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Au briefing du matin, alors qu’une légère brume enveloppe encore le décor de carte postale de la base Nautique de Toulindac, un fan de la première heure se souvient. Il y a dix ans, pour la première édition, ils étaient six. Dix ans plus tard, nous sommes soixante ! Le compte est bon et illustre parfaitement la success-story de ce dériveur pas comme les autres diffusé depuis à plus de 2 200 exemplaires. Sur la plage les sacs jaunes et noirs sont alignés, car tout commence par un concours de montage. Le ton est donné, on est ici pour naviguer mais surtout pour s’amuser. Certains se piquent au jeu et le record est explosé, 7 minutes et 26 secondes pour gonfler le bateau, monter la structure alu, le mât, et gréer la voile ! Le commun des marins mettra plutôt une vingtaine de minutes, comme promis par la brochure. Il y a là une très grande majorité de « T3 », le Tiwal original. Il a été rejoint depuis par le « T2 » avec des ailes non plus en alu, mais gonflables, et le « T2L », le même en plus grand, capable d’accueillir deux adultes ou un adulte et deux enfants confortablement. Le « T3R », ultime version ultra-performante du modèle originel, alimente de nombreuses conversations, mais il n’est pas encore présent, seulement disponible à l’essai le lendemain pour les plus impatients.
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62 Tiwal et encore plus de fans
Le premier départ est donné les soixante-deux bateaux alignés au bord de l’eau. On monte à bord au coup de sifflet et on essaie de se frayer un chemin, de trouver un peu de vent frais dans ce mur de voiles. Une procédure peu usuelle pour les habitués de la régate, mais le public est varié et l’ambiance détendue. Certes il y a bien là plusieurs fines barres qui, menant leur T3 en solo, ont préparé dérives et safrans au polish miroir, mais d’autres prennent le départ en famille, tels Gwen et Hélène. Ils embarquent chacun une de leurs filles sur leurs deux Tiwal. Même si les meilleurs se prennent au jeu de la course, pas de « tribord » hurlés, ni d’eau à la bouée. On s’excuse, voire on se laisse passer, les plus expérimentés n'hésitant pas à conseiller les novices tout au long de la journée. Malgré les petits coefficients de marée (58 et 55), Philippe Paquier qui officie pour la Société des Régates de Vannes (SRV) aux destinées de cette randonnée nautique, devait tenir compte des courants toujours puissants dans le golfe pour définir ses parcours. Il emmenait toute la flotte vers la plage du Gored après avoir contourné l’île de Creïzic. L’encadrement et la sécurité des concurrents sont assurés par plusieurs semi-rigides, avec à leur bord une équipe formidable de bénévoles, menés de main de maître, mais dans un gant de velours, par Christine Morvan. En solitaire sur son T2L, Marion Excoffon, la designer et co-fondatrice de Tiwal, en experte des lieux et du bateau, semblait voler sur l’eau et emportait cette première étape, devant les T3 menés en solitaire, plus légers que les duos dans un vent qui ne dépassait pas 5 nœuds.
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Arrêt « piscine » sur la dernière étape
Pour la deuxième étape, plus courte, la flotte était équitablement scindée en deux, T3 en double et T2 sur le premier départ, T3 en solitaire sur le second. Ce sont donc deux départs type « Le Mans » qui ont été donnés, le barreur en haut de la plage, courant au signal sonore vers son bateau pour le pousser à l’eau et embarquer dans la foulée, direction l’île de Berder, pour un pique-nique salvateur. L’après-midi, retour à la plage du Gored, en contournant l’île de Creïzic par le Sud. Mais les deux départs étaient cette fois donnés sur l’eau, avec une procédure plus classique, bien que réduite à trois minutes. Bon positionnement latéral et longitudinal, réglages fins, le Tiwal fait preuve dans ces conditions légères de toutes ses qualités de vrai voilier. Les plus aguerris se battent devant pour gagner le moindre centimètre, quand ceux qui découvrent leur monture bénéficient d’un apprentissage accéléré. Mais toutes les bonnes choses ayant une fin, il est temps de prendre le chemin du retour vers la plage de Toulindac avec une petite surprise sur la route. Deux piscines à balles ont été mouillées peu avant la ligne d’arrivée. Chaque concurrent doit s’y arrêter et se saisir d’une balle numérotée avec le plus petit chiffre possible, celui-ci déterminant son classement pour une cinquième manche « virtuelle ». Une manière ludique de clôturer la partie sportive de la journée.
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Banquet familial en bouquet final
A la remise des prix, la joie d’une journée très réussie est bien plus importante que les anecdotiques classements, tant pour l’excellente équipe d’organisation menée par l’irremplaçable Marie Duval, que pour les participants, venus de toute la France et de l’étranger : Allemagne, Suisse, Espagne, Danemark et même Porto Rico ! L’émotion l’emportera même fortement quand un prix spécial sera remis aux deux enfants venus de l’île Caraïbe. Ils ont en effet « emprunté » le bateau familial pour participer à cet évènement. Une histoire qui n’est pas sans rappeler la genèse du Tiwal, né de la fronde de sa designer, confrontée alors au refus paternel de lui prêter son First 30. Une fête de famille ne pouvant se conclure sans un bon repas, tout le monde s’est retrouvé dans une très bonne table d’Arradon pour une excellente soirée, où les prochaines navigations s’organisaient déjà à grands renforts de ‘Sail Tiwal’, l’appli dédiée aux heureux propriétaires du petit dériveur gonflé.