
Gérard Peroddi, le président de la Fédération française des pêcheurs en mer (FFPM, 13 000 membres) depuis 2009, estime que le plaisir de la pêche commence bien avant le moment où l’hameçon disparait de la surface des flots. « Quelques jours avant, je prépare mes lignes, mes cannes, mes appâts, j’appelle les copains, on se projette sur telle espèce, prendra-t-on un bateau ou non… ? Ce plaisir est un tout, même si ce que l’on pêche on le paierait dix fois moins cher en poissonnerie et que de nombreuses sorties se soldent par un capot (bredouille) ». Pour ce grand amateur, qui a découvert la pratique halieutique en mer à l’âge de 4 ans en Tunisie, dans le giron de son grand-père pêcheur d’éponges, la passion ne s’est jamais démentie. Il décrit « le moment crucial où l’on sent de grands coups dans sa canne, la montée d’adrénaline… Vous ne savez pas ce qu’il y a au bout et puis au fur et à mesure vous commencez à le deviner. Est-ce une dorade, un gros loup ? Est-ce que je vais le salabrer (utiliser une épuisette) ? Tout un mécanisme se met en route dans la tête. » Même si la préparation et l’anticipation font partie intégrante de la félicité, le mystère des fonds reste entier. « On peut cibler les espèces en fonction de certains paramètres comme la nature des fonds, le courant ou la lune, mais il est rare qu’on se fixe un seul objectif. On pêche finalement ce qui vient à l’hameçon et c’est toujours une surprise. »
Préserver notre environnement
Depuis janvier 2023, Gérard Peroddi est également à la tête de la Confédération Mer et Liberté qui représente l’ensemble des associations de pêche de loisir en mer, de plaisance et de défense de l'environnement, « soit environ 1,5 million d’adhérents. » Elle se présente comme interlocuteur unique pour faire valoir et défendre ses intérêts auprès des pouvoirs publics. Souligner les réglementations de plus en plus restrictives qui « limitent les zones d’autorisation à peau de chagrin », compte parmi les actions du groupement. « Mais nous sommes bien conscients de la nécessité de préserver l’environnement afin que la pratique de la pêche en mer dure le plus longtemps possible. J’espère que mes petits-enfants pourront aussi l’exercer ». Dans un contexte de raréfaction de la biodiversité, le président adresse un appel à tous les pratiquants : « En France, la pêche en mer va devoir évoluer, devenir encore plus respectueuse. Que l’on soit pêcheur sportif ou récréatif, respectons la mer, elle nous le rendra au centuple ! »
Pas toujours en bateau
« Quand le temps ne permet pas de sortir en bateau, on peut toujours lancer du bord. » Ainsi la pratique halieutique en mer n’est pas directement reliée à la plaisance nautique. Les pêcheurs sont nombreux à se livrer au surfcasting, qui consiste à jeter sa ligne depuis la plage, d’un rocher ou d’une digue. Des concours peuvent rassembler des centaines de personnes. « Quant au plaisancier à la voile, il est rarement un passionné, mais plutôt un pêcheur occasionnel qui va attraper un maquereau par exemple avec sa ligne de traine au cours d’une traversée. » Lorsqu’ils partent en mer, les pêcheurs empruntent le plus souvent un bateau à moteur pour gagner le large. Gérard Peroddi concède d’ailleurs un intérêt tout particulier pour les grands fonds qui s’adressent plutôt à des gens aguerris et bien outillés. « À cinquante milles des côtes, au surplomb de fonds pouvant atteindre les 500 mètres, on peut se sentir un peu isolés. » Surtout lorsqu’au bout de la ligne, une créature de 12 kilos affole le moulinet électrique. « Beaucoup se sont lancés vers les profondeurs pour chercher des espèces que l’on trouve peu sur les côtes. » La dorade rose, le sabre plat et brillant, le merlu, le congre, le calamar et le poulpe, qui se concentrent parfois autour d’une épave, aiguisent la convoitise des usagers.
Le thon rouge, un graal réglementé
Le président se félicite de la transmission et de l’appétence de jeunes adhérents, souvent attirés par la pêche sur des chasses. Ils embarquent sur des bateaux semi-rigides très rapides et foncent vers les zones de concentration d’oiseaux en quête de bancs de sardines qui remontent à la surface sous la pression de gros prédateurs comme des thons. « Le graal c’est le thon rouge, l’un des poissons les plus combatifs du monde. Son prélèvement est très réglementé, suivi à l’individu prêt. »
Discipline traditionnelle, qui n’oublie pas ses origines avec le lancer de poids de mer ou de la palangrotte (un fil et son hameçon enroulé autour d’un morceau de liège), la pêche en mer est néanmoins en perpétuelle évolution. « Quand j’ai commencé à pêcher la dorade on utilisait du fil de 50 centième. Aujourd’hui, on a divisé l’épaisseur par deux. Le bon pêcheur est celui qui cherche la prise la plus grosse avec le matériel le plus fin et le plus petit possible. Le poisson est de plus en plus malin, il s’adapte au matériel et fort heureusement ! »
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