Météo du Vendée Globe : dans les mers du sud !

Par Figaronautisme.com

Chaque jour, un expert en météo marine de METEO CONSULT analyse et décrypte la situation météo et son évolution pour les skippers de l’édition 2020-2021 du Vendée Globe. Ce dimanche, le changement de cap est désormais bien visible sur la trajectoire des concurrents. En effet, les deux premiers tiers de la flotte se sort des calmes anticycloniques et s'engagent sur les 40èmes Rugissants avec une position remarquablement sud par rapport aux précédentes éditions. Toujours en tête, C. Dalin maintient son avance et continue à remonter vers le nord-est à l'avant des fronts. Les poursuivants profitent désormais de conditions de vents portants. Seul J. Beyou n'avait pas encore franchi l'équateur. L'objectif devant est maintenant de filer vers le sud du Cap de Bonne Espérance, prévu pour lundi.

Bulletin actualisé chaque jour à 12h

CE DIMANCHE

Désormais la course de vitesse est enclenchée pour le premier tiers de la flotte, dans une situation géographique très sud, non loin de la limite d'exclusion. Les mers du sud offrent alors leur aspect agité redoutable tandis que les skippers naviguent, pour certains, devant les perturbations (front chaud et front froid) dans des vents orientés soit au nord-ouest pour les premiers, soit au sud-ouest, à l'arrière du front, pour les suivants.

On observe une distance de près de 3200 milles entre le premier, C.Dalin, et J.Beyou qui ferme la marche. Cet écart, qui s'est accru ces dernières 24h, devrait encore se creuser désormais à la faveur des grandes vitesses rencontrées par les premiers. Saluons à ce sujet Alex Thomson, contraint à l'abandon vendredi suite à une avarie : il s'est dérouté désormais vers la ville du Cap.

La tête de flotte navigue elle désormais entre le 40ème et 43ème parallèle, quasiment en limite de la zone d'exclusion, qui a été remontée par la Direction de la Course. Cette position, très sud, est nécessaire en raison d'une situation météorologique inhabituelle dans ces parages. En effet, l'anticyclone "de Sainte Hélène" est descendu tellement bas en latitude qu'il s'étire désormais entre le sud du Brésil et le sud de l'Afrique du sud, obligeant les concurrents à naviguer au sud de celui-ci pour profiter des grands vents d'ouest.

On note que cette partie tiers de la flotte navigue dans de grosses conditions de mer et de vent, dans la partie nord d'une dépression dont nous avons beaucoup parlé dans nos précédents bulletins. Ils affrontent désormais les vents puissants et réguliers des 40 èmes Rugissants, dans une ambiance froide et humide.

Dans la partie centrale de la flotte, beaucoup plus au nord, les bateaux se suivent à la faveur des alizés réguliers de secteur est mais les premiers de ce groupe (A.Tripon et A.Boissières par exemple) seront désormais un peu ralentis par leur arrivée dans la ceinture de l'anticyclone de Sainte-Hélène et dont ils vont connaître à leur tour les calmes.

En fin de classement J. Beyou a traversé le pot au Noir, très étroit par rapport à l'époque où les premiers concurrents l'avaient franchi, et s'apprète à franchir l'équateur au bout de 9 jours de course, soit le même temps qu'avait fait Alex Thomson pour y arriver. Néanmoins, il avait encore perdu du temps sur le premier avec une distance de plus de 3200 milles Nautiques ce dimanche matin : il touche à présent les alizés du sud-est qui devraient lui permettre de reprendre un peu de vitesse, bien que ces alizés ne lui soient pas très favorables, imposants une navigation au près. Désormais, tous les navigateurs seront dans l'hémisphère sud.

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Direction le Cap de Bonne-Espérance

Après la descente vers le sud-est, la tête de flotte a effectué le changement de bord nécessaire pour remonter légèrement vers le nord-est afin de bénéficier des vents portants venant alors du nord-ouest, avec une allure au grand largue. Là aussi, les skippers suivants sont obligés de remonter tous un peu vers le nord-est. C. Dalin, le plus au sud, fut le premier a effectuer ce changement de bord vendredi, suivi de T. Ruyant, qui avance bien et qui maintient sa position mais rattrapé rapidement par le peloton. Notons qu'à la faveur des vents portants, les concurrents arrières se sont rapprochés de la tête de course, avec des vitesses de progressions proches de 20 noeuds. Un groupe formé, entre autres, d'Y.Bestaven, K.Escoffier ou encore J.Le Cam s'est élançé aux trousses de C.Dalin.

L'objectif sera désormais de rester à l'avant des perturbations générées par la dépression située plus au sud, laquelle entraîne un net renforcement des vents de secteur NW à W, tournant WSW à l'arrière du front. A priori, la tête de course, aussi bien constituée de C. Dalin et de T.Ruyant que de L. Burton et S. Davies, se retrouvent à l'avant, en bonne position.

Sur "l'autoroute du sud"

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Comme le montrent les cartes, la dépression des basses latitudes se trouvera vers 58°S et 9°E en se comblant lentement. L'anticyclone de Sainte Hélène restera lui situé très bas par rapport à la normale, vers 38°S et 21°W en s'étirant par une dorsale jusqu'au sud du Cap de Bonne Espérance. Cela obligera les concurrents à naviguer dans le couloir de vent portant, compris entre la zone d'exclusion au sud, et le calme induit par la dorsale au nord. La marge de manoeuvre restera suffisante en restant à l'avant du front, mais après être remonté lentement vers l'ENE afin de garder une allure favorable, il faudra envisager un changement de bord pour redescendre légèrement vers le SE afin de bénéficier d'une allure portante. Au fil de leur progression, les bateaux de tête trouveront un vent de plus en plus portant ce qui imposera des manoeuvres toujours périlleuses par vents forts. Un nouveau changement de bord sera donc probable pour redescendre vers le sud. Ce type de navigation d'ici à mercredi s'annonce très physique.

