La peur de l’eau, ça se soigne
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Touchant près de 15 % de la population, la peur de l’eau, ou plutôt la peur dans l’eau, peut s’avérer très handicapante. Car au-delà de la simple angoisse, elle peut provoquer des émotions paralysantes et faire perdre tous ses moyens à la personne qui en souffre. Incontrôlable, cette peur, qui peut atteindre une très forte intensité en l’espace de quelques secondes, s’exprime par des craintes et des croyances infondées, qui empêchent les gens qui en sont atteints de vivre normalement au contact de l’eau. Souvent mal comprise, cette peur, qui est donc mal acceptée, peut se manifester de différentes façons, comme la sensation de couler quand on n’a pas pied, la peur des fonds, la peur d’être aspirée ou encore de pouvoir mourir étouffé ou noyé.
Pour autant, la peur dans l’eau est loin d’être une fatalité. En effet, de nombreux organismes, à l’instar d’Archimède, de Nager tout simplement ou d’Osez l’eau, ont fleuri dans l’Hexagone et proposent des stages relativement courts pour la surmonter. À Paris intra-muros, Le Pied dans l’eau, fondé par Véronique Dufresnes et Jean-Pierre Boumati, tous deux psychopédagogues, propose également ce type de stages. Créée en 1982, cette méthode douce et sensorielle permet chaque année à plus d’un millier d’adultes venant de la France entière et de l’étranger de surmonter leur peur en découvrant le bien-être dans l’eau. « Nous comptons parmi nos clients de nombreux plaisanciers qui, outre le danger auxquels ils s’exposent s’ils tombent à l’eau, sont frustrés de ne pas pouvoir profiter pleinement de la mer, mais également des conjoints ou enfants de plaisanciers qui regrettent de ne pas pouvoir partager la passion de leur femme, mari ou parents. Ces personnes dans un état d’immense vulnérabilité se retrouvent souvent dans une situation d’évitement quand ils sont proches de l’eau, trouvant des excuses pour ne pas se baigner ou participer à des activités nautiques », nous explique Jean-Pierre Boumati, qui rappelle que cette peur peut avoir diverses origines. « On s’est rendu compte que souvent, la nature des pensées mortifères que nos clients entretiennent par rapport à l’eau ou à la mer a pour origine un traumatisme. Plus de 50 % de nos stagiaires ont été poussées dans l’eau lors d’une leçon de natation, poursuit-il. Cela peut également venir de la culture familiale, notamment chez les personnes ayant grandi au bord de l’eau. Il faut rappeler que pour la génération de nos grands-parents, la mer n’était pas un lieu de loisirs mais de labeur, où on allait pour gagner sa vie, et où de nombreux accidents avaient lieu ».
Un stage pour surmonter la peur dans l’eau
Afin de permettre aux « aquaphobiques » de surmonter leur peur, Le Pied dans l’Eau, propose trois formules de stages. « Nous avons trois formules, dont un stage de dix heures sur un week-end, des séances de deux heures par semaine pendant trois mois ou un stage d’une ou deux semaines en bord de mer pendant les vacances dans des lieux paradisiaques, aux Maldives l’hiver et en Égypte l’été », explique Jean-Pierre Boumati. Que ce soit en piscine ou dans la mer, les stagiaires apprennent pas à pas à apprivoiser cet élément qui les traumatise. « Nous partons du principe que les compétences des gens par rapport à l’eau ressemblent à un puzzle auquel il manque des pièces, qui correspondent à des besoins pas satisfaits. Par exemple, 98 % de nos stagiaires sont convaincues de ne pas flotter, 70 % n’ont pas de plaisir à mettre le visage dans l’eau ou dans l’impossibilité de le faire et 30 % n’osent pas s’allonger sur le ventre, alors que pourtant, ils ont souvent pris des cours de natation, avance-t-il. Du coup, on reprend l’apprentissage dans sa chronologie en tenant compte de leurs acquis. L’apprentissage commence par l’immersion du visage sous l’eau. On leur apporte également des éléments d’équilibre aquatique pour qu’ils puissent s’allonger et se redresser calmement et sentir que la poussée d’Archimède permet de flotter ».
De quoi permettre à tous de pouvoir profiter pleinement des joies de la mer et de l’eau.