Météo du Vendée Globe : direction le Cap de Bonne Espérance !

Par Figaronautisme.com

Chaque jour, un expert en météo marine de METEO CONSULT analyse et décrypte la situation météo et son évolution pour les skippers de l’édition 2020-2021 du Vendée Globe. Ce samedi, le changement de cap est désormais bien visible sur la trajectoire des concurrents. En effet, les deux tiers de la flotte se sort des calmes anticycloniques et s'engagent sur les 40èmes Rugissants, avec une position remarquablement sud par rapport aux autres éditions du Vendée Globe. En tête, C. Dalin maintient son avance et commence déjà à remonter vers le NE à l'avant des fronts. Les poursuivants profitent désormais du portant, sans changement notable dans le classement. Seul J. Beyou n'avait pas encore franchi l'équateur. Verront-ils les icebergs ?

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CE SAMEDI

Désormais la course de vitesse s'enclenche dans une situation géographique très sud, non loin de la limite d'exclusion. Verront-ils les icebergs dans cette édition 2020 ? Notons qu'à pareille date, la tête de flotte en 2016 passait déjà au sud du cap de Bonne Espérance, soit un retard actuel de trois jours.

On observe une distance de plus de 3000 milles entre le premier, C.Dalin, et J.Beyou qui ferme la marche. Cet écart devrait se creuser désormais à la faveur des grandes vitesses. Au milieu de la flotte, d'A. Boissières à K. Shisraishi,  les bateaux se suivent à la faveur des alizés de secteur ESE réguliers.

J. Beyou glisse lui difficilement à l'approche des vents erratiques du Pot-au-Noir. Sa trajectoire en dent de scie révèle bien l'instabilité du vent qui oblige à de fréquents empannages. Il ne va plus tarder à toucher la molle du pot au nord, heureusement très rétréci désormais, donc plus court à traverser.

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SITUATION METEO DU SAMEDI 28 NOVEMBRE : enfin sur les 40 èmes Rugissants !

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La tête de flotte naviguera désormais entre le 40ème et 43ème parallèle, quasiment en limite de la zone d'exclusion, qui a été remontée par la Direction de la Course. Cette position, très sud, est nécessaire en raison d'une situation météorologique inhabituelle dans ces parages. En effet, l'anticyclone "de Sainte Hélène" est descendu tellement bas en latitude qu'il s'étire désormais entre le sud du Brésil et le sud de l'Afrique du sud, obligeant les concurrents à naviguer au sud de celui-ci pour profiter des grands vents d'ouest.

Rappelons que les quarantièmes Rugissants est le nom donné par les marins aux grands vents qui soufflent entre les 40ème et 50ème parallèles sud. L'océan étant ici très vaste et sans terre pour casser les vagues et ralentir les vents. Les conditions météorologiques y sont très musclées mais ont permis aux navigateurs d'en profiter depuis le 17 ème siècle pour rejoindre rapidement le sud de l'océan Indien en direction des "Indes", à l'époque des marchands. 

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De nos jours, les concurrents connaissent bien ces mers du sud que l'on appelle l'océan Austral, appréciant et redoutant en même temps ces grands vents et ces mers parfois très grosses. Les icebergs en provenance de l'Antarctique, dont l'extension de la banquise est cette année supérieure à la moyenne à la sortie de l'hiver austral, peuvent constituer des menaces. Pour les éviter et sécuriser cette course, la direction a défini comme lors de chaque édition une "zone d'exclusion" que les skippers ne doivent pas franchir. Cette ligne est située vers 44° S dans cette zone.

Direction le Cap de Bonne-Espérance

Grâce au rail de l’Atlantique sud, présent au sud du Cap de Bonne Espérance, une bonne partie des bateaux de la première moitié de la flotte progressera à vive allure dans une mer assez forte mais majoritairement portante. L’autoroute du sud sera bien établie, avec en moyenne 30 nœuds de vent et des rafales à 40 nœuds, avec des creux de 3 mètres. Après la descente vers le sud-est, un seul changement de bord sera nécessaire dans la nuit de ce vendredi à samedi pour remonter légèrement vers le nord-est afin de bénéficier des vents portants venant alors du nord-ouest, avec une allure au grand largue. Là aussi, les skippers suivants seront obligés de remonter tous un peu vers le nord-est.

