HMS Endeavour : le navire de James Cook qui changea la carte du monde

Culture nautique
Par Le Figaro Nautisme

Véritable légende de l’exploration maritime, le HMS Endeavour a marqué l’histoire en permettant au capitaine James Cook de cartographier, pour la première fois, les côtes de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie. De la science à l’aventure, retour sur l’extraordinaire destinée de ce vaisseau modeste devenu l’un des symboles majeurs de l’âge des grandes découvertes.

Véritable légende de l’exploration maritime, le HMS Endeavour a marqué l’histoire en permettant au capitaine James Cook de cartographier, pour la première fois, les côtes de la Nouvelle-Zélande et de l’Australie. De la science à l’aventure, retour sur l’extraordinaire destinée de ce vaisseau modeste devenu l’un des symboles majeurs de l’âge des grandes découvertes.
Replique du Endeavour
Replique du Endeavour© Wikipedia

Un vaisseau ordinaire promis à un destin extraordinaire

Rien, à première vue, ne prédestinait le HMS Endeavour à entrer dans la légende. Construit en 1764 dans les chantiers navals du Yorkshire, ce solide navire de charbonnier nommé alors Earl of Pembroke n’avait rien d’un bâtiment de prestige. Large, stable et robuste, il servait à transporter du charbon sur la côte anglaise. Sa silhouette trapue, idéale pour naviguer dans les mers agitées du Nord, séduisit pourtant la Royal Navy en quête d’un bateau fiable pour une mission scientifique hors du commun : observer le passage de Vénus devant le Soleil depuis Tahiti.
En 1768, le navire fut racheté, rebaptisé Endeavour, et soigneusement réaménagé. On le dota d’une cabine pour les instruments scientifiques, d’un laboratoire et d’un espace pour accueillir les naturalistes. Ce modeste charbonnier devenait ainsi le théâtre d’une expédition qui allait bouleverser la connaissance du monde.

L’épopée du Pacifique

Sous le commandement du jeune capitaine James Cook, le HMS Endeavour leva l’ancre de Plymouth le 26 août 1768. À son bord, une centaine d’hommes, parmi lesquels le naturaliste Joseph Banks, son assistant Daniel Solander et l’illustrateur Sydney Parkinson. Leur mission : combiner science, exploration et observation.
Après plus de huit mois de navigation et un passage éprouvant par le cap Horn, le navire atteignit Tahiti au printemps 1769. L’observation du transit de Vénus y fut un succès, mais Cook détenait un second ordre, tenu secret jusqu’alors : poursuivre vers le sud et l’ouest pour découvrir le mystérieux continent austral que les Européens soupçonnaient encore d’exister.
Cap vers l’inconnu. En octobre 1769, l’Endeavour longea les côtes de la Nouvelle-Zélande. Pendant six mois, Cook en fit le tour complet, établissant avec une précision remarquable la première carte du territoire et prouvant qu’il s’agissait de deux îles distinctes. Puis, en avril 1770, le navire toucha une terre encore inexplorée par les Européens : l’Australie. Cook en longea toute la côte est, baptisée New South Wales, et en revendiqua la possession pour la Couronne britannique.

L'Endeavour naviguant le long de la cote de la Nouvelle-Hollande. Tableau de Samuel Atkins, vers 1794.
L'Endeavour naviguant le long de la cote de la Nouvelle-Hollande. Tableau de Samuel Atkins, vers 1794.© Wikipedia


Naufrage évité de justesse sur la Grande Barrière de corail

L’expédition aurait pu s’arrêter là. En juin 1770, au large du Queensland, le Endeavour heurta la Grande Barrière de corail. Le choc fut terrible : la coque fut transpercée et l’eau commença à s’engouffrer. Cook fit jeter par-dessus bord les canons, les barriques et le matériel pour alléger le navire, tandis que les hommes pompaient jour et nuit. Grâce à une manœuvre d’une précision incroyable, il réussit à échouer le bateau sur une plage abritée, aujourd’hui Cooktown.
Pendant plusieurs semaines, l’équipage répara la coque avec les moyens du bord, taillant du bois sur place, rebouchant les fissures et calfatant les joints. Ce moment de survie, au milieu de nulle part, révéla la discipline et l’ingéniosité d’un équipage soudé, mené par un capitaine d’une rigueur exemplaire.

Un retour discret pour un navire légendaire

Après trois années de mer, le HMS Endeavour rentra en Angleterre en juillet 1771. Le navire rapportait des cartes d’une précision inédite, des milliers d’échantillons botaniques et zoologiques, et une moisson d’observations scientifiques qui allaient révolutionner la géographie et l’histoire naturelle. Pourtant, la gloire ne fut pas pour lui.
Jugé usé, il fut vendu à des armateurs privés et rebaptisé Lord Sandwich II. Durant la guerre d’indépendance américaine, il servit au transport de troupes britanniques avant d’être sabordé en 1778 au large de Newport, dans le Rhode Island, pour bloquer le port face à la flotte française.
Plus de deux siècles plus tard, des fouilles sous-marines ont permis d’identifier l’une des épaves retrouvées dans la baie comme étant celle du Endeavour. Une découverte émouvante pour les historiens maritimes, confirmant que le navire pionnier repose aujourd’hui dans les eaux américaines.

© Wikipedia

Héritage d’un pionnier de l’exploration

De navire de charbonnier à symbole mondial, l’Endeavour incarne l’esprit d’une époque où la curiosité scientifique et la soif de découverte guidaient les marins vers l’inconnu. Répliques, musées et expositions lui rendent hommage, notamment en Australie, où la copie grandeur nature du navire attire chaque année des milliers de visiteurs.
Mais son héritage reste complexe : l’arrivée de Cook et de son équipage marque aussi le début d’une ère douloureuse pour les peuples autochtones. L’histoire de l’Endeavour est donc à la fois celle d’un exploit maritime et d’un tournant historique majeur.
Au-delà de la légende, il demeure le symbole d’une époque où la mer était la grande frontière du savoir, et où un simple navire de bois pouvait, à lui seul, redessiner la carte du monde.

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Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
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Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
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Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Irwin Sonigo
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Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.