Nouveau départ en tête de flotte

Encore 24h de vent instable
« La route est toute droite vers le nord mais pas claire. Jusqu’à Recife, les alizés de nord-est ne sont pas stables, il y a des bulles avec moins de vent, et des variations en force et en direction. Sur l’eau, il doit y avoir des écarts de pression donc de vitesse entre les bateaux. Pas simple du tout ! » expliquait ce matin Sébastien Josse, consultant météo pour la direction de course du Vendée Globe. La longue course en solitaire prend aujourd’hui un autre visage, celui d’une régate au contact entre 5 IMOCA, si ce n’est 9 en y ajoutant Herrmann, Dutreux, Pedote et Le Cam. « La position de chassé de Yannick n’est vraiment pas facile car il doit la tenir. Le pire c’est qu’on risque de revenir sur tout le monde car la zone de vent faible va s’en aller » confiait le roi Jean à la vacation matinale remonté comme une pendule, teint frais après sa toute première douchette et moral au beau fixe. Les écarts dans ce groupe de tête sont inédits, présage d’arrivées aux Sables d’Olonne en mode rafale. Jean Le Cam soulignait par la même qu’il y a huit ans « Gabart arrivait en Vendée, quand j’étais encore au Cap-Vert en 5e position. » De quoi en effet remettre les choses en perspective ! Et dire que les 9 premiers se tiennent en 127 milles seulement…
Foiler et bateau dérive : même combat dans les petits airs
« J’ai un foil bâbord que je n’arrête pas de rentrer et de sortir en fonction des risées et qui j’espère me servira dans les heures et jours à venir » lançait Yannick Bestaven à la vacation de la mi-journée. Les appendices de Maître CoQ IV sont en effet dans leur intégrité, comme ceux de Bureau Vallée 2, ce qui n’est pas le cas de LinkedOut ni d’Apivia. A moins que Charlie Dalin ne ressorte l’arme fatale le temps de quelques heures pour reprendre au bon moment l’avantage ? Ce sera bien difficile de le savoir sauf à regarder les vitesses sur la cartographie. Toujours est-il que si dans les alizés puissants, l’avantage des ailes porteuses est indéniable, en-dessous de 15 nœuds de vent, le différentiel est minime. Les bateaux à dérive vont donc jouer cartes sur tables jusqu’à Récife…
Naviguer souple et faire le dos rond
La flotte s’étire sur moins de 7 000 milles ce mardi, et désormais 17 IMOCA naviguent en Atlantique Sud depuis que Pip Hare a doublé le Cap Horn la nuit dernière. Deux concurrents se font encore secouer : Romain Attanasio au large de Montevideo et Alexia Barrier à 800 milles dans l’ouest du point Nemo. Des conditions toniques sur mer chaotique pour Romain qui n’en a que pour quelques heures encore, du vent fort et des vagues de plus de 6 mètres pour Alexia qui mange son pain noir depuis plus de 24h au milieu d’une dépression en provenance de l’Antarctique. Du côté du Cap Horn, les prochains à prendre la porte de l’Atlantique seront Stéphane Le Diraison et l’Espagnol Didac Costa. Les deux hommes crieront un bon coup pour fêter leur victoire sur un Pacifique rude demain midi !
Objectif terre pour Isabelle Joschke
Après son abandon du Vendée Globe survenu samedi à l’Est des Iles Malouines au large de l’Argentine, et l’abattement bien compréhensible qui en a découlé, Isabelle Joschke et le team MACSF se sont très vite remobilisés. Dans les heures qui ont suivi, une course contre la montre s’est engagée pour assurer la sécurité de la navigatrice obligée de poursuivre sa route dans des conditions de mer très difficiles (5 à 6 mètres de houle, plus de 40 nœuds de vent). Isabelle Joschke est donc contrainte de naviguer autrement sur son IMOCA qui ne réagit plus de la même manière. L’équipe technique est intervenue pour l’aider à choisir la meilleure route à suivre et déterminer les vitesses les mieux adaptées. Elle bénéficie également de l’aide précieuse de Christian Dumard, consultant météo auprès de la direction de course du Vendée Globe. « Isabelle va désormais devoir se montrer patiente. Elle traverse en ce moment une zone sans vent. Elle devrait accoster au Brésil plus certainement qu’en Afrique du Sud, même si aujourd’hui la question n’est pas complètement tranchée. Cependant la pointe du continent africain paraît loin et comporte des risques. Le port pourrait être Itajai, Rio de Janeiro ou Salvador de Bahia. L’objectif est qu’elle gagne le nord le plus vite possible pour trouver un flux d’alizés d’Est qui circulent sur la latitude 25-26 Sud. On est en train de mettre en place des solutions d’arrivée pour avoir une équipe prête à l’accueillir » explique Alain Gautier, team Manager du projet MASCF.