Déconfinement et navigation : « c'est le flou le plus absolu »

Éric navigue depuis environ 25 ans et devait partir à la fin du mois pour un voyage autour du monde avec sa femme et son enfant. Comme beaucoup d’autres personnes, il attendait avec impatience le 11 mai pensant qu’il allait enfin pouvoir naviguer, mais la réalité fut bien différente. « Nous ressentons une injustice. On se demande bien ce qu’on risque sur l’eau ? C’est une réelle frustration de ne pas pouvoir avoir notre liberté. » Depuis le 11 mai, la navigation est autorisée mais doit respecter la distanciation imposée par le gouvernement. Ainsi en mer comme à terre, le déplacement au-delà de 100 km est interdit, soit 54 milles. Pour cette raison Éric a dû revoir à la baisse son itinéraire. « Initialement, nous devions faire un grand tour sur la Méditerranée cet été et puis rejoindre le Cap Vert et ensuite nous rendre au Brésil puis aux Antilles. Désormais nous nous contenterons de naviguer le long de la côte Méditerranéenne.»
Danielle est aide-soignante et après plusieurs mois de travail intense, elle espérait prendre le large avec son mari. « La frustration était bien présente, pendant le confinement, de ne pas pouvoir naviguer. Nous nous étions fixé une date de vacances pour partir sur notre bateau au mois d’avril et tout a été annulé ». La spontanéité, les rencontres, bref l’essence même du voyage en bateau a également été affectée par le coronavirus, Danielle explique, « quand nous allons dans un port nous discutons avec des personnes, il y a un échange, mais avec le virus toutes nos discussions seront limitées au strict minimum. La navigation ne sera plus comme avant ».
Malgré tout, l’aide-soignante explique qu’elle est reconnaissante de pouvoir naviguer sur la côte Atlantique au départ de Lorient, « nous sommes heureux de pouvoir reprendre le large et nous avons hâte. Nous nous adapterons en fonction des endroits ouverts à la navigation, mais nous allons naviguer, ça c’est sûr ! ».
Si Danielle et Éric semblent tout de même vouloir naviguer malgré les contraintes apportées par le déconfinement, Roger est réellement irrité par la situation. « Nous sommes dans les Bouches-du-Rhône en Méditerranée et c’est le flou le plus absolu.» Le plaisancier devra attendre encore un peu avant de récupérer sa liberté en mer car contrairement aux autres régions de France, la plaisance et le nautisme prennent un peu plus de temps à redémarrer dans les Bouches-du-Rhône. La capitainerie de la Pointe Rouge (Marseille) nous explique que « les personnes n’ont toujours pas le droit de mouiller ni d’être à moins de 800 mètres des plages en bateau ».
Cependant, la situation semble doucement se décoincer au niveau de certaines activités. 33 plages des Bouches-du-Rhône sont supposées ouvrir dès ce lundi à condition de respecter quelques règles, « à titre dérogatoire et sous réserve de la limite de dix personnes par navire ou embarcation, les activités nautiques et la navigation de plaisance sont autorisées, au départ des ports et cales de mise à l’eau sur l’ensemble du département » précise Pierre Dartout préfet de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur dans un communiqué. Cassis, la Ciotat, Martigues... etc seront désormais ouvertes au public, les plages de Marseille resteront cependant fermées jusqu'à nouvel ordre. Pierre Dartout explique également que si des débordements sont constatés, ces dérogations seront abrogées et réitère son appel à la responsabilité et au civisme de l’ensemble de la population des Bouches-du-Rhône pour éviter toute reprise de l’épidémie.