Route du Rhum Destination Guadeloupe J-90 - Naviguer, préparer, se qualifier ou attendre ?
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L’actualité de la semaine a été tendue du côté des Class40 avec le chavirage de Laurent Camprubi au large de La Corogne. Heureusement récupéré par les sauveteurs espagnols dans un bateau retourné qui avait visiblement perdu sa quille, le marin français est en bonne santé et c’est bien là l’essentiel, mais être au départ de la Route du Rhum semble désormais mission impossible pour lui. Ce sera un challenge aussi pour les derniers bateaux mis à l’eau cette semaine à l’image d’Ibsa Group. Son skipper italien Alberto Bona qu’on a d’abord découvert sur le circuit mini, revient au quarante pieds après deux saisons en Figaro. Il a mis à l’eau à La Trinité sur Mer son Mach 5 dessiné par Sam Manuard, sistership du Lamotte-Module Création de Luke Berry, un sacré gage de performance. William Mathelin-Moreaux la course contre la montre pour être au départ dans les meilleures conditions est également lancé puisqu’il a lui aussi lancé Dékuple son plan VPLP construit chez Multiplast.
Il reste à tous moins de 90 jours pour souscrire à toutes les formalités indispensables pour valider leur inscription, notamment les 1200 milles de qualification en solitaire à bord de leur bateau à effectuer avant le 6 octobre. Une obligation que même les skippers remplaçants doivent effectuer, à l’image de Thomas Rouxel à bord du maxi-trimaran Sodebo, susceptible de remplacer au pied levé Thomas Coville en cas d’empêchement de ce dernier. Il a le week-end passé, effectué une grande boucle dans le Golfe de Gascogne pour valider son rôle. Une question que ne se pose pas pour Romain Pillard qui, en compagnie de son fils de 16 ans Titouan, pour la dernière étape de son tour du monde à l’envers depuis Cape Town en Afrique du Sud. Il est attendu ce mardi 9 août en son port d’attache de La Trinité sur Mer, et pour lui, il s’agira de panser les plaies d’un tour du monde extrêmement exigeant pour rendre, un bateau de bientôt 20 ans d’âge, de nouveau compétitif pour la Route du Rhum. La situation et le suspens sont en revanche presque insoutenables pour les skippers en liste d’attente. On sait qu’entre problèmes budgétaires ou techniques, le malheur des uns va faire le bonheur des autres. Que ce soit en Class40, ou en catégories Rhum Multi et Mono, ils sont une poignée à vivre dans une incertitude difficile à gérer tant sportivement qu’économiquement, à l’image d’un Thomas Lurton, premier sur la liste d’attente en Rhum Multi, sur le légendaire trimaran Moxie que l’on aimerait tant voir sur la route de Pointe à Pitre.
Du côté des soixante pieds Imoca, Pip Hare sur Medallia a choisi de participer au tour des îles Britanniques et de l’Irlande. Une course en équipage certes, mais techniquement difficile et longue d’au minimum 1805 milles nautiques. Le record en monocoque sur cette épreuve est de 4 jours et 13 heures va être difficile à battre. Les premières heures de courses dans du tout petit temps ont en effet été à l’image de la météo annoncée pour les jours à venir. Dommage, car la Britannique a réuni sur l’ancien bateau de Louis Burton, également vainqueur du Vendée Globe 2016-2017 avec Armel Le Cléac’h un équipage de choc. Il y a là Paul Larsen, l’homme le plus rapide du monde à la voile sur son engin Sailrocket, Kevin George qui est en charge de ses voiles chez North Sails, Nick Bubb que l’on a vu sur le circuit Mini et la Volvo Ocean Race, tout comme Ben Schwartz qui faisait partie de l’équipage Dongfeng aux côtés de Charles Caudrelier, mais est aussi régulièrement à bord du maxi-trimaran Spindrift. Au lendemain du départ devant Cowes, avec Oliver Heer Ocean Racing, les deux seuls Imoca engagés mènent la course, mais ils ne sont pas encore aux Scilly. Quant à Arnaud Boissières, dit Cali, il a pris le chemin du retour après son escapade méditerranéenne, et il vient de passer Gibraltar.
Beaucoup de bateaux sont dans les hangars pour une dernière vérification avant l’épreuve à l’image des géants Banque Populaire ou SVR Lazartigue. C’est aussi le cas de beaucoup des trimarans Ocean Fifty qui ont clôt leur Pro Sailing Tour. Quant aux nouveaux bateaux tout juste mis à l’eau, on pense notamment aux skippers des Imoca Charal 2, V&B-Monbana-Mayenne, Malizia ou encore Initiatives Cœur, ils multiplient les sorties pour apprendre et mettre au point leurs nouvelles montures. Plus que trois mois avant le départ, ça va passer très très vite !