolu, le record le plus mythique reste sans doute celui de la traversée de l’Atlantique Nord, à réaliser entre le phare d’Ambrose (New York) et le Cap Lizard au Sud de l’Angleterre. En 1905, la goélette Atlantic et ses 50 hommes d’équipage menés par Charlie Barr avaient mis 12 jours et 4 heures. Il faudra attendre 75 années avant qu’il ne soit pas battu par Éric Tabarly en personne qui, en 1980 réalise la traversée en 10 jours et 5 heures à bord du foiler Paul Ricard. Il est surprenant que les trimarans Ultim actuels (Sodebo, Gitana, Actual, SVR-Lazartique…) n’aient pas encore battu le temps établi en 2009 par l’équipage de Pascal Bidegorry sur Banque Populaire V : 3 jours 15 heures et 25 minutes. Plus récemment, en 2017, Thomas Coville sur Sodebo 4, a battu le record en solitaire en le faisant tomber à 4 jours 11 heures.