Transat Jacques Vabre 2023 - Class40 : uppercuts en mer, branle-bas de combat à terre

Un spi médium explosé pour La Boulangère Bio (Grassi-Le Berre), une stratification de cloison de ballast cassée occasionnant une fuite de 300 litres d’eau à l’intérieur de Captain Alternance (Piperol-Jourdren), la liste, non exhaustive, des soucis techniques et pépins en tour genre rencontrés par l’ensemble de la flotte, rappelle que la course au large reste un sport mécanique.
Croisé hier en ciré sur les quais de Lorient La Base, après son arrivée au petit jour, Christophe Bachmann, co skipper d’AMIPI - Tombelaine Coquillages, témoigne : « on a eu un problème d’enrouleur qui fait qu’on a perdu le J1 assez tôt, ainsi qu’un souci de ralingue de grand-voile. Puis, à la pointe Bretagne : plus de moteur, plus d’énergie, plus d’instruments… » Comme le veut la loi des ennuis qui s’accumulent les uns aux autres, il raconte s’être pris aussi un casier en approche de l’arrivée. Autant de mésaventures qui lui font déplorer au final « autant d’emmerdes en deux jours que sur une transat de deux semaines ».
OPÉRATIONS RÉPARATIONS
Un récit qui trouve des similitudes avec celui d’Alexis Loison, qui a échappé à un démâtage au passage du raz Blanchard à 30 nœuds et plus, sur une mer très désordonnée. « J’étais à la barre et d’un coup de je vois l’étai de génois, qui était roulé, partir et disparaître. On a été obligé d’abattre pour récupérer la voile, avant de repartir au près en espérant que l’étai de J2 tienne le mât, puis de pouvoir opérer une première réparation, jusqu’à ce que le bout-dehors lâche à son tour… »
Même si le co-skipper le co-skipper de Nicolas Jossier sur La Manche #Evidence Nautique regrette cet enchaînement qui le sanctionne sportivement à l’arrivée de cette première étape, il se rassure surtout de se savoir toujours en course, bientôt en possession de tous ses moyens pour être en mesure de rivaliser aux avant-postes sur la suite du parcours : « On aurait pu avoir pris le mât sur la figure et être en train de pleurer à Cherbourg. Dans notre malheur, il y a du positif. Aujourd’hui (mardi, NDR), c’est la seule journée qu’il nous reste pour travailler dehors avant que les conditions ne se dégradent. Il nous faudra également bien sécuriser les amarres du bateau. On a pas mal de choses qui se sont décollées à l’intérieur. On ne manque pas d’occupations pour les jours à venir ».
Pour les plus malchanceux, à l’image des duos Crédit Mutuel (Lipinski-Carpentier), victime d’une démâtage, Dékuple (Mathelin Moreaux-Luciani) aux prises avec un sérieux problème structurel, ou encore de de Seafrigo-Sogestran (Chateau-Pirouelle), qui déplore un gros trou à l’avant tribord de la coque suite accrochage au départ en baie de Seine, la course contre la montre est également lancée. Ces duos, contraints de se dérouter très tôt - pour faire demi-tour au Havre ou pour rallier Cherbourg -, l’histoire prend une toute autre tournure alors que les conditions de mer sont devenues impraticables pour plusieurs jours. À défaut d’espérer convoyer leur bateau blessé réparé, il s’agit de rallier, coûte que coûte Lorient par la route, afin d’y mener les travaux nécessaires pour le remettre en état.
MISSIONS COMMANDO
« On adapte notre stratégie pour revenir dans la course au fur et à mesure. À l’instant T (mardi après-midi), le bateau est parti. On a lancé la construction d’une pièce au chantier qui a construit le bateau (JPS Production) pour faire un greffon. On a monté une équipe technique pour remâter, requiller et remettre au plus vite le bateau à l’eau », raconte Cédric Chateau, qui se démène avec son co-skipper Guillaume Pirouelle, pour que la course reprenne tous ses droits.
Pour l’autre protagoniste de cette collision survenue au passage de la bouée spectacle, qui est parvenu à rallier Lorient en course, il n’y a pas de temps à perdre non plus. « On a quand même des gros dégâts dans le bateau, à l’arrière. Notre chance, c’est que c’est au niveau du ballast et qu’il n’y pas de voie d’eau. On espère pouvoir réaliser les travaux au ponton. On met tout en œuvre pour être au départ de la deuxième étape, pour pas que notre Jacques Vabre s’arrête comme ça », explique Nicolas d’Estais, co-skipper de Café Joyeux.
D’un bateau à l’autre, les marins motivés aux côtés de leurs partenaires mobilisés, sont sur le pont de missions commando pour tirer le meilleur profit de cette escale forcée, et prolongée, par la situation météo. « On bénéficie d’un flot d’ondes positives qui nous aident à nous arracher pour trouver des solutions, comme celles proposées par les équipes lorientaises de Groupes APICIL et de Paprec Arkéa pour nous faciliter la vie », complète, quant à lui, le skipper havrais, Cédric Chateau. Soulagé, il peut se réjouir que son bateau blessé soit finalement arrivé à bon port hier en début de soirée -en convoi spécial -, à Lorient La Base. « En dépit d’un premier chapitre douloureux, il nous reste une belle histoire à écrire. On se donne toutes les chances de la raconter jusqu’en Martinique. » Branle-bas de combat, une autre bataille bat déjà son plein à terre pour bientôt reprendre la mer…
Et aussi :
- À ce jour, la Class40 déplore un abandon officiel, celui de #Movember (Guillonneau-De Pavant), qui déplorait des dégâts irréparables suite à son accrochage avec Curium Life Forward (Lepesqueux-Dehareng), qui a été, lui, sorti de l’eau hier à Lorient pour évaluer la situation.
- P-Rêve à perte de vue (Paris-Ragimbeau) est toujours en escale technique au Havre.
- Alberto Riva, co-skipper d’ Acrobatica, qui s’est fracturé le tibia sur la première étape, a annoncé qu’il ne repartira pas en course vers Fort-de-France.
Suivre l'évolution sur METEO CONSULT Marine