Le mal de mer : tous exposés, comment lutter ?

Culture nautique
Par Figaronautisme.com avec  MAIF

Désagréable mais pas grave en soi, le mal de mer peut concerner les plaisanciers comme les marins aguerris. Comment le prévenir ? Existe-t-il des moyens pour calmer ses effets ? La plupart des navigateurs finissent par s’en accommoder, mais si les syndromes s’installent, le risque sur la santé devient sérieux. Le point avec Patrick Roux, directeur du Centre de consultation médicale maritime et François Gouin, médecin-navigateur.

©Illustration Adobe Stock
Désagréable mais pas grave en soi, le mal de mer peut concerner les plaisanciers comme les marins aguerris. Comment le prévenir ? Existe-t-il des moyens pour calmer ses effets ? La plupart des navigateurs finissent par s’en accommoder, mais si les syndromes s’installent, le risque sur la santé devient sérieux. Le point avec Patrick Roux, directeur du Centre de consultation médicale maritime et François Gouin, médecin-navigateur.

On se félicite à l’idée de faire une magnifique sortie en bateau et puis, l’entