Michaël Quernez « La Bretagne sera une destination majeure pour les vacances de cet été »
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Toutes les activités nautiques étaient à l'arrêt pendant le confinement ?
« Quasiment toutes les activités étaient à l’arrêt oui mais pas toutes. Il y a eu une activité de pêche côtière qui s’est maintenue et qui a bien fonctionné, ce qui a permis d’alimenter les criées dans les ports. Après il y avait une notion de rentabilité économique : vous ne pouvez pas faire sortir un navire hauturier pendant deux semaines s’il n’y a pas de débouchés. »
Quel est le rôle du Syndicat Mixte Pêche et Plaisance de Cornouaille, que vous présidez, pour la reprise de l'activité pêche-plaisance mais également touristique ?
« Le Syndicat Mixte Pêche et Plaisance de Cornouaille s’occupe des 7 ports dans la Cornouaille, ce qui en fait la première place de pêche fraîche en France (Guilvinec - Léchiagat, Douarnenez, Loctudy – île Tudy, Audierne, Lesconil, Concarneau et St Guénolé – Penmarc’h). C’est une entité unique présidée par un Syndicat Mixte avec un concessionnaire, qui est la Chambre de Commerce et d’Industrie. Le Syndicat s’occupe des infrastructures, des travaux, de l’entretien… Actuellement deux projets sont en cours : la restructuration de la criée du Guilvinec, l’une des plus importantes de France, et la criée de Concarneau, pour une vingtaine de millions d’euros. Ce sont des enjeux très importants pour nous. Malgré les mesures qui ont été prises (continuité de la rémunération, chômage partiel), il faut que l’activité reprenne et que le marché retrouve ses clients. Au-delà de la restauration collective, il y a tout l’impact touristique avec les restaurants qui est très important pour les pêcheurs. Tout est lié sur le territoire. D’autant que ces sept ports sont des ports mixtes pour la plupart qui ont à la fois une activité de pêche et de plaisance, avec des activités nautiques liées, et des entreprises dont les activités sont mixtes aussi et dont la pérennité ne dépend pas uniquement de la pêche ou de la plaisance mais bien de toute l’économie touristique, c’est un véritable écosystème portuaire. »
Aujourd’hui, les armements à la pêche hauturière ont à peine repris leur activité et restent prudents. Côté pêche côtière, cela se déroule correctement mais le mareyage est en très grande difficulté notamment face à l’arrivée de grands groupes industriels qui rachètent les entreprises familiales, et malheureusement la crise sanitaire risque de précipiter encore plus les choses pour cette filière, déjà en très grande difficulté. »
Vous présidez également l'Association des Ports de Plaisance de Bretagne : quelles sont vos actions actuellement ?
« Je préside l’Association des Ports de Plaisance de Bretagne (APPB) et je participe aux travaux nationaux à travers la commission nationale des activités de plaisance et portuaires avec la CMP, la FIN entre autres. Notre approche est de lier reprise de l’activité de nos ports et liberté de navigation. Nous avions une vraie difficulté dans nos ports : accueillir dans de bonnes conditions les plaisanciers sans que nos agents soient présents, sans que les capitaineries soient vraiment ouvertes, sans possibilité de travaux portuaires comme le carénage… Notre action auprès du Secrétariat Général de la Mer et auprès des ministères a été de dire : si on déconfine les ports de plaisance, nous devons obtenir la liberté de navigation, avec la mise en œuvre des protocoles sanitaires. Nous avons été entendus même si la liberté de navigation a été renvoyée à un dialogue entre les préfets, les autorités portuaires et les maires. Il y a eu des incompréhensions… le fait que des préfets terrestres autorisent la navigation notamment. Pour le préfet du Finistère, les règles ont été plus strictes au début et désormais, on peut naviguer avec trois personnes en dehors de notre cercle familial, ce qui répond aux besoins de la pêche-plaisance en Finistère. »
Et concernant la réouverture des plages ?
« Il y a eu un débat que je pense sociétal sur la manière dont on déconfine les plages : ceux qui voulaient le déconfinement des plages pour tous, et les autres pour les plages dynamiques, avec la notion de pratique sportive individuelle. Sauf que la plage, c’est notre jardin à tous ! Et il n’était pas question de réserver la plage à quelques personnes uniquement car il y a des enjeux de cohésion sociale derrière tout cela. Aujourd’hui en Finistère, nous avons des plages dynamiques et des plages pour tous, et cela se passe bien. Il y a eu une approche assez citoyenne (même s’il y a eu quelques dérapages). Ce mouvement est venu de la Bretagne car nous avions la certitude que la réouverture de nos plages pouvait se faire dans le respect des règles sanitaires. »
Quels sont les enjeux à venir ?
« L’enjeu est désormais de rouvrir les centres nautiques avec la mise en place des protocoles sanitaires pour la saison estivale car il en va de la pérennité économique de ces structures. En Bretagne, il y a beaucoup de structures associatives, de centres nautiques portés par les municipalités. Ce n’est pas l’activité d’hiver avec les écoles qui suffira. Le début de saison est exceptionnel d’un point de vue météo mais malheureusement nous ne sommes pas totalement déconfiné pour pouvoir en profiter pleinement. On espère que tout l’écosystème pourra se remettre en marche début juin avec la réouverture des hôtels, des restaurants, la mobilité sans limite de 100 km… »
Avez-vous mis en place des actions de communication avec l'agence Finistère 360° ?
« La première motivation des touristes à venir en Bretagne c’est notre environnement, la qualité de nos paysages. Le tourisme au grand air est notre force. Et dans la situation que nous vivons, c’est une chance pour nous. Il faut que les Français choisissent de passer leurs vacances en France, les Bretons en Bretagne et même les Finistériens en Finistère car on ne rattrapera jamais ce l’on a perdu, ainsi que la clientèle étrangère, qui représente 20% de touristes, avec un pouvoir d’achat important, et qui ne reviendra pas cette année. Le tourisme représente 8% de notre économie en haute saison, c’est primordial pour nous.
Nous communiquons en lien avec le Comité Régional du Tourisme de Bretagne. J’ai mis en place une cellule de crise départementale pour appuyer les réflexions de l’agence Finistère 360° pour soutenir tous les professionnels et accueillir dans de bonnes conditions les visiteurs dans les villes, les forêts domaniales, les parcs, les îles, les navires à passagers, mais aussi les plages : 80% du tourisme finistérien est littoral, avec notamment les sentiers de randonnée. Ensuite viendra le temps de la promotion avec le Finistère, et la Bretagne, comme destination nature.
En ce qui concerne les évènements, tous les festivals qui font la réputation du département sont annulés : les Vieilles Charrues, le Festival de Cornouaille, le Festival du bout du monde… »
« Malgré toutes ces difficultés, il faut avoir confiance et je pense que la Bretagne sera une destination majeure pour les vacances de cet été. »