Georges Azouze, président de Costa Croisières France « Les gens ont besoin de penser à l'après, de s'évader »
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Quelle est la situation actuelle de Costa Croisières ? « Costa a procédé à la suspension de l’ensemble de ses opérations, jusqu’au 30 avril pour le moment, qui est la date supposée de la fin du confinement en Italie. Au niveau de la flotte de nos navires, nous avons rapatrié l’ensemble de nos clients là où les bateaux se trouvaient : Emirats, Caraïbes… Il reste un seul paquebot qui est encore en navigation et qui fait le tour du monde, il s’agit du Costa Deliziosa qui est actuellement en direction de la mer Rouge. Aucun port n’accepte les passagers de croisière donc la décision a été prise de continuer la navigation pour arriver aux alentours du 26 avril sur un port en Méditerranée, peut-être un port italien mais tout cela reste à confirmer. Les escales et les opérations passagers sont interdites mais les escales techniques pour l’avitaillement par exemple restent possibles.
Il y a près de 2 200 passagers sur ce paquebot. Si un cas devait se déclarer, nous avons à bord un hôpital et des médecins, nous appliquerons les mêmes règles qu’à terre et s’il y a un passager en détresse, nous ferons comme nous faisons en temps normal : une évacuation médicale. Ce sont des procédures classiques. Les clients à bord sont en confinement également, il n’y a pas de spectacles en live mais ils sont proposés à la télévision, idem pour les conférences… On s’adapte puisque de toute façon il est impossible de débarquer. »
Comment gérez-vous les reports de réservations, les annulations ? « Nous avons procédé, comme l’ordonnance du tourisme le stipule, à des avoirs. Il peut y avoir des annulations plus lointaines, de « panique », mais ce n’est pas flagrant. Nous avons des nouvelles réservations pour cet été, cet automne ou 2021. Nous ne sommes pas en pleine activité et au même niveau que l’année précédente, mais il n’y a pas de vent de panique, c’est une situation d’attente globalement. Concernant les réservations d’été, ce sont principalement la Méditerranée et le nord de l’Europe. Les réservations ont repris progressivement par rapport à la première semaine de confinement malgré tout. Les gens ont besoin de penser à l’après, de s’évader. »
Avez-vous accentué les contrôles lorsque les premiers cas se sont déclarés en Chine ? « Depuis le début de l’épidémie, nous avons mis en place différents contrôles, à bord et pendant les escales. De nombreux ports (la Thaïlande, la Malaisie) avaient déjà décidé de prendre la température des passagers. Il y a du gel hydroalcoolique présent partout dans le bateau, c’est le cas déjà habituellement. Les questionnaires de santé ont été mis en place très vite également. »
Le confinement a-t-il impacté vos chantiers, vos livraisons ? « En juin-juillet, il devait y avoir la sortie du Costa Firenze, destiné au marché chinois. Il est actuellement en construction dans les chantiers italiens. Je n’ai pas connaissance de l’état d’avancement mais je ne crois pas qu’il y ait de problématique. Ensuite en juin 2021, nous avons la sortie du Costa Toscana, deuxième navire de la flotte propulsé au gaz naturel liquéfié, après le Costa Smeralda qui est actuellement amarré à Marseille, en attente de pouvoir repartir. Je n’ai pas connaissance de difficultés particulières rencontrées sur les chantiers pour le moment. »
Quel est l'impact économique d'une telle crise ? « Costa Croisières fait partie du groupe Carnival, leader sur le marché de la croisière dans le monde et très puissant, nous avons également levé des fonds, donc nous ne sommes pas forcément inquiet sur le plan financier mais notre objectif va être de redémarrer, comme l’ensemble de l’industrie. Nous sommes en train de travailler sur des actions marketing, relations presse, vente… afin de revenir le plus vite possible vers la normalité. Nous travaillons activement au redémarrage. »
Vivre sur un bateau de croisière, c'est un peu du confinement... Ne craignez-vous pas une réticence à partir en croisière pour l'après-confinement ? « C’est une question intéressante mais il faut réfléchir d'un autre point de vue : allez-vous avoir l’appréhension de vous retrouver dans un avion ? De prendre les transports en commun ? Sur un bateau de croisière, oui on peut attraper différentes choses, mais cela est valable également n’importe où ailleurs. Il y aura très certainement une appréhension au début mais cela va revenir. On n’est pas plus confiné dans un bateau de croisière que dans le train ou l’avion, au contraire même, au vu des espaces grandioses à bord. Tous les jours, un bateau de croisière est en escale et les passagers visitent les monuments, les marchés, se promènent dans les rues, etc. et peuvent alors tomber malade. Mais c’est une question légitime et que tout le monde se posera mais la vie fait qu’il va bien falloir que l’on reprenne le risque. »