L'objectif sera de rester à l'avant des perturbations générées par la dépression située plus au sud, laquelle entraînent un net renforcement des vents de secteur NW à W, tournant WSW à l'arrière du front. A priori, la tête de course, aussi bien constituée de C. Dalin et de T.Ruyant que de L. Burton et S. Davies devraient se retrouver à l'avant, en bonne position.

Les groupes du milieu de course, après avoir franchi l'Equateur, poursuivrons leur descente au nord de l'anticyclone de Sainte Hélène, bénéficiant durablement des alizés de l'est.

Notons enfin pour Jérémie Beyou une situation toujours délicate dans le Pot au Noir où un passage étroit vers le 28°40°W peut être envisagé.

SITUATION METEO DU DIMANCHE 29 NOVEMBRE : coup de vent au sud de Bonne Espérance

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Comme le montre les cartes, la dépression des basses latitudes se trouvera vers 52°S et 5°E en se comblant lentement. L'anticyclone de Sainte Hélène restera situé très bas par rapport à la normale, vers 38°S et 22°W, s'étirant par une dorsale jusqu'au sud du Cap de Bonne Espérance. Cela obligera les concurrents à naviguer dans le couloir de vent portant, compris entre la zone d'exclusion au sud, et le calme induit par la dorsale au nord. La marge de manoeuvre restera suffisante en restant à l'avant du front, mais après être remonté lentement vers l'ENE afin de garder une allure favorable il faudra envisager un changement de bord pour redescendre légèrement vers le SE afin de bénéficier d'une allure portante. Au fil de leur progression, les bateaux de tête trouveront un vent de plus en plus portant ce qui imposera des manoeuvres toujours périlleuses par vents forts.

Les concurrents de la moitié du classement auront rejoint aussi le flux des basses latitudes mais ceux qui seront à l'arrière du front devront probablement composer avec un vent moins propice aux grandes vitesses. Dans cette configuration, les écarts pourraient se creuser rapidement.

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TENDANCE ULTÉRIEURE : Cap de Bonne Espérance puis Océan Indien

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Les concurrents de tête trouveront une situation météo caractéristique de la région, avec des dépressions et des passages de fronts. Cela favorise une progression rapide pour les skippers, mais variable parfois selon leur position par rapport aux fronts. Il faudra être bien placés pour se trouver majoritairement devant les fronts et "glisser" avec eux plutôt que de subir des baisses de vents à l'arrière. "Plus facile à dire qu'à faire ", reconnaissons-le! Ils bénéficieront d'un vent de nord-ouest bien établi avec une mer très formée (creux de 3 à 4 m). A l'arrière, entre deux systèmes dépressionnaires, les vents pourraient mollir temporairement avant un nouveau fraîchissement par l'ouest pouvant menacer les concurrents restés attardés. On le voit, même si les vitesses seront généralement rapides pour tout le monde, ce retour dans de grosses conditions ne sera pas de tout repos à la fois physiquement et tactiquement. 

Les concurrents de tête ne verront pas le cap de Bonne Espérance car ils passeront largement au sud, mais le franchissement de sa longitude (20° Est) marquera une nouvelle page dans le Vendée Globe, avec l'entrée dans l'océan Indien. Ce passage s'effectuera en matinée de lundi, donc un peu plus tard qu'escompté initialement au vu des modèles météo. Ce changement de bassin océanique ne changera rien aux conditions rencontrées par les skippers. Ils les garderont tout au long de leur course dans les mers du sud, marquées par le défilé incessant des dépressions et de zones moins ventées entre chacunes. Le passage au sud du Cap de Bonne Espérance se fera donc probablement dans la matinée de lundi, dans des conditions de vent de secteur W dominant force 6 Beaufort (vents moyens de 22 à 28 noeuds). A l'arrière, les poursuivants seraient plutôt dans un flux de secteur d'ouest-sud-ouest moins bénéfique, ce qui influera sur leur choix de route et obligera sans doute à changer à nouveau de bord. Ces manoeuvres viendront ajouter de la fatigue dans ces conditions assez musclées.

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Régis CREPET, météo marine Météoconsult

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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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