
Une allergie qui ne cesse de progresser
Avec la popularité croissante des plats à base de fruits de mer dans les cuisines du monde, cette allergie ne cesse de se répandre. Contrairement à d’autres réactions alimentaires, elle peut apparaître à tout moment de la vie, souvent sans signe avant-coureur, qu’il s’agisse d’un enfant découvrant ses premiers aliments ou d’un adulte jusqu’alors épargné.
En France, elle concerne environ 6 % des enfants et 3,5 % des adultes, un phénomène en constante progression.
Quels fruits de mer sont les plus allergènes ?
Tous les fruits de mer ne provoquent pas les mêmes réactions allergiques. Les crustacés sont les principaux responsables à l’échelle mondiale, suivis des mollusques.Crustacés (crevettes, écrevisses, homards, langoustes, crabes) :Les crustacés sont les fruits de mer les plus allergènes, avec une prévalence mondiale d’environ 3 % chez les adultes. Les crevettes et les écrevisses sont particulièrement problématiques, présentant les plus hauts niveaux d’IgE* spécifiques (jusqu’à 15,6 kU/L*). Ces réactions touchent souvent plusieurs espèces en raison d’une forte réactivité croisée (75 % des cas), et persistent dans 90 % des cas tout au long de la vie.
Mollusques (moules, huîtres, coquilles Saint-Jacques, seiches, calmars) :Moins fréquents que les crustacés, les mollusques concernent environ 1 % de la population mondiale. Parmi eux, les moules et les huîtres sont les plus réactives. Les seiches et calmars, bien que moins courants, contiennent des allergènes stables à la cuisson, les rendant difficiles à éviter.
*IgE (Immunoglobuline E) : Anticorps produits par le système immunitaire en réponse à un allergène. Leur présence indique une sensibilisation allergique.
*kU/L (kilo-unité par litre) : Unité de mesure utilisée pour quantifier le niveau d’IgE spécifique à un allergène dans le sang. Des niveaux élevés (ex. 15,6 kU/L) indiquent une forte probabilité de réaction allergique clinique.
Les symptômes : savoir les repérer rapidement
Les symptômes de l’allergie aux fruits de mer surviennent généralement dans les 30 minutes à 2 heures après ingestion ou même simple exposition, par contact ou inhalation. Les premiers signes sont souvent visibles : démangeaisons, rougeurs ou urticaire. Ils peuvent rapidement s’aggraver avec des gonflements au niveau des lèvres, de la langue ou de la gorge, provoquant des difficultés respiratoires. Sur le plan digestif, des douleurs abdominales, nausées, vomissements ou diarrhées peuvent apparaître. Dans les cas les plus graves, c’est le choc anaphylactique : une urgence nécessitant une intervention immédiate.
Un exemple ? Marie, 42 ans, passionnée de voile, a découvert son allergie lors d’un dîner à bord. « Je n’avais même pas mangé de crevettes, mais leur simple odeur m’a déclenché des picotements dans la gorge », raconte-t-elle. Une anecdote qui souligne l’importance d’une vigilance accrue.
À cela s’ajoute un phénomène appelé réaction croisée : une personne allergique à un crustacé, comme les crevettes, peut également réagir à d’autres crustacés ou à des allergènes similaires, comme ceux des acariens. Il est donc essentiel de bien connaître les risques pour éviter les mauvaises surprises.
Traitement et prévention sur terre
Malheureusement, il n’existe pas de traitement curatif. Les personnes allergiques doivent éviter tout contact avec l’allergène. Cela passe par une lecture méticuleuse des étiquettes alimentaires et une vigilance accrue dans les restaurants. La contamination croisée est un ennemi sournois, qui peut survenir dans une cuisine ou une huile de friture.
Des traitements expérimentaux, comme un vaccin hypoallergénique, suscitent de l’espoir. Ils pourraient réduire considérablement la durée et la complexité des thérapies actuelles, mais restent encore indisponibles au grand public.
En mer : les défis supplémentaires
Naviguer avec une allergie aux fruits de mer, c’est comme affronter une mer agitée : il faut être prêt à tout. Le confinement des espaces à bord, la difficulté d’accès aux soins et la proximité des aliments allergènes rendent la prévention et la préparation indispensables.
Les bons réflexes avant de larguer les amarres
- Informez l’équipage : Tout le monde doit connaître les allergies présentes.
- Adaptez les menus : Évitez de cuisiner des fruits de mer si une personne allergique est à bord.
- Préparez une trousse de secours : Stylos auto-injecteurs d’épinéphrine, antihistaminiques, cortisone, et un guide sur la gestion des réactions graves.
- Nettoyez rigoureusement : Désinfectez les surfaces, les ustensiles et les équipements de cuisine après utilisation de fruits de mer.
Réagir en cas d’urgence en mer
Si une réaction survient, chaque minute compte :
1. Identifiez les symptômes : Gonflements, difficultés respiratoires, peau pâle, sueurs abondantes.
2. Intervenez immédiatement : Administrez une injection d’épinéphrine. Répétez après 5 à 15 minutes si nécessaire.
3. Contactez les secours : Utilisez la radio VHF ou un téléphone satellite pour alerter le CROSS ou le centre médical maritime.
4. Stabilisez la victime : Placez-la en position allongée avec les jambes surélevées et surveillez son pouls et sa respiration.
Les allergies aux fruits de mer, bien que sérieuses, ne doivent pas devenir un frein à vos aventures marines. Avec une bonne préparation et une vigilance collective, il est tout à fait possible de profiter de la mer sans souci. Alors, larguez les amarres, mais gardez votre trousse de secours à portée de main. Une croisière réussie, c’est avant tout une croisière où chacun se sent en sécurité.