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Naviguer c’est bien. Faire de la plaisance en conscience voire en servant la science c’est mieux ! Voilà en substance les messages délivrés par plusieurs organismes et associations environnementales. Les uns cherchent à faire évoluer les comportements, d’autres invitent les usagers à participer à l’enrichissement des connaissances du milieu maritime.
La bien nommée E.C.O.L.E de la mer, pour Espace de Culture Océane du Littoral et de l'Environnement est une association rochelaise présidée par la navigatrice Isabelle Autissier. Depuis 1999, elle éduque tous ceux qui fréquentent la mer. « Nous touchons chaque année 5000 personnes dont la moitié sont des scolaires », présente Isabelle Landriau, la responsable déléguée. Parmi les autres, beaucoup de plaisanciers en phase de prises de conscience. « On sent que les mentalités évoluent. Les gens se demandent ce qu’ils peuvent faire pour limiter leur impact. » Les membres de l’E.C.O.L.E mènent des entretiens individuels pour informer et accompagner le changement des habitudes. Usage de l’eau, de l’électricité, des produits d’entretien et de la vie quotidienne, tri des déchets… tous les thèmes sont abordés, tout compte.
Pelagis compte sur les plaisanciers
Depuis un demi-siècle, l’Observatoire Pelagis travaille avec l’Université de La Rochelle et le CNRS à la protection de la faune marine. Oiseaux et mammifères sont comptés et scrutés afin de déterminer leur santé et les conséquences de la pression humaine sur les populations. Outre les moyens développés par la structure, elle mobilise l’attention des plaisanciers qui peuvent faire part de leurs observations en utilisant le site ou l’application OBSenMER ou en téléphonant directement à l’Observatoire au 05 46 44 99 10.
Servir la science
La navigation se prête bien aux programmes des sciences participatives. « On propose un protocole à des plaisanciers qui ne sont pas des experts mais ont tout à fait les capacités de compter et prélever », explique Charlotte Nirma coordinatrice de projet chez Astrolabe expeditions. La structure met en relation des scientifiques qui ont besoin de données, de mesures et d’observations en nombre avec des navigateurs motivés. « C’est de plus en plus à la mode. Ils veulent ajouter du sens à leurs voyages. » Ses programmes sont nombreux et variés. SensOcean, par exemple, consiste à observer les courants marins à grande échelle. « On équipe les voiliers d’un petit boitier autonome qui va mesurer la température et la salinité de l’eau. Il se fixe sur le balcon arrière du voilier. Il n’y a rien à faire, sinon de nettoyer le capteur immergé avec de l’eau de Javel tous les 10 jours. » Ceux qui font des parcours côtiers peuvent aussi s’impliquer avec le projet LittObs. Il s’agit de poser des mouillages dotés de capteurs de température et de salinité. Le dispositif immergé d’une vingtaine de kilos permet de mesurer l’impact des événements climatiques extrêmes sur l’environnement. D’autres programmes comme SargaSea, pour comprendre le développement massif des algues brunes à la surface des eaux ou encore Ketos qui vise à enregistrer le chant des cétacés avec des hydrophones « maisons » sont en cours. « Il faut par exemple compter entre 800 et 1000 € par boitier pour SemsOcean et nous équipons entre 20 et 30 bateaux par an ». C’est coûteux. Pour pouvoir poursuivre le développement de ses actions, l’association a mis en place un système d’auto-fabrication des outils de recherche via des fablabs participatifs.
Phenomer surveille le plancton
Ifremer, le très officiel Institut français de recherche et d’exploitation de la mer, sollicite lui aussi l’engagement des plaisanciers. « Nous menons nos propres observations et nous faisons parfois appel aux sciences participatives, comme pour Phenomer », présente Jean-Côme Piquet responsable du laboratoire de Concarneau et pilote de ce projet qui s’intéresse aux eaux colorées par le phytoplancton. « Un objet sur lequel on travaille beaucoup en tant qu’échelon de base de la chaine alimentaire marine et l’une des principales pompes à carbone au niveau planétaire. Certaines espèces peuvent être toxiques ». Lorsqu’il se développe de manière massive, le plancton se colore et devient visible à l’œil nu. L’institut scientifique demande aux plaisanciers de recenser de telles constatations et de les photographier à l’aide de l’application Phenomer. « Créée en 2013, l’outil a fait ses preuves avec 550 phénomènes recensés. Nous allons l’améliorer en 2024 en ajoutant une fonctionnalité liée à nos observations satellitaires. Ainsi, nous pourrons alerter les plaisanciers connectés présents sur zone. »
Protéger les herbiers
Le Parc naturel marin de l’estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis est une aire marine protégée de 6500 km2 créée par l’Office Français de la Biodiversité en 2015. « Nos missions sont l’amélioration de la connaissance du milieu marin, sa préservation et le soutien du développement durable des activités maritimes », annonce Cécile Barreaud, chargée de communication. Le Parc travaille notamment avec les gestionnaires de zones de mouillage sur la protection des zostères, ces plantes marines qui jouent un rôle essentiel en matière de biodiversité. Ainsi le projet PlaizParc (pour Plaisance et Zostère dans le Parc), mis en œuvre sur quelques communes à titre expérimental, consiste « à tester des mouillages innovants en zone de d’échouage en remplaçant les chaines abrasives pour les fonds végétalisés par des matériaux et techniques moins impactants ». PlaizParc comporte également le déploiement d’un système de comptage automatique des navires par vidéo, de façon anonyme pour mieux comprendre les pratiques et ainsi mieux gérer l’activité.
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