Catherine Chabaud : « Ocean As Common : nous sommes tous responsables »

Pouvez-vous nous présenter l’Appel pour un "Océan bien commun de l’Humanité"?
"C'est à partir de 2002, date où j'ai arrêté la course au large, que je me suis totalement engagée sur ce sujet. Au départ, je voulais un bateau d’exploration et partir autour du monde pour trouver et créer des solutions en matière de développement durable. Tout est parti de là. Suite à cela, j’ai participé au Grenelle de la Mer, je suis entrée au Conseil économique, social environnemental où j’ai porté l’Océan. En 2013, j’ai organisé une conférence sur la gouvernance de la Haute Mer (ces espaces au-delà des zones économiques exclusives qui n'ont pas de statut juridique). Aujourd’hui, on découvre que l’océan est riche, qu'il est notre avenir… et avec les ressources qui s’amenuisent sur terre, il y a une "ruée vers l’or" sur l’Océan. Ces négociations, pour donner un statut à la Haute Mer, viennent de s’ouvrir et c’est donc une opportunité pour mobiliser. Ma conviction est que pour que l’on accélère la prise de conscience sur l’océan et les solutions de développement durable, chacun doit comprendre qu’il est concerné par cela, que l’Océan est notre avenir.
L'Appel pour un "Océan bien commun de l'Humanité" a été lancé début 2018, j’ai contacté de nombreux experts notamment l’Institut Français de la mer, et ensemble nous avons rédigé cet Appel, lancé le 8 juin dernier, journée mondiale de l’Océan et en compagnie notamment des acteurs de la classe IMOCA. Les skippers sont de formidables ambassadeurs !"
A propos des skippers engagés, la Route du Rhum a permis une formidable mise en avant de votre Appel ?
"Oui, c'est d'ailleurs l'organisation de la course qui m'a contacté. Nous avions un stand au départ à Saint-Malo, ce qui nous a permis de récolter des signatures : nous sommes passé de 1500 à 5000. Nous avons également organisé une grande conférence avec une journée Océan ce qui nous a donné la possibilité de valoriser les actions menées par chacun. La Route du Rhum est notre premier mécène."
Quelles ont été les retombées en France ?
"Nous avons eu un grand intérêt de la part des médias ! Nous menons en parallèle d'une mobilisation du citoyen, une mobilisation des états et en premier l'Etat Français avec lequel nous travaillons. L'idée serait de proposer à la France de porter cette initiative dans le cadre de la négociation de la Haute Mer."
Et à l’étranger ?
"Faible... L'objectif pour 2019-2020 : développer la campagne nationale et de passer à l’international. Nous allons identifier des ambassadeurs étrangers et mobiliser d’autres états. Toute cette stratégie est en cours de construction. Nous cherchons également des mécènes pour nous accompagner."
Le mot de la fin ?
"Mon ambition, cest que les gens s’approprient le projet, dans le monde entier. Et dans le monde de la course, nous avons trois évènements qui sont intéressés pour défendre cet Appel : le Grand Prix Guyader, le Défi Azimut et la Transat Jacques Vabre."