Météo du Vendée Globe : vers le passage du Cap de Bonne Espérance !

Par Figaronautisme.com

Chaque jour, un expert en météo marine de METEO CONSULT analyse et décrypte la situation météo et son évolution pour les skippers de l’édition 2020-2021 du Vendée Globe. Ce lundi matin, Charlie Dalin faisait toujours la course en tête et passera dans quelques heures au large du Cap de Bonne Espérance.

Bulletin actualisé chaque jour à 12h

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                               Image satellite de l'Atlantique Sud de ce dimanche (@EUMETSAT)

Situation actuelle : le point

On observe une distance de plus de 3300 milles entre le premier, C.Dalin, et J.Beyou qui ferme la marche. Cet écart, qui s'est accru de 250 milles ces dernières 48h, devrait encore se creuser à la faveur des grandes vitesses rencontrées par les premiers. Rappelons que J. Beyou a été contraint de revenir aux Sables d'Olonne pour réparer, après avoir percuté un objet flottan au large du Portugal et repartir ensuite 10 jours après ses camarades. Saluons à ce sujet Alex Thomson, contraint à l'abandon samedi suite à une avarie et qui fait route vers la ville du Cap(Afrique du sud) qu'il devrait atteindre dans 5 jours.

La tête de flotte navigue désormais entre le 40ème et 43ème parallèle, quasiment en limite de la zone d'exclusion, qui a été remontée par la Direction de la Course. Cette position, très sud, est nécessaire en raison d'une situation météorologique inhabituelle dans ces parages. En effet, l'anticyclone "de Sainte Hélène" est descendu tellement bas en latitude qu'il s'étire désormais entre le sud du Brésil et le sud de l'Afrique du sud, obligeant les concurrents à naviguer au sud de celui-ci pour profiter des grands vents d'ouest.

Le premier tiers navigue dans de grosses conditions de mer et de vent, au nord d'une dépression. Ils affrontent désormais les vents puissants et réguliers des 40 èmes Rugissants, dans une ambiance froide et humide.

Ce n'est certes pas la même musique pour tout le monde, puisque la deuxième moitié de la flotte est encore située dans un alizé chaud et régulier d'est et s'apprête à pénétrer dans les calmes de l'anticyclone de Sainte-Hélène. Entre le premier et le dernier, il y a l'équivalent de la distance entre la Scandinavie et la Méditerranée par exemple !

En fin de classement J. Beyou passe l'Equateur plus de 10 jours après A. Thomson. Il touche à présent les alizés du sud-est qui devraient lui permettre de reprendre de la vitesse, bien que ces alizés ne lui soient pas très favorables car imposants une navigation au près. Désormais, tous les navigateurs sont dans l'hémisphère sud.

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SITUATION METEO DU LUNDI 30 NOVEMBRE : passage au sud de Bonne Espérance

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Ce lundi marque une transition géographique dans cette édition du Vendée Globe, puisque les premiers passeront dans le sud du Cap de Bonne Espérance. 

Les concurrents de tête ne verront pas le cap de Bonne Espérance car ils passeront largement au sud, mais le franchissement de sa longitude (20° Est) marquera une nouvelle page dans le Vendée Globe, avec l'entrée dans l'océan Indien. Ce passage s'effectuera à partir de la matinée.

Parenthèse géoclimatologique à propos du Cap de Bonne Espérance : celui-ci n'est pas véritablement la pointe la plus au sud du continent Africain à proprement parler, c'est le cap des Aiguilles, situé à 150 km plus au SE de celui-ci qui est la vraie délimitation géographique. Le Cap de Bonne Espérance, non loin de la ville portuaire du Cap, bénéficie cependant d'une plus grande notoriété historique. Situé par 34° Sud, ce serait l'équivalent de la position de Casablanca sur la côte marocaine pour l'hémisphère nord. Surprenant, car les conditions climatiques sont bien plus redoutables au niveau du Cap de Bonne Espérance qu'à la latitude de l'Afrique du Nord. Cela est du au fait que la zone d'extension des dépressions australes et du froid remonte bien plus en latitude que les mêmes dépressions boréales dans notre hémisphère. La présence du continent antarctique est le principal facteur de cette configuration. Notons aussi qu'il reste nettement plus au nord que son homologue américain, le célèbre Cap Horn, situé, lui, par 55° Sud.

