Isolée sur son bateau en Thaïlande, Claire témoigne : « nous ne savons pas de quoi demain sera fait »

Vous avez décidé de continuer vos études de neuropathie à distance afin de voyager en voilier, d’où vous vient cette passion pour le large ?
"Quand j’avais 10 ans, mes parents m’ont amené faire le tour du monde en bateau. C’était un souvenir magique, nous sommes partis du Québec et nous avons voyagé jusqu’en Nouvelle-Calédonie. Lorsque l’on vit comme ça si jeune, l‘appel du large est très présent et on a du mal à reprendre une vie normale. Alors dès que nous l’avons pu Jo et moi avons acheté notre bateau et nous sommes partis en voyage…"
Comment vous êtes-vous retrouvés en confinement sur les eaux thaïlandaises ?
"Nous avions passé quelque temps sur Langkawi, un archipel malaisien, et une fois notre séjour terminé, nous avions prévu de visiter la Thaïlande avant de redescendre sur l’Indonésie pour traverser l’océan Indien et ainsi échapper à la période de la mousson. Seulement, lorsque nous étions à Phuket (ndlr : île du sud de la Thaïlande) la nouvelle nous est tombée dessus, nous avons appris que le pays fermait ses frontières et que nous étions coincés. Suite à cette décision gouvernementale, ils ont également interdit la navigation et fermé tous les parcs nationaux y compris les îles alentour comme Ko Phi Phi. Nous ne pouvions plus bouger, cela fait désormais plus d’un mois que nous sommes ici."
Comment se passe le confinement en Thaïlande, le climat est-il anxiogène ?
"La population thaïlandaise est assez pauvre et le pays ne peut pas les interdire officiellement de rester chez eux en leur assurant un salaire et de la nourriture. Nous ne sommes pas souvent descendus au centre-ville mais nous avons remarqué que beaucoup de personnes continuent de travailler. Cependant, toutes les activités et les commerces liés aux loisirs sont interrompus. La nuit et très tôt le matin nous croisons des pêcheurs, qui ont le droit d’exercer leur métier, naviguant sur les eaux. À part ça, les magasins alimentaires sont également ouverts. Nous n’avons bien sûr pas le droit de nous balader sur la plage, un grand panneau indique qu’elle est fermée jusqu’à nouvel ordre. Pour les personnes qui vivent comme nous sur un bateau, il est très déconseillé de descendre à terre mais nous pouvons tout de même faire des achats de première nécessité."
Comment occupez-vous vos journées en confinement sur votre bateau ?
"Nous avons le droit de nager autour de notre bateau, bien que l’eau soit assez trouble, nous piquons une tête de temps en temps. La journée, nous travaillons sur le bateau, il y a toujours des réparations à faire où un espace à réarranger. Nous restons optimistes mais c’est parfois assez dur. Nous aurions aimé pouvoir nous déplacer avant le confinement pour passer cette période difficile sur une eau un peu plus limpide et profiter des fonds transparents."
Quelles sont vos inquiétudes au regard de la situation ?
"Le plus stressant c’est l’incertitude, nous ne savons pas de quoi demain sera fait. La mousson débute et nous nous trouvons au mauvais endroit, tous les soirs il y a des orages et de la pluie et cela va être de pire en pire. Nous attendons que les choses se calment mais nous souhaiterions nous rendre vers le sud afin de nous mettre à l’abri."
Vous pouvez suivre leurs aventures sur leur chaîne Youtube : L'Odyssée de Sagar Rani