Ainsi, les premiers doivent s'attendre désormais à se faire légèrement rattraper par le fraîchissement des vents par l'arrière, tournant au SW. 

A l'arrière, les concurrents situés au milieu du classement dont nous avons parlé ci-dessus contourneront le fameux anticyclone de Sainte-Hélène sur sa bordure ouest pour bénéficier d'un petit vent de 7 à10 noeuds de secteur ENE puis de NNW. En revanche ceux qui seront à l'arrière, composés en outre de F.Amadéo en tête jusqu'au japonais K. Shiraishi en fin de groupe, conserveront encore l'alizé d'Est régulier favorable à leur progression régulière.

Dans cette configuration, les écarts pourraient se creuser encore davantage entre le premier et le dernier. Le passage au sud du Cap de Bonne Espérance est envisagé en matinée de lundi pour les premiers. Notons qu'à pareille date, la tête de flotte en 2016 passait déjà au sud du cap de Bonne Espérance, soit un retard actuel de trois jours.

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SITUATION METEO DU LUNDI 30 NOVEMBRE : passage au sud de Bonne Espérance

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Lundi marquera une transition géographique dans cette édition du Vendée Globe, puisque les premiers passeront dans le sud du Cap de Bonne Espérance. 

Les concurrents de tête ne verront pas le cap de Bonne Espérance car ils passeront largement au sud, mais le franchissement de sa longitude (20° Est) marquera une nouvelle page dans le Vendée Globe, avec l'entrée dans l'océan Indien. Ce passage s'effectuera en matinée.

Parenthèse géoclimatologique à propos du Cap de Bonne Espérance qui n'est pas la pointe la plus au sud du continent Africain à proprement parler, c'est le cap des Aiguilles, situé à 150 km plus au SE de celui-ci qui est la vraie délimitation géographique. Le Cap de Bonne Espérance, non loin de la ville portuaire du Cap, bénéficie cependant d'une plus grande notoriété historique. Situé par 34° Sud, ce serait l'équivalent de la position de Casablanca sur la côte marocaine pour l'hémisphère nord. Surprenant, car les conditions climatiques sont bien plus redoutables au niveau du Cap de Bonne Espérance qu'à la latitude de l'Afrique du Nord. Cela est du au fait que la zone d'extension des dépressions australes et du froid remonte bien plus en latitude que les mêmes dépressions boréales dans notre hémisphère. La présence du continent antarctique est le principal facteur de cette configuration. Notons aussi qu'il reste nettement plus au nord que son homologue américain, le célèbre Cap Horn, situé, lui, par 55° Sud.

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                          Le Cap de Bonne Espérance (Afrique du Sud) / Wikimedia Commons

Les concurrents de tête trouveront une situation météo caractéristique de la région, avec des dépressions et des passages de fronts. Cela favorise une progression rapide pour les skippers, mais variable parfois selon leur position par rapport aux fronts. Il faudra être bien placés pour se trouver majoritairement devant les fronts et "glisser" avec eux plutôt que de subir des baisses de vents à l'arrière. "Plus facile à dire qu'à faire ", reconnaissons-le !

En détail, cette journée de lundi sera marquée pour le peloton de tête par un coup de vent de secteur ouest dominant. Les vents varieront entre le nord-ouest à l'avant du front et le sud-ouest à l'arrière. La mer grossira à nouveau avec des creux de 3 à 4 mètres. 

Plus à l'arrière, les concurrents situés au milieu de la flotte commenceront à descendre au sud de l'anticyclone de Sainte Hélène et toucheront alors le flux de secteur nord-ouest qui les propulsera, eux aussi, sur la bretelle d'accès à l'autoroute du sud. En queue de la flotte, J. Beyou commencera à toucher les alizès de secteur sud-est au sud du Pot au Noir, lui permettant de reprendre de la vitesse même si cette orientation l'obligera à naviguer durablement au près.

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TENDANCE ULTERIEURE: gros temps dans l'océan Indien !

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Ce mardi sera une journée difficile mais mémorable car le peloton de tête sera passé dans l'océan Indien. Ce sera aussi le premier jour de l'été météorologique dans l'hémisphère sud. Les conditions seront musclées en lien avec une dépression circulant au sud des concurrents et qui aura tendance à remonter un peu vers 48° S et 34 E. Elle génère toujours dans sa partie nord un flux d'WSW atteignant la force 8 Beaufort, soit le niveau du coup de vent. Ces grosses conditions de mer et de vent concerneront probablement le premier tiers de la flotte, qui se trouvera dès lors confronté à une période difficile. Une lente atténuation des vents devrait ensuite s'observer mercredi, dans un flux orienté au secteur sud-ouest pour tout le monde.

Parallèlement, les concurrents qui étaient situés en milieu de course ce samedi, devraient eux se trouver sur l'autoroute du sud, probablement très sud également afin de contourner l'anticyclone de Sainte Hélène, toujours aussi bas en latitude. Ils passeront alors sous l'influence d'une deuxième grosse dépression qui suit par l'ouest, générant globalement les mêmes conditions qu'ont trouvé les premiers en passant dans ce secteur depuis vendredi soir. 

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Régis CREPET, météo marine Météoconsult

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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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