Thomas Ruyant : « trouver la trajectoire la plus safe possible »
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« On est à l’avant du front, ce sont des conditions assez toniques mais finalement assez agréables. On arrive à être à 20 nœuds environ, plus de 25 nœuds pour moi en ce moment. C’est plus agréable que depuis trois ou quatre jours. Ce n’est pas un temps à grain, la mer est assez rangée contrairement à une bascule derrière le vent comme on a pu en avoir pendant plusieurs jours. Là, on avance avec ce front. Ce sont des navigations assez « sport » et il faut réussir à vivre à ces vitesses-là.
Cela fait plusieurs jours qu’on voit que la dépression se creuse au long du front, qu’elle se renforce avec une bascule de vent à négocier. J’essaie de trouver la trajectoire la plus ‘safe’ possible, d’adapter ma vitesse en fonction de l’endroit où je veux passer. Je vais tenter d’éviter le noyau de houle le plus fort. Ce n’est pas une trajectoire simple à trouver et les conditions vont se renforcer d’ici demain. Nous avons tous un peu la même idée : passer au nord par rapport à ce noyau de houle. La mer sera assez démontée, on va essayer de passer au meilleur endroit possible pour préserver le bateau et le marin.
Moi, ça va pas mal. Je n’ai pas eu de gros souci. J’essaie d’entretenir mon bateau de bien le tenir en état. J’arrive à faire des grosses nuits. On fait route vers l’est très rapidement et j’essaie de m’adapter à ça : à minuit TU, il fait jour et il faut adapter son sommeil en fonction de ça. Je fais tout afin de me préserver pour la suite des événements. Le plaisir, on le trouve dans le défi et dans la compétition qui a lieu. C’est grisant d’aller à ces vitesses-là, de mener des bateaux aussi exceptionnels et d’essayer de trouver la bonne trajectoire. Là, je prends mon pied, même si on sait que le Vendée Globe est une course longue qui n’a rien de simple. »