L'île de La Réunion ne tourne plus le dos à la mer

Par Jean-Yves Réguer

La Réunion n’est pas une destination touristique depuis bien longtemps. Les Européens et les Sud-Africains en quête mer et de soleil lui préféraient l’île Maurice au climat aussi agréable et beaucoup plus riche en plages et en capacité d’accueil. L’île Maurice a investi dans l’hôtellerie de luxe abordable il y a près de 50 ans quand La Réunion se contentait du tourisme affinitaire jusqu’à ces dernières années.

Le tourisme affinitaire, c’est la visite de parents ou d’amis de France métropolitaine invités par ceux qui se sont installés dans l’île et que l’on appelle les « Zoreilles ». Aux touristes, qui associent souvent leur voyage avec un séjour à Maurice, les Zoreilles recommandent : la rando à La Réunion, les plages dans l’île voisine.

A La Réunion, tout le monde est attiré par ce qu’on appelle « les Hauts » époustouflantes montagnes volcaniques dont le Piton des Neiges culmine à 3070 mètres. Comme on ne peut pas tout faire, on ne fréquente pas beaucoup les plages d’autant qu’elles ne sont pas nombreuses et que les requins y ont semé la terreur… Voilà pourquoi on disait que La Réunion tourne le dos à la mer.

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Quand il faut se contenter de regarder la mer...© Jean-Yves Réguer

Ce n’est plus vrai, pour les raisons suivantes.

D’abord, les paysages marins, différents du nord au sud et de l’est à l’ouest, sont toujours aussi beaux. La chaleur, certes tropicale, est presque toujours tolérable dans ces îles appelées Mascareignes. L’Océan Indien est limpide sauf par mauvais temps et après les cyclones qui peuvent frapper l’île entre janvier et mars. Aux plongeurs confirmés comme aux apnéistes débutants, la faune et la flore marines font voir de toutes les couleurs.

Les plages sont sur la côte ouest, à Boucan-Canot, L’Ermitage, La Saline, L’Etang-Salé, Saint-Leu et Saint-Pierre. Elles sont rarement bondées et on peut y rester du matin au soir, se restaurer dans une cabane où on compose votre salade et vos jus de fruits frais sous vos yeux. L’eau y est toujours transparente et jamais fraîche : entre 23 et 30 degrés. Au crépuscule, vous pouvez dîner dans les restaurants sur la dune, les pieds nus dans le sable pour voir le soleil tomber sur l’horizon et disparaitre dans la mer. En quelques minutes, il fait nuit et vous pouvez chercher dans le ciel la Croix du sud, constellation aussi précieuse pour les marins que l’était l’Etoile polaire dans l’hémisphère nord.

Requins et autres poissons

A la plage, on ne peut se baigner qu’en deçà de la barrière de corail, dans à peine un mètre de profondeur. C’est un peu juste… A Boucan-Canot, la grande plage de Saint-Gilles-les-Bains, il y a plus d’eau, mais pas de barrière de corail et donc les requins peuvent approcher du bord. La baignade était interdite, mais un filet de protection a été installé par les pouvoirs publics et on peut maintenant nager en toute sécurité dans un rectangle de 15 mètres sur 25. Ce n’est pas idéal, mais c’est beaucoup mieux que d’être interdit de baignade.

Le surf était aussi une activité pour laquelle on venait de loin à La Réunion. Pour les mêmes raisons, le surf a été interdit après la dernière attaque de requins en 2014. Puis les surfeurs se sont organisés : des bateaux patrouillent autour du spot pour éloigner les requins et surveiller les surfeurs qui évoluent assez près les uns des autres, à des heures précises. Au moindre doute, dès que quelqu’un aperçoit un aileron, tout le monde sort de l’eau. C’est la consigne et personne ne se permettrait de la transgresser pour tenter une dernière glisse.

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Glisse sous surveillance à L'Ermitage-les-Bains© Jean-Yves Réguer

Les autres sports nautiques prospèrent aussi à La Réunion. Le paddle, activité dans laquelle s’étaient reconvertis les moniteurs de surf pendant quelques années, a conquis beaucoup d’adeptes, des plus jeunes jusqu’aux seniors à qui la pratique est recommandée pour travailler leur équilibre.

La plongée sous-marine est aussi une activité en croissance. La formation des moniteurs français est la plus exigeante qui soit et rassure les débutants comme les plus expérimentés qui veulent en voir toujours plus. La recherche des tortues, des dauphins, des baleines -quand c’est la saison-, voire des requins -c’est toute l’année la saison- ne déçoit jamais.

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© Jean-Yves Réguer

Pour découvrir la côte, il y a encore trop peu de promène-couillons à La Réunion et la ligne maritime avec l’île Maurice a été supprimée. En revanche, les sorties pour aller voir les baleines, les dauphins et les tortues sont proposées sur des bateaux bien équipés. L’île est aussi un haut lieu de la pêche au gros, thon, marlin, espadon, dorade coryphène… Les marins qui vous y emmènent sont expérimentés et vous avez toutes les chances de ramener une belle prise.

Pente et parapente, face à la mer

Pour mettre d’accord les balnéaires et les randonneurs, les trailers ont eu une idée géniale qui a boosté le tourisme réunionnais : la fameuse Diagonale des Fous. C’est un des ultra-trails les plus difficiles : 165 kilomètres en partant du bord de mer à Saint-Pierre où il fait près de 40 degrés à l’ombre, ombre que l’on n’arrive à trouver que sous sa casquette. Et on commence pour se mettre en jambes par le Piton de la Fournaise, volcan actif à 2600 mètres d’altitude où la température va approcher le 5 degrés, sauf si le volcan actif se réveille… L’organisation refuse du monde : les candidats à la souffrance sont si nombreux qu’ils sont tirés au sort ! Alors, considérons qu’ils sont heureux, ou au moins chanceux. Leurs familles aussi, car le plus souvent, elles sont du voyage et les attendent… à la plage où il fait si bon se prélasser en octobre quand les premiers frimas arrivent en métropole. Cette course mythique part de Saint-Pierre, au bord de la mer et passe par les trois cirques ¬- Mafate, Cilaos et Salazie. La Diagonale des Fous attire beaucoup de spectateurs et participe au développement touristique de La Réunion qui offre la plus grande concentration de sites grandioses qu’on puisse trouver sur une superficie de 2500 km2, dix fois plus petite que la Bretagne. Les Hauts sont tellement magiques qu’on tourne le dos à la mer pour les découvrir… Avec l’intention de redescendre vers l’Océan Indien, certes souvent hostile, mais si chaleureux.

Le top c’est de monter dans les Hauts de Saint-Leu en 4X4 et de se vouer à un moniteur qui descend avec vous en en parapente – non pas le dos tourné, mais face à la mer- pour se poser sur la plage où vous attendent ceux qui, quand ils vous voient doucement descendre, regrettent de ne pas avoir osé…

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Bien arrivés des Hauts !© Jean-Yves Réguer

Avant de partir, pensez à consulter les prévisions sur La Chaîne Météo Voyage.

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Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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