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                          Le Cap de Bonne Espérance (Afrique du Sud) / Wikimedia Commons

Les concurrents de tête trouvent une situation météo caractéristique de la région, avec des dépressions et des passages de fronts. Cela favorise une progression rapide pour les skippers, mais variable parfois selon leur position par rapport aux fronts. Il faudra être bien placés pour se trouver majoritairement devant les fronts et "glisser" avec eux plutôt que de subir des baisses de vents à l'arrière.

Le premier groupe de la course progresse sous par des vents forts d'ouest-sud-ouest dominant entre 25 et 30 noeuds avant de toucher un coup de vent (force 8 Beaufort) la nuit prochaine. La mer grossira à nouveau avec des creux de 3 à 4 mètres, montant vers 6 m. 

Le groupe du milieu commence lui à descendre au sud de l'anticyclone de Sainte Hélène et récupère le flux de secteur nord-ouest qui les propulsera, eux aussi, sur la bretelle d'accès à l'autoroute du sud. Ils doivent impérativemant mettre un cap vers l'est pour ne pas se faire rattraper par une grosse dépression circulant par 45°S et 35°, génératrice d'une situation de tempête. 

En queue de la flotte, J. Beyou navigue dans les faibles alizès de secteur sud-est lui permettant de reprendre un peu de vitesse même si cette orientation l'obligera à naviguer durablement au près.

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SITUATION METEO DU MARDI 1er DECEMBRE : gros temps dans l'océan Indien !

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Ce mardi sera une journée difficile mais importante dans le Vendée Globe car le peloton de tête sera passé dans l'océan Indien. Ce sera aussi le premier jour de l'été météorologique dans l'hémisphère sud. Les conditions seront musclées en lien avec une dépression circulant au sud des concurrents et qui aura tendance à remonter un peu vers 48° S et 34 E. Elle génère toujours dans sa partie nord un flux d'WSW atteignant la force 8 Beaufort, soit le niveau du coup de vent.

Ces grosses conditions de mer et de vent concerneront probablement la première moitié de la flotte, qui se trouvera dès lors confronté à une période difficile. Une lente atténuation des vents devrait ensuite s'observer à l'arrière, pour les skippers qui passeront le sud du Cap de Bonne-Espérance à ce moment-là, avec un vent de secteur SW entre force 6 et 7 Beaufort, soit entre 22 et 28 noeuds de vent moyen. La mer sera très grosse pour toute la première partie de la flotte, avec des vagues montant à 6 m.

Les concurrents situés jusqu'alors dans la deuxième moitié de la flotte devraient, quant à eux, naviguer en bordure sud de l'anticyclone dit de "Sainte Hélène", mais descendu tellement bas que son nom ne sera même plus représentatif (par 41° de latitude sud environ). Ils évolueront dans un flux portant de NW faiblissant entre les deux dépressions australes.

Les plus attardés achèveront de contourner l'anticyclone par sa bordure WSW. Il devrait redoubler de vigilance et éviter de subir l'arrivée d'un fort coup de vent lié à une deuxième dépression australe qui suit la même trajectoire que la première.

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TENDANCE ULTERIEURE : sous la menace des dépressions australes !

A partir de mercredi, une bonne première moitié des concurrents se retrouvera dans le sud de l'Océan Indien sous l'influence des dépressions circulant plus au sud. Il faudra veiller à ne pas descendre trop bas pour éviter la situation de fort coup de vent et une mer formée avec des vagues de 4 à 6 m. L'orientation des vents au SW pour les premiers les obligera probablement à faire une route vers l'ESE.

A l'arrière, les vents faibliront entre les deux systèmes dépressionnaires dans une mer restant très formée tandis qu'à la longitude du Cap de Bonne Espérance es vents d'WNW fraîchissent une nouvelle fois en liaison avec la circulation très au sud de la seconde dépression australe.

Les derniers concurrents achèveront de contourner l'anticyclone de Sainte Hélène, bénéficiant d'un bon portant de secteur NW tandis que J. Beyou pourrait rencontrer à son tour les calmes de l'anticylone de Sainte Hélène.

Régis CREPET, météo marine Météoconsult

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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