Confinée sur son catamaran aux Bahamas, Aurore raconte : « il est très difficile de s'approvisionner »
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Etiez-vous déjà aux Bahamas à l'annonce du confinement ?
"Initialement nous étions à Antigua-et-Barbuda quand le confinement a été décrété en France. Ma mère, qui était avec nous, a absolument voulu rentrer en France. Nous l'avons déposée à Saint-Martin pour qu'elle puisse prendre son vol de retour. Mon mari et moi ne pouvions pas laisser notre catamaran sans surveillance donc nous avons décidé de rester dans les Caraïbes avec nos enfants. À ce moment-là, seulement quelques pays ouvraient encore leurs frontières, dont les Bahamas. En bateau nous avons aussi un autre impératif : la saison des cyclones qui débute le 1er juin. Pour des raisons de sécurité, nous souhaitions nous réfugier dans la baie de Washington avant le début de la saison. Les Bahamas nous semblaient être le lieu d’escale idéal car sur notre itinéraire ! Il y a un mois, nous sommes donc arrivés sur l’île de Great Inagua qui se trouve au sud de l'archipel.
Si un confinement aux Bahamas peut paraître paradisiaque, vous vivez au contraire quelques moments difficiles sur l’île de Great Inagua ?
"Dès notre arrivée sur l’île, Franck, mon mari, est tout de suite descendu à terre pour déclarer notre arrivée et régulariser notre séjour. Nous avons eu beaucoup de chance car nous sommes arrivés le jour même où le pays fermait ses frontières. Comme l’archipel est entré en confinement, nous n’avions pas le droit de voyager d’îles en îles et d’avancer plus au nord pour nous rapprocher de Washington. Il y a pas mal de bateaux qui se sont quand même déplacés, mais nous avons préféré respecter les règles et attendre que la situation se calme pour naviguer. Le problème de l’île où nous restons c’est qu’il est très difficile de s’approvisionner. Durant les deux premières semaines de notre séjour, nous pouvions aller à terre pour faire les courses mais les magasins n’étaient pas achalandés correctement. Sur l’île, il n’y a pas de produit frais, pas de yaourts, les fruits et légumes se font rares et il y a eu une pénurie d’oeufs pendant 3 semaines. C’est assez dur de s’approvisionner, mais la situation est devenue d’autant plus difficile lorsqu’un deuxième "lock down" beaucoup plus strict s’est mis en place deux semaines après notre arrivée. Nous n’avions plus le droit de mettre un pied à terre."
Si vous n'avez plus le droit de débarquer, comment faites-vous pour vous ravitailler ?
"Cela fait désormais deux semaines que nous pêchons pour nous nourrir et pour nourrir nos enfants. Derrière notre point de mouillage se trouve une mangrove. Nous nous y rendons avec nos enfants en kayak pour y pêcher des lambis (ndlr : une espèce de mollusques) que nous cuisons au barbecue. Nous nous nourrissons beaucoup des produits de la mer car mon mari adore la pêche et nous mangeons les boîtes de conserves que nous avons en stock dans notre bateau."
À quoi ressemblent vos journées sur l’île ?
"Le protocole de distanciation des Bahamas nous interdit d’aller à terre mais nous avons le droit de nous balader autour de notre bateau. Comme il n’y a personne sur la baie où nous nous trouvons, nous prenons la liberté de nous aventurer un peu plus loin dans la mer en kayak ou à la nage. C’est assez ironique, nous n’avons pas le droit d’aller faire des courses ou d’aller sur la plage mais en termes d’activités nautiques nous sommes servis. Nous passons notre temps dans l’eau !
Pour occuper les enfants, nous partons souvent à la découverte des coraux à l’aide de masques et de tubas, comme Great Inagua n’est pas une île très touristique, ils sont encore en très bon état ! La dernière fois nous avons nagé avec une tortue et hier nous avons reçu la visite d’une raie derrière notre bateau. La faune et la flore sont incroyables sur l’île, donc nos enfants profitent beaucoup de ces paysages et animaux. Mon fils prend plaisir à accompagner son papa à la pêche et ma fille aime beaucoup découvrir la biodiversité marine à l’aide d’un masque et d’un tuba. Nous avons également deux paddles que nos enfants aiment utiliser afin de se balader autour du bateau."
Qu’allez-vous faire une fois la navigation autorisée et le confinement levé ?
"Nous ne souhaitons pas laisser notre bateau et retourner en France et nous ne voulons pas prendre le risque de faire une transat retour vers l’Europe. C’est pour cela que nous allons nous tourner vers la côte Est des États-Unis pour nous réfugier dans la Baie de Chesapeake, tout en restant éloignés des grands centres villes où le virus circule beaucoup plus vite. Si nous n’arrivons pas à rejoindre les États-Unis comme prévu, nous pensons nous rendre au Mexique ou au Brésil."
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