Golden Globe Race : tempête à l'approche du cap Horn !

Course au large
Par Figaronautisme.com

Après 156 jours de mer les premiers marins de la Golden Globe Race sont en approche du Cap Horn. Alors qu’il leur reste encore 1 100 milles avant de passer le cap mythique, Kirsten Neuschäfer et Abhilash Tomy s’apprêtent à affronter de terribles conditions.

Le skipper Indien Abhilash Tomy actuellement en deuxième position se prépare à affronter la tempête - ©Abhilash Tomy - GGR2022
Après 156 jours de mer les premiers marins de la Golden Globe Race sont en approche du Cap Horn. Alors qu’il leur reste encore 1 100 milles avant de passer le cap mythique, Kirsten Neuschäfer et Abhilash Tomy s’apprêtent à affronter de terribles conditions.

Après avoir parcouru 20.000 miles en cinq mois et alors qu’il leur reste encore 30% de la distance à parcourir, le plus dur est peut-être à venir pour les marins encore en course dans ce tour du monde en solitaire et sans escale vintage. Si les marins sont fatigués, les bateaux eux sont parfois déjà à bout de souffle et ce alors qu’ils s’attaquent à l’une des parties les plus périlleuses du parcours, là où il faut descendre jusque par 56 degrés Sud pour parer le continent Sud-Américain.

Si longue est la route…

Or aucun des trois bateaux de tête n’est indemne. C’est d’abord le solide leader depuis le départ, le Britannique Simon Curwen qui fait désormais route vers le Chili pour réparer son indispensable régulateur d’allures mais aussi une bonne douzaine d’autres points techniques plus ou moins critiques.  C’est ensuite l’Indien Abhilash Tomy qui après le violent front qui a croisé sa roue le 26 janvier dernier a dû s’atteler à réparer voiles, rail d'écoute de grand-voile, gréement et régulateur d’allures, le tout avant de s’octroyer une longue pause pour reposer l’homme. Quant à la toute nouvelle leader de la course, la Sud-Africaine Kirsten Neuschäfer, elle a cassé son tangon de spinnaker et ne peut plus utiliser ni spinnaker ni génois en ciseaux, une configuration qu’elle appréciait particulièrement, mais qui a fini par user jusqu’à la rupture un espar pourtant largement dimensionné. Elle s’est donc astreinte à changer son génois double par un génois classique, mais son handicap au portant pourrait lui être fort préjudiciable d’ici à l’arrivée aux Sables d’Olonne.

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La dépression très creuse qui frappe les leaders de la Golden Globe Race à 1000 milles du cap Horn - © Météo Consult

Vent à 60 nœuds, creux de 11 mètres

Mais à plus court terme, ce sont les conditions météo à venir qui l’inquiètent le plus, car l’été touche à sa fin dans l’hémisphère Sud, et une succession de systèmes dépressionnaires bien creux vient à sa rencontre. C’est même la dépression la plus creuse (949 hpa avec des vents à 60 nœuds) et la plus large (1500 milles nautiques, presque 2800 kilomètres de diamètre) rencontrée par la flotte depuis le départ qu’elle et son inséparable second (moins de 100 milles d’avance sur Abhilash Tomy) s’apprêtent à affronter. Ils ont eu beau rester le plus longtemps possible au Nord-Ouest pour rester du « bon côté » de la dépression, ils se retrouvent pour au moins 36 heures dans des conditions extrêmement fortes. Avec du vent donc, mais aussi des vagues de plus de 11 mètres qui vont malmener leurs bateaux qui font cette même longueur. Kirsten a même préparé ses trainards, cordages et chaînes pour, le cas échéant, ralentir le bateau. Seul Simon Curwen, bien plus au Nord devrait échapper au pire. Exceptionnellement, et pour des raisons évidentes de sécurité, les skippers reçoivent des conseils météo de l’organisateur de la course. Car bien qu’ayant avancé le départ de deux mois par rapport à la précédente édition, ce qui a jusqu’ici permis aux concurrents de bénéficier d’un temps plus clément, le Cap Horn reste fidèle à sa réputation : impitoyable.

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Kirsten Neuschäfer actuellement en tête de la course, ne pourra plus utiliser son si performant double génois - © Kirsten Neuschäfer - GGR 2022

Radeau de survie arraché pour Guy Waites

Plus en arrière, les concurrents n’ont pas été épargnés, que ce soit Jeremy Bagshaw qui a vu lui aussi les dépressions se succéder, ou Guy Waites, qui a rencontré les pires conditions depuis le départ. Par 60 nœuds de vent, des vagues de 10 mètres, en fuite et à sec de toile, son bateau a quand même été couché par une vague plus grosse que les autres, et son radeau de sauvetage a été arraché ! Après son escale technique de Cape Town, Guy Waites courait déjà en classe Chichester, mais avec ce nouveau coup du sort, il pourrait décider de s’arrêter définitivement à Hobart, estimant avoir cumulé trop de retard pour continuer son tour du monde dans de bonnes conditions de sécurité. Mais Guy n'est pas le seul à être en retard dans son périple. Ian Herbert Jones a 3000 milles de retard sur Abhilash Tomy et le Sud-Africain Jeremy Bagshaw n’est que 400 milles devant lui. Leur arrivée au Cap Horn est maintenant prévue pour la deuxième quinzaine de mars, soit tard dans la saison, augmentant le risque de plus fortes et plus fréquentes tempêtes. Seul Michael Guggenberger reste au contact des leaders, mais il est confronté à des problèmes d'eau potable et il a franchi par inadvertance la zone d’exclusion des glaces fixée par l’organisation, ce qui lui vaut une pénalité de 4,5 heures à effectuer une fois qu’il aura retrouvé l’océan Atlantique. 

Source : GGR 2022

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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