Le cap Horn vu de l’intérieur : confidences de son gardien

Une mission hors normesDevenir gardien du cap Horn ne s’improvise pas. Après avoir sillonné le Chili, Tahiti et l’île de Pâques, José Luis s’est installé à Punta Arenas, grande ville du sud de la Patagonie chilienne. C’est là qu’il a postulé pour cette mission unique. La liste des prérequis est surprenante : une condition physique et mentale irréprochable… et une appendicite déjà opérée.
Sa mission ? Maintenir la souveraineté chilienne sur cette terre reculée, surveiller le trafic maritime et les conditions météorologiques, et assurer la sécurité des rares navigateurs osant défier ces eaux hostiles. Mais aussi accueillir les touristes, qui bravent le bout du monde entre septembre et avril.Une famille dans la tempêteDans cet endroit où les tempêtes atteignent régulièrement 182 km/h, José Luis n’est pas seul. Il a embarqué sa femme Pamela, leurs deux enfants, Sofía (14 ans) et Gael (7 ans), ainsi que leur chat Calafate. Ici, pas de supérettes ou de livraisons rapides : le ravitaillement arrive par bateau tous les deux mois, un défi logistique qui fait partie du quotidien.
Pour les enfants, l’école se fait à distance. Sofia suit ses cours en ligne, tandis que Pamela supervise les leçons de Gael, entre mathématiques et espagnol. Une vie isolée mais organisée, loin du tumulte, que José Luis apprécie : "Ce que j’aime ici, c’est la tranquillité. Être en permanence avec ma famille est une expérience que j’apprécie énormément."Le cap des rencontresAu-delà de ses missions, José Luis est aussi une voix rassurante pour les marins qui franchissent le "cap dur", surnommé l’Everest des mers. Les communications VHF rythment ses journées, tout comme les anecdotes des skippers. Lors de la Golden Globe Race, il a eu un échange mémorable avec Kirsten Neuschäfer, première femme à remporter cette course mythique.
Le Vendée Globe occupe une place spéciale dans son cœur. Lors de l’édition 2020, il a brièvement échangé avec Yannick Bestaven, alors en route vers Ushuaia. En 2024, il attend avec impatience les 23 marins qui franchiront ce passage devant "sa maison".
Qu’il s’agisse de signaler des icebergs aux autorités ou de braver des tempêtes déchaînées, José Luis et sa famille vivent une aventure inoubliable. Leur séjour s’étendra jusqu’en février 2026, moment où le cap Horn changera de gardien. Mais pour l’instant, ce roc légendaire continue de résonner des histoires partagées à la radio et des rêves des marins du monde entier.Retrouvez chaque jour notre analyse météo de la course avec METEO CONSULT Marine dans notre dossier spécial Vendée Globe et suivez les skippers en direct grâce à la cartographie.