Route du Rhum - Destination Guadeloupe : Francis Le Goff « La seule option à ce jour sur la table, c'est dimanche 13h02 »

Par François TREGOUET

A trois jours du grand départ l’automne s’est brutalement invité à Saint-Malo et les considérations météo sont revenues au premier plan pour les marins comme pour les observateurs. Dans ce contexte incertain, la Direction de Course se retrouve en première ligne. A la tête de son équipe, Francis Le Goff, aussi expérimenté que respecté, a bien voulu nous accorder quelques minutes d’entretien pour faire le point.

C’est un peu la situation classique mais que l’on redoutait, la météo s’annonce compliquée pour ce début de Route du Rhum. Quelle analyse fait la Direction de Course de la situation à trois jours du départ ?

Ce ne sont pas les conditions idéales pour partir c’est sûr. Et il y a plusieurs niveaux sur ce sujet. On doit d’abord sortir tous les bateaux, et ils sont 138. Ça commence normalement demain (vendredi) après-midi avec les Ultims et ce n’est pas facile. Donc on surveille déjà ce Nord-Ouest qui ne faiblit pas très vite. On n’est pas certain de pouvoir faire sortir tout le monde demain, donc on prend un peu de retard sur la feuille de route. Heureusement, dans la nuit de vendredi à samedi les choses sont plus calmes donc on doit pouvoir normalement récupérer une partie du retard. Le but étant de les sortir en toute sécurité, on étudie les meilleurs créneaux, mais après il reste une grosse flotte, 130 bateaux à sortir, donc tout est étagé, avec un peu de marge mais pas trop, donc on surveille aussi les aspects météo y compris avant le départ. Le moment du départ lui ne pose pas de problèmes. C’est 20 nœuds, au mois de novembre, c’est de l’Ouest, il va falloir tirer des bords, ce n’est pas simple parce qu’ils sont nombreux, parce qu’il y aura d’autres bateaux à vouloir voir le départ, ce n’est pas facile mais c’est de l’ordre du réalisable, je ne suis pas très inquiet pour le départ. Après, à l’inverse, le flux se renforce très vite, donc en termes de vent, ce n’est pas pire que l’édition 2018. Ça arrive peut-être un tout petit peu plus tôt à la pointe de la Bretagne. C’est aussi l’état de la mer que l’on surveille avec attention, car elle approche les six mètres. En suite il y a un deuxième système perturbé qui arrive, on regarde comment il se creuse, comment il évolue, et là il y a un petit peu plus d’incertitudes. Autant sur le départ on a quelque chose qui est très fiabilisé, autant c’est l’enchaînement des systèmes qui nous préoccupe aujourd’hui.

Nautisme Article
Prévision pour le dimanche 6 novembre à 13H LT -© Image METEO CONSULT

Le départ aura bien lieu dimanche ou il y a d’autres options ?

Là, il n’y a pas d’autres options pour l’instant sur la table. Celle qui consisterait à avancer le départ aurait déjà dû être prise hier pour être serein, mais il n’y avait pas d’intérêt, et je ne savais pas, quand on voit le vent aujourd’hui, sortir les Ultims. Cette possibilité là elle est fermée, on n’en parle plus. Après, il y a de bonnes conditions pour donner un départ et il y a aussi ce rond de 150 milles nautiques où l’escale technique est autorisée sans pénalité, ni empêcher une seconde escale. Car sur la Route du Rhum on a le droit à une seule escale, mais celle qui est dans les 150 milles ne compte pas. Ça couvre un gros rayon, du plus au Sud à La Rochelle, ça inclut les ports Anglais, toute la côte Nord Bretagne. C’est aussi une possibilité d’aller s’abriter et attendre que le système passe. Car le gros risque aujourd’hui, ça serait de se dire « on repousse », mais jusqu’à quand ? Parce que comme dit précédemment, c’est pas une dépression, mais il y en a au moins une deuxième, voire une troisième et plus on attend moins les fichiers sont fiables et ça devient un casse-tête. Donc l’idée c’est de faire partir l’ensemble des bateaux et ensuite que chacun prenne ses responsabilités de coureur. Nous on ne s’exonère de rien, nous sommes vraiment vigilant et on regarde si le système venait à être tel qu’on ne puisse pas faire autrement, jusqu’à quand tout pourrait se décaler. On travaille à des options, mais à ce jour, sur la table il n’y en a qu’une seule c’est dimanche 13h02.

Nous sommes rentrés très vite dans le cœur du sujet, mais pouvez-vous nous rappeler le rôle du Directeur de Course ?

Sur la Route du Rhum c’est un peu particulier parce qu’il y a beaucoup de bateaux et qu’il est difficile d’avoir en tête tous les projets, de tout le monde, comment ils ont été construits, comment ils ont cheminé vers la Route du Rhum. Car c’est important pour le Directeur de Course de bien connaître l’ensemble de ses marins. Après je suis bien entouré pour connaître tout le monde. Après, le gros du travail de préparation il est fait, on en voit le résultat dans les bassins aujourd’hui. On a étudié le port en long, en large et en travers, on a fait tous les scénarii possibles d’entrée et de sortie de l’ensemble des bateaux, mesuré, démesuré, remesuré l’ensemble des quais et jusqu’au dernier moment on s’est inquiété de savoir si on ne s’était pas trompé de quelques centimètres, parce qu’on parle quasiment de centimètres ! Ensuite il faut organiser la surveillance sur l’eau le jour du départ avec les autorités maritimes, parce qu’on sait qu’à Saint Malo il y a un engouement énorme pour la Route du Rhum et on ne veut pas qu’il y ait sur cette zone de départ de conflit d’usage ou de navigation. C’est pour cela qu’il y a ces zones qui sont tracées pour les plaisanciers, les coureurs, les vedettes à passagers, pour éviter que trop de bateaux se croisent dans les 19 milles qui séparent le Grouin de Fréhel. Nous sommes aidés sur ça par la SNBSM (Société Nautique de la Baie de Saint Malo) la SNSM pour nous appuyer et faire respecter ces zones lors du départ et que les coureurs puissent naviguer au mieux. Ensuite c’est le suivi classique de la course avec des rythmes de quart. Au même titre que les marins, la Direction de Course ne dormira pas tant que tout le monde ne sera pas arrivé.

Nautisme Article
© Prefecture Ille et Vilaine

138 concurrents c’est un record, on est au maximum ?

Oui, physiquement dans le port, tout simplement, on ne peut pas en mettre plus. Car le port de Saint Malo c’est aussi un port de commerce, un port de pêche, et qu’il faut allier nos activités de course au large avec les activités de tous les jours à Saint-Malo, c’est très important. L’organisateur et le Directeur de Course doivent aussi avoir cela en tête. On ne remerciera jamais assez la Compagnie des Pêches d’avoir cédé son linéaire de quai. Il faut aussi avoir un « service client », que l’on puisse répondre à toutes les sollicitations des teams. Quand on a encore un peu de mal à connaître tous les prénoms des marins de cette Route du Rhum, c’est pour moi, un signe de limite atteinte.

A trois jours du départ, quel est le vœu le plus cher du Directeur de Course de la Route du Rhum ?

Quand on sait tout l’investissement que cela nécessite, pour tous les protagonistes et en premier lieu les marins, qu’ils fassent la plus belle des courses et qu’ils arrivent tous en pleine forme en Guadeloupe, c’est le premier souhait. Et puis pour l’organisateur, la ville de Saint-Malo, la Région Bretagne, le Port, tous ceux qui nous ont aidé à construire ça, le meilleur cadeau que l’on puisse leur faire et qui va peut-être gommer tous les sacrifices que certains ont pu faire, c’est de leur offrir le meilleur départ.

Suivez de près la météo marine sur METEO CONSULT Marine, partenaire officiel de la Route du Rhum - Destination Guadeloupe.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…