L'Esprit d'Équipe mène sur la quatrième étape de l'Ocean Globe Race

Course au large
Par Figaronautisme.com

L’Esprit d’Équipe FR (85), ancien vainqueur de la Whitbread Round the World Race, s’empare de la première place provisoire en IRC lors de la quatrième étape de l’Ocean Globe Race. Engagé pour la troisième fois dans la Whitbread, ce voilier montre enfin l’étendue de ses capacités et se positionne en tête aux côtés d’une autre légende française, Pen Duick VI FR (14), qui domine dans sa catégorie et tiens les honneurs de la ligne – de justesse ! Un succès doublement français.

L'Esprit d'équipe ©OGR2023/Aida Valceanu
L’Esprit d’Équipe FR (85), ancien vainqueur de la Whitbread Round the World Race, s’empare de la première place provisoire en IRC lors de la quatrième étape de l’Ocean Globe Race. Engagé pour la troisième fois dans la Whitbread, ce voilier montre enfin l’étendue de ses capacités et se positionne en tête aux côtés d’une autre légende française, Pen Duick VI FR (14), qui domine dans sa catégorie et tiens les honneurs de la ligne – de justesse ! Un succès doublement français.

La remontée de la côte brésilienne a été lente et pénible pendant deux semaines pour toute la flotte, mais la stratégie de L’Esprit d’Équipe de choisir la route la plus à l’Est commence à porter ses fruits – du moins pour l’instant. L’équipage affiche clairement sa satisfaction d’être enfin en tête. "Après deux semaines de course, L’Esprit d’Équipe prend les devants. Une renaissance pour ce bateau chargé d’histoire", a tweeté L’Esprit d’Équipe.

À l’ouest, et juste cinq milles devant L’Esprit d’Équipe, navigue Pen Duick VI FR (14). Marie Tabarly et son équipage, ayant remporté les honneurs de la ligne à Punta del Este, ne sont pas prêts de renoncer à leur titre. Marie Tabarly décrit sa vision de la course jusqu’à présent :

"Une course en quatre étapes ressemble beaucoup à un concours hippique. La première étape, c’est la descente de l’Atlantique, équivalente à l’épreuve de dressage : finesse et rigueur sont de mise, sans adrénaline ni grand danger, mais avec une nécessité absolue de précision et de technique. Les deuxième et troisième étapes, dans le grand Sud, sont comme le cross-country : une course effrénée à 550 mètres par minute, franchissant d’immenses obstacles fixes, où la confiance mutuelle entre le cavalier et sa monture est cruciale. L’adrénaline s’envole, l’épreuve est longue, intense et dangereuse.

La dernière étape, c’est le saut d’obstacles, avec ses obstacles mobiles qui peuvent tomber, mettant à l’épreuve la fraîcheur, le respect et la concentration du cheval après les deux premières épreuves. Pour nous, cela correspond à la remontée de l’Atlantique, parsemée d’embûches après sept mois en mer : Cabo Frio, le front froid de l’Atlantique, le Pot au Noir, l’anticyclone des Açores, le golfe de Gascogne. Avec l’air chaud et les voiles usées, leurs plages d’utilisation changent. La fatigue des hommes aussi. Tout cela doit être pris en compte dans nos décisions."

L’équipage de Pen Duick VI, le magnifique ketch bermudien de 73 pieds, était impatient de reprendre la mer et de continuer sa rivalité avec Translated 9 ITL (09), considéré comme son adversaire acharné. Translated 9, un Swan 65 précédemment nommé ADC Accutrac lors de sa participation à la Whitbread en 1977, s’est retiré de la troisième étape après une escale aux îles Falkland pour des réparations cruciales, à la suite de la découverte d’une avarie de coque. Ils occupent actuellement la troisième place en IRC pour la quatrième étape et la cinquième position sur la ligne d’honneur – un classement qu’ils espèrent certainement améliorer.

Le Swan 53 français, Triana FR (66), skippé par Jean d’Arthuys, occupe provisoirement la première place dans le classement IRC combiné. Pourtant, il rencontre des difficultés depuis le début de la quatrième étape, se retrouvant constamment dans des zones de calme plat. En tant que l’un des plus petits voiliers de la flotte, il se trouve actuellement en dixième position tant en IRC qu’aux honneurs de la ligne. Pour l’équipage de Triana, dont les performances exceptionnelles lors des étapes précédentes avaient suscité l’admiration, le ralentissement actuel est une pilule amère à avaler. Au moment de la rédaction, Triana ne devance que de 5 milles White Shadow ES (17) et de 15 milles Explorer AU (28), le dernier bateau de la flotte – une position inhabituelle pour eux.

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"Cela fait maintenant 5 ou 6 jours que nous sommes sans vent. Cela commence à être long et devient une véritable bataille psychologique. Nous devons faire preuve de patience et optimiser notre navigation avec les vents que nous avons, qui changent constamment de direction et d’intensité. C’est extrêmement difficile." Jean d’Arthuys, skipper de Triana.

Avec une météo aussi imprévisible, la situation peut rapidement évoluer, et rien n’est jamais certain pour les navigateurs. Il y a quelques jours, les Finlandais dominaient à la fois le classement en ligne et le classement IRC. Galiana WithSecure FI (06), un Swan 55 et le plus ancien voilier de la flotte, était en tête en IRC, tandis que Spirit of Helsinki FR (71), ancien participant de la Whitbread, menait sur la ligne, mais leur succès a été éphémère. Comme le dit le proverbe, ce n’est pas fini tant que la “grosse dame” n’a pas chanté (expression anglaise).

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On ne s'ennuie jamais à bord de Galiana WithSecure, Anton étant en haut du mât d'artimon pour vérifier l'éolienne.© OGR2023/Galiana WithSecure

Les vents capricieux ont entraîné une progression extrêmement lente de l’ensemble de la flotte depuis le départ de la course le 5 mars, avec une moyenne d’environ 118 milles nautiques par jour. Et puisque les alizés du sud-est font défaut, la flotte est désormais divisée en trois groupes. Avec plus d’obstacles que de voies libres, les décisions tactiques sont devenues cruciales pour réaliser les gains minimaux nécessaires dans cette course. Maiden UK (03), en tête durant la première semaine, a reculé à la troisième place au classement général. Mais ils font face à des défis plus importants que leur position dans la course, avec une crise potentielle de l’eau à l’horizon. Leur générateur et onduleur étant hors service seulement trois jours après le début de la course, leur dessalinisateur ne fonctionne plus. Cela représente une préoccupation majeure, non seulement pour un voilier en route vers le pot au noir, mais aussi parce qu’ils dépendent largement de nourriture lyophilisée, qui nécessite de l’eau.

Une semaine après le départ, le skipper a alerté l’OGR qu’il ne restait plus qu’une semaine d’eau à bord, avec plus de 5 000 milles à parcourir. Les options envisagées incluaient une pénalité de 48 heures pour activer leur dessalinisateur manuel d’urgence ou recevoir de l’eau de SPIRIT OF HELSINKI, ce qui aurait entraîné leur disqualification pour l’étape 4. Heureusement, une averse le lendemain a permis de remplir les réservoirs.

Grâce à de nombreuses communications radio et aux conseils du reste de la flotte, une semaine d’efforts soutenus a permis à l’équipage de réparer le générateur. Maintenant, ils espèrent que la pluie cessera ! Avec le système de Maiden de nouveau opérationnel, l’équipage s’est remis à l’apprentissage.

Sur Maiden, c’est la ruée vers la navigation céleste ! Une effervescence constante autour du bureau de navigation, avec de nombreux apprentis devenant rapidement des experts :), partage Maiden sur Twitter.

Neptune FR (56) et Evrika FR (07) ont tous deux opté pour la route la plus à l’ouest de la flotte. Malgré une progression laborieuse, ils savourent chaque instant en mer.

Une petite coupe de cheveux pour certains, un apéro pour la Saint-Patrick au coucher du soleil… C’est agréable de partager ces moments dans une si bonne ambiance, tweete Neptune.

Outlaw AU (08) et Sterna SA (42) font face à des pannes de réfrigérateur ou de congélateur, obligeant ceux qui consomment de la viande à bord à prendre des mesures drastiques – et à ne plus avoir faim pour un moment.

Le congélateur d’Outlaw a subitement cessé de fonctionner ! La moitié de notre viande y était stockée. Nous nous dépêchons de tout cuire et de manger avant que cela ne se gâte, explique Outlaw.

Pendant ce temps, White Shadow ES (17), Sterna SA (42) et Explorer AU (28) occupent les dernières positions. Mais avec une progression aussi lente jusqu’à présent, seulement 600 milles nautiques séparent le premier du dernier. La semaine à venir promet d’être un défi psychologique de taille pour les marins, avec le pot au noir à affronter.

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Tout ce qui flotte sur votre bateau ! Le skipper Mark Sinclair, lavant ses noix de coco ! © OGR2023/Explorer

Pour les amateurs de statistiques, les chiffres de l’OGR sont révélateurs ! Il est particulièrement remarquable que près de 30 % des 243 marins de l’OGR soient des femmes, marquant un excellent début pour un événement inaugural dans un secteur traditionnellement masculin.

Avec cinq voiliers français en compétition, il n’est pas étonnant que 110 marins français participent à la course. Les deux voiliers finlandais portent à 38 le nombre de Finlandais engagés. Des marins de 26 nationalités différentes se sont joints à l’OGR, venant du Japon, d’Afghanistan, des Pays-Bas, d’Irlande, du Canada, d’Antigua, de Belgique, et de République tchèque entre autre.

À ce jour, 137 marins peuvent se targuer d’avoir navigué autour du Cap Horn, et à la fin de la quatrième étape, ils seront 81 à pouvoir se vanter d’être devenus des navigateurs ayant accompli un tour complet du globe !

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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