Energie et eau à bord : ce que les circumnavigateurs nous apprennent

Culture nautique
Par François Tregouet

En croisière côtière, une certaine insouciance sur les contraintes d’approvisionnement est un luxe qui sied bien à cette période de vacances estivales. Mais ces quelques jours ou semaines de navigation peuvent donner des envies de grand large. Les besoins sont alors tout autres, et les solutions disponibles ont beaucoup évolué ces dernières années. Figaro Nautisme s’est penché sur les résultats de l’enquête menée par l’association Sail The World (STW) auprès de 595 grands navigateurs.

Départ GLYWO
En croisière côtière, une certaine insouciance sur les contraintes d’approvisionnement est un luxe qui sied bien à cette période de vacances estivales. Mais ces quelques jours ou semaines de navigation peuvent donner des envies de grand large. Les besoins sont alors tout autres, et les solutions disponibles ont beaucoup évolué ces dernières années. Figaro Nautisme s’est penché sur les résultats de l’enquête menée par l’association Sail The World (STW) auprès de 595 grands navigateurs.

Qu’il semble loin le temps des bidons d’eau supplémentaires accrochés au bastingage avant une transat ou de la lampe à huile suspendue au-dessus de la table du carré. Les technologies modernes permettent d’envisager de voyager de manière toujours plus autonome, à condition de ne pas en devenir esclave. C’est la double conclusion que nous avons tiré à la lecture de la très intéressante étude publiée par l’association Sail The World (STW) en début d’année et de nos propres observations. Tous les sujets abordés dans ce document d’une vingtaine de pages ne pouvant être traités en une seule fois, nous reviendrons dans un prochain article sur des équipements tels l’annexe, les moyens de communication, ou encore la sécurité. Mais commençons par les deux sujets tout en haut de la liste des préoccupations de nos marins aguerris, l’électricité et l’eau.

Energies douces à profusion

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Panneaux solaires Allures 45.9

Au croisement de la sécurité et du confort à bord d’un bateau est la fée électricité. En avance sur les terriens, les marins du XXI° siècle disposent le plus souvent à leur bord, d’un mix d’énergies vertes illustrant l’attention qu’ils portent à leur environnement. L’objectif est clair, utiliser le moins possible, voire idéalement pas du tout, les moteurs thermiques comme moyens de recharge. Nos voiliers de croisière modernes sont les supports parfaits pour expérimenter et combiner l’ensemble des solutions vertueuses disponibles. Les surfaces de roof, notamment sur les multicoques, mais aussi les portiques sur les monocoques, permettent l’installation de panneaux solaires en nombre, et disposer de 1000 W utiles, qui fonctionneront aussi bien en mer qu’au mouillage, ne surprend plus personne. L’autre avantage de naviguer sur des carènes modernes et puissantes réside dans leurs potentielles vitesses moyennes, plutôt élevées pour peu que l’on soigne les réglages. On voit donc nombre de jupes arrière accueillir des hydrogénérateurs, à l’image des fameux Watt&Sea lancés par un certain Yannick Bestaven, vainqueur du dernier Vendée Globe, un modèle particulièrement performant, issu de la course au large. Les unités les plus véloces s’équipent même de la version Racing, certes plus coûteuse, mais quand le speedo indique régulièrement deux chiffres avant la virgule, c’est bien celui qui convient avec son hélice à pas variable. Les témoignages recueillis sur les pontons corroborent les données théoriques, avec 20 A en sortie à 10 nœuds de vitesse et 9 à 10 Ampères dès 6 nœuds. Le tout sans plus de bruit que celui du sillage et avec un impact sur la vitesse qui ne se voit que deux chiffres après la virgule. L’éolienne en revanche recule doucement, notamment sur les multicoques, qui représentent une part toujours plus importante des bateaux en balade. Malgré les progrès réalisés en la matière, le bruit inhérent à l’engin est la première raison invoquée pour s’en passer. Une petite appréhension existe également quant au risque d’accident, de la bosse de ris qui vient s’y emmêler aux doigts du maladroit qui viendront s’y aventurer douloureusement. Enfin, hors zones septentrionales, son faible rendement au portant comme dans les mouillages abrités, finissent de convaincre beaucoup de marins de s’en passer.

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Panneaux solaires et hydrogénérateur sur RM 13.70

Et en plus on la stocke…

Mais toutes ces sources d’énergie, nouvelles et propres, n’ont de sens que si on peut stocker efficacement l’électricité qu’elles produisent. En attendant la prochaine rupture technologique en la matière, promise grâce aux nanotechnologies, les batteries lithium séduisent de plus en plus de circumnavigateurs. Associant une masse réduite à une plage d’utilisation étendue, elles répondent parfaitement au cahier des charges d’un grand voyage. L’offre se développant, leur prix a fortement décru ces dernières années, les rendant presque raisonnables, en tous cas relativement à l’investissement global. La combinaison de sources multiples et performantes avec une capacité de stockage accrue pousse en tous cas le groupe électrogène vers la sortie, alors qu’il était encore jugé quasi-indispensable il y a de cela encore seulement quelques années. Seule une climatisation énergivore pourrait encore en justifier la présence, mais les marins vraiment modernes privilégient la ventilation naturelle.

De l’eau douce à volonté

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Batterie lithium sur ORC 57

Même s’il n’arrive qu’au troisième rang des préoccupations des circumnavigateurs ayant répondu à l’enquête Sail The World, le sujet de l’eau est bien sûr critique dans un projet de grand voyage. Pas étonnant que l’on s’approche alors de 100% de bateaux équipés d’un dessalinisateur. D’au minimum 60 l/h, souvent autour de 100 l/h, parfois, pour les plus grosses unités, capables de produire 200 litres d’eau douce par heure, ils sont calibrés pour répondre efficacement à la consommation du bord, tout en allégeant les réservoirs de centaines de litres d’eau. Alors, avec de l’eau douce à volonté ou presque, se sont invitées à bord, remisant aux oubliettes, ou plutôt à fond de cale, la corvée de recherche du lavomatic le plus proche. De même, certains n’hésitent pas à alimenter en eau douce leurs toilettes, de plus en plus fréquemment électriques et consommant finalement peu d’eau. Mécanique préservée du sel, et réduction drastique du risque de mauvaises odeurs sont les deux avantages attendus par cette astuce en vogue. Enfin, réservoirs et robinets dédiés à l’eau de boisson apparaissent de plus en plus souvent à bord des bateaux de grande croisière. Eau du dessalinisateur reminéralisée, ou eau des réservoirs standards soigneusement filtrée, c’est le meilleur remède aux lourds packs d’eau et aux quantités industrielles de déchets plastiques qu’ils produisent. Ajoutez-y une gourde individuelle pour chaque équipier et vous vous sentirez en bien meilleure harmonie avec l’environnement marin qui vous accueille.

Diaporama
Catana Ocean Class
L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…