
L’épreuve fête cette année son centenaire avec une participation record : 444 yachts au départ, parmi lesquels près de 380 peuvent prétendre à la victoire en IRC. Partenaire de la course depuis 2001, Rolex célèbre à cette occasion l’une des pierres angulaires de sa relation de 70 ans avec l’univers de la voile. Une édition anniversaire, donc, mais surtout une édition d’une densité et d’un niveau rarement atteints.
La bataille fait rage en tête du classement
Depuis que Black Jack 100 a franchi la ligne le premier en temps réel, le haut du classement IRC est en perpétuelle évolution. Plusieurs bateaux se sont succédé en tête, sans parvenir à s’y maintenir. Un temps solidement installé, l’Américain Tschuss semblait pouvoir tenir la corde. Jusqu’à ce qu’un groupe de voiliers plus petits, emmené par Callisto (Nouvelle-Zélande), Beau Ideal (Hong Kong) et Jolt 6 (Monaco), lance une attaque impressionnante sur la fin du parcours.
Poussés par une régate de match intense, chacun d’eux a tout donné pour gagner le moindre dixième de nœud face au vent et au courant. Leur finish commun, avec seulement trois minutes d’écart entre les trois équipages, a offert une véritable démonstration de ténacité. À ce jeu, Jolt s’est montré le plus précis et a momentanément pris l’avantage.
L’Italien Django JPK, bien armé lui aussi avec de nombreux professionnels à bord, a tenté de revenir, en vain. Et c’est là que la surprise est venue d’ailleurs : douze heures plus tard, le Swan 53 australien Bedouin, mené par un équipage familial, s’emparait du classement général provisoire avec 16 minutes d’avance. Un symbole fort, d’autant plus marquant que plusieurs concurrents mieux classés sur le papier pourraient être rétrogradés pour des erreurs de règles au départ ou au passage du Fastnet Rock. La victoire se joue aussi sur l’attention aux détails.

Les duos français bousculent la hiérarchie
Peu après l’exploit de Bedouin, une nouvelle vague de prétendants a renversé la table : celle des équipages en Double Handed. En ne comptant que deux personnes à bord, ces tandems impressionnent par leur engagement et leur précision. Trois duos français ont ainsi marqué cette édition d’une empreinte redoutable.
Leon a été le premier à franchir la ligne parmi eux, reléguant Bedouin à deux heures en temps compensé. Derrière, Lann Ael 3, déjà vainqueur par le passé, est arrivé 20 minutes plus tard et s’est installé à la deuxième place. Amarris, moins rapide dans les derniers milles, reste en embuscade sur le podium provisoire. Leur performance collective rappelle que, même en équipage réduit, l’endurance et la rigueur peuvent rivaliser avec les plus grosses machines du circuit.
Une attente insoutenable jusqu’au dernier bord
Pour Leon, le chronomètre tourne désormais contre lui. Et pour les 280 bateaux encore en course, chaque décision peut faire basculer le classement final. Entre courants capricieux, grains imprévus et nuits blanches à barrer, cette Rolex Fastnet Race 2025 s’annonce indécise jusqu’à la dernière seconde.
En tête, rien n’est acquis. À l’arrière, tout reste possible. Cent ans après sa création, la course au large britannique continue de mêler exploits humains, aléas météo et coups de théâtre. Un monument de la voile, fidèle à sa légende.