Par Figaronautisme.com/#RDR2022

Les leaders en Ultim 32/23 espéraient, hier soir, toucher les prémices de l’alizé, envoyer les gennakers et entamer les longues glissades au portant plein gaz en direction des Antilles. Malheureusement, le petit trou de souris dans lequel ils pensaient réussir à se faufiler s’est refermé devant eux. Ce samedi, comme l’ensemble des concurrents des autres classes et catégories de cette 12e Route du Rhum – Destination Guadeloupe, ils ne vont donc pas avoir d’autres choix que de réussir à s’extirper au plus vite d’une zone de molle avant de composer avec le passage d’un deuxième front froid, plus actif que le précédent. A la clé : des rafales de vent supérieures à 40 nœuds sur une mer chaotique. Pour résumer, cette journée de samedi s’annonce à la fois complexe et copieuse !

Ce qu’il faut retenir :

En Class40, Jonas Gerkens (Volvo) a annoncé son abandon officiel. Son état de santé, sa voile J1 déchirée et son pilote automatique défaillant ont convaincu le navigateur belge de prendre cette douloureuse décision. Il fait actuellement route vers Lorient. Il reste 129 marins en course.

Confronté à des problèmes techniques, Emmanuel Hammez, le skipper du Class40 Viranga, se déroute vers un port qui n’a pas encore été déterminé.

Philippe Poupon (FLO), concurrent de la catégorie des Rhum Multi, est en approche de La Corogne où il va effectuer un arrêt technique afin de tenter de régler un problème de trinquette d'étai.

Revenu à Lorient jeudi soir pour réparer sa dérive cassée, le skipper du Maxi Banque Populaire XI, Armel Le Cléac’h, doit reprendre la course ce samedi 12 novembre, sans ambitions sportives, mais avec la motivation de finir l’histoire.

Nautisme Article
Armel Le Cleac'h sur le Maxi Banque Populaire XI doit repartir ce samedi© Alexis Courcoux/#RDR2022

« J’en ai un peu marre du faire du près. Vivement les conditions de vents portants ! », déclarait, hier, Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild) qui espérait alors hisser le gennaker dans la soirée et cavaler enfin tout schuss en direction de Pointe-à-Pitre. Raté. Le Finistérien va, en effet, devoir patienter encore un peu après que la petite porte dans laquelle lui et les autres leaders de la classe Ultim 32/23 espéraient s’engouffrer se referme devant eux. « On a raté le coche. On est donc obligé, ce matin, de relancer vers l’ouest pour aller chercher ce fameux deuxième front qui devrait être le bon pour nous permettre ensuite, de glisser sous l’anticyclone des Açores et de trouver les alizés demain. En tous les cas, on y croit », a commenté le navigateur lors de la vacation de 5 heures, après une petite sieste. « C’est sûr qu’on aurait bien aimé que ça se passe différemment car c’est encore un dossier qui nous attend », a ajouté le marin, rappelant que passer un front est toujours une source de stress et un travail physique considérable pour les skippers. « En Ultim, les manœuvres sont dures », a souligné Charles Caudrelier qui navigue quasiment bord à bord avec François Gabart (SVR – Lazartigue) depuis hier soir. « On a fait une petite bêtise avant le front, hier. On aurait peut-être dû aller tout droit.  François est bien revenu. C’est toutefois sympa de l’avoir à côté. C’est toujours plus excitant quand il y a de l’action ! », a ajouté Charles qui conserve, pour l’heure, un léger avantage de six milles sur son adversaire.

S’extraire de la molle puis serrer un peu les dents

Même topo ou presque chez les Ocean Fifty où Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en Peloton – ARSEP) a, lui aussi, effectué une belle remontée hier, parvenant même à chiper les commandes de la flotte à Quentin Vlamynck (Arkema) dans la soirée, grâce, d’une part, à une bonne vitesse et, d’autre part, grâce à un joli choix de trajectoire, légèrement plus nord que ses rivaux. « Quand on n’est pas surtoilé, on est capable d’aller vite en limitant les risques. J’avoue cependant qu’hier, c’était assez tonique. Le bateau faisait de grands sauts dans les vagues, c’était humide et il fallait accepter d’être un peu trempé. Pour le reste, c’est un vrai parti pris d’aller chercher cette position-là, mais on est là où on voulait », a relaté le Bretillien ce matin, alors scotché dans la dorsale. « On est un peu collé. Il y a entre 3 et 5 nœuds de vent. Ce n'est ni plaisant, ni reposant alors que l’enjeu du moment, justement, c’est de se requinquer, de se reposer, de remanger avant quelques heures assez toniques à venir », a expliqué Thibaut Vauchel-Camus. On l’a compris, le programme du jour s’annonce chargé et pas franchement des plus plaisants, avec cette fameuse zone de molle dont il faut réussir à s’extraire au plus vite avant de se coltiner le passage d’un front froid actif. Une barrière météorologique susceptible de rebattre les cartes.

Retrouver au plus vite des vents portants

« Dans la molle, il y a le risque de voir tout le monde recoller et quand on aura fini de batailler dans les petits airs, des rafales à 35-40 vont venir animer notre samedi. On ne va pas s’ennuyer ! En tous les cas, il ne va pas falloir s’endormir. », a promis Corentin Douguet (Quéguiner – Innoveo), qui a repris le leadership chez les Class40 qu’il avait laissé, un temps, à ses adversaires plus proches de la route orthodromique. « Sportivement, l’écart se fait avec les autres, derrière, sans faire de choses spécialement magiques. Ce sont de bonnes sensations ! », a ajouté le Nantais qui espère continuer de creuser l’écart sur ses poursuivants les plus proches, relégués, ce matin, à plus de huit milles de son tableau arrière. Il le sait, cela passera, entre autres, par le fait de réussir à trouver le meilleur passage pour sortir de cette zone de vent faibles puis, ensuite, par le fait de parvenir à préserver au mieux son matériel dans le vent fort cet après-midi, à l’avant du front. « Elle n’est pas simple, cette transat. Il faut faire les bons choix et ce n’est pas évident », a concédé de con côté Charlie Dalin (Apivia), solide leader dans la classe des IMOCA avec aujourd’hui, près de 70 milles d’avance sur son dauphin, Louis Burton (Bureau Vallée), décalé une cinquantaine de milles dans son nord. « Dès le coup de canon, ça a plutôt bien déroulé pour moi. Je suis content de ma vitesse et de ma trajectoire. Maintenant, tout l’enjeu de réussir à passer au plus vite dans l’alizé. »

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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