Météo du Vendée Globe : accélération vers les 40 èmes rugissants..

Par ttaque

Chaque jour, un expert en météo marine de METEO CONSULT analyse et décrypte la situation météo et son évolution pour les skippers de l’édition 2020-2021 du Vendée Globe. Ce vendredi, la flotte s'est réorganisée en 4 groupes. En tête, c'est l'heure de la délivrance pour C.Dalin qui bénéficie d'un vent portant pour se sortir de l'anticyclone. A l'arrière, T.Ruyant avance quand même sous la cloche anticyclonique après avoir perdu quasiment 100 milles en 24h. Le groupe suivant, constitué de L.Burton et S.Davies, fait désormais un cap à l'est à 16 noeuds de moyenne après avoir plongé plein sud. Ils confirmant que l'option sud était une carte à jouer pour rattraper une partie de leur retard. Ces groupes de tête sont sur la bretelle d'accès à l'autoroute du sud, avec une position remarquablement sud par rapport aux autres éditions du Vendée Globe. Verront-ils les icebergs ?

Bulletin actualisé chaque jour à 12h

SITUATION METEO DU VENDREDI 27 NOVEMBRE : changement radical, passage en mode attaque

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Ce vendredi, on voit progressivement la sortie du tunnel météo. Le flotte s'est réorganisée en 4 groupes prédominants, avec un écart réduit d'environ 2800 milles entre le dernier J.Beyou et C;Dalin en tête. La sortie du tunnel se dessine pour les 10 premiers, notamment pour Dalin qui sort désormais de l'anticyclone et descend même légèrement sous le 40 ème parallèle, en attendant le bon moment pour changer de bord et remonter vers l'est-nord-est. Son poursuivant T.Ruyant avance sous la cloche anticyclonique tandis que le groupe constitué de L.Burton et S.Davis profite de conditions d'un vent portant pour progresser à 16 noeuds vers l'Est. Désormais la course de vitesse s'enclenche dans une situation géographique très sud, non loin de la limite d'exclusion. Verront-ils les icebergs dans cette édition 2020 ? Notons qu'à pareille date, la tête de flotte en 2016 passait déjà au sud du cap de Bonne Espérance, soit un retard actuel de trois jours.

Au milieu de la flotte, de Damien Seguin à Stéphane Le Diraison, les bateaux se rapprochent à la faveur d'un léger flux d'Est tournant NE qu’ils conservent sur la bordure occidentale de l'anticyclone de Sainte Hélène. Dans l’Atlantique nord la situation s'améliore avec le rétrécissement de la zone des calmes du pot au Noir et le rétablissement des alizés. Le groupe allant de F.Amadéo au japonais Shiraishi passe ainsi l'équateur. Avec le changement des conditions  à venir pour chacun, cet écart ne fera que s'accroite à partir de vendredi.

Au cours de la journée, les vents d'ouest vont rapidement fraîchir pour atteindre 7 Beaufort. Avec ces vents portants, les vitesses de progression deviendront élevées. La fatigue morale, avec le peu de vents de ces derniers jours, laissera la place alors à une fatigue physique car il faut tout aussi rapidement se préparer à affronter les mers du sud et checker le bateau pour affronter une mer grossissante et des conditions musclées. 

ce vendredi soir, il sera alors possible de faire un cap plein est pour profiter de l’autoroute du sud au niveau du 43° de latitude tout en restant en marge de la zone d’exclusion plus au sud où se trouvent les growlers et icebergs qui se détachent des glaciers. A l’arrière, il est fort probable que les poursuivants immédiats soient toujours scindés en deux groupes, mais commencent eux aussi à bénéficier de la levée du flux de nord-ouest.

Il faudra néanmoins surveiller l'approche de la première dépression de ces mers du sud, qui va passer dans leur sud dans la nuit de ce vendredi à samedi, générant de fortes conditions de mer et de vent.

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SITUATION METEO DU SAMEDI 28 NOVEMBRE : enfin sur les 40 èmes Rugissants !

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Les quarantièmes Rugissants est le nom donné par les marins aux grands vents qui soufflent entre les 40ème et 50ème parallèles sud. L'océan étant ici très vaste et sans terre pour casser les vagues et ralentir les vents. Les conditions météorologiques y sont très musclées mais ont permis aux navigateurs d'en profiter depuis le 17 ème siècle pour rejoindre rapidement le sud de l'océan Indien en direction des "Indes", à l'époque des marchands. 

De nos jours, les concurrents connaissent bien ces mers du sud que l'on appelle l'océan Austral, appréciant et redoutant en même temps ces grands vents et ces mers parfois très grosses. Les icebergs en provenance de l'Antarctique, dont l'extension de la banquise est cette année supérieure à la moyenne à la sortie de l'hiver austral, peuvent constituer des menaces. Pour les éviter et sécuriser cette course, la direction a défini comme lors de chaque édition une "zone d'exclusion" que les skippers ne doivent pas franchir. Cette ligne est située vers 44° S dans cette zone.

Grâce au rail de l’Atlantique sud, présent au sud du Cap de Bonne Espérance, une bonne partie des bateaux de la première moitié de la flotte progressera à vive allure dans une mer assez forte mais majoritairement portante. L’autoroute du sud sera bien établie, avec en moyenne 30 nœuds de vent et des rafales à 40 nœuds, avec des creux de 3 mètres. Après la descente vers le sud-est, un seul changement de bord sera nécessaire dans la nuit de vendredi à samedi pour remonter légèrement vers le nord-est afin de bénéficier des vents portants venant alors du nord-ouest. Là aussi, les skippers pourront choisir plusieurs routes, préférant descendre plus au sud, ou, au contraire, remontant un peu vers le nord-est.

Les concurrents de tête trouveront une situation météo caractéristique de la région, avec des dépressions et des passages de fronts. Cela favorise une progression rapide pour les skippers, mais variable parfois selon leur position par rapport aux fronts. Il faudra être bien placés pour se trouver majoritairement devant les fronts et "glisser" avec eux plutôt que de subir des baisses de vents à l'arrière. "Plus facile à dire qu'à faire ", reconnaissons-le! Ils bénéficieront d'un vent de nord-ouest bien établi avec une mer très formée (creux de 3 à 4 m). La navigation devrait pouvoir se faire durablement sur un seul bord. A l'arrière, entre deux systèmes dépressionnaires, les vents pourraient mollir temporairement avant un coup de vent arrivant par l'ouest et pouvant menacer les concurrents restés attardés. On le voit, même si les vitesses seront généralement rapides pour tout le monde, ce retour dans de grosses conditions ne sera pas de tout repos, à la fois physiquement et tactiquement. 

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TENDANCE ULTÉRIEURE : Cap de Bonne Espérance puis Océan Indien

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Certes les concurrents de tête ne verront pas le cap de Bonne Espérance, passant largement au sud, mais le franchissement de sa longitude (20° Est) marque une nouvelle page dans le Vendée Globe, avec l'entrée dans l'océan Indien. Concrêtement cela ne changera rien aux conditions rencontrées par les skippers. Ils les garderont tout au long de leur course dans les mers du sud, marquées par le défilé incessant des dépressions et de zones moins ventées entre chacunes. Le passage au sud du Cap de Bonne Espérance se fera dans la nuit de dimanche à lundi, toujours dans des conditions de vent de secteur ouest-nord-ouest force 6 à 7 Beaufort (vents moyens de 25 à 30 noeuds). A l'arrière, les poursuivants seraient plutôt dans un flux de secteur d'ouest-sud-ouest moins bénéfique, ce qui influera sur leur choix de route.

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Régis CREPET, météo marine Météoconsult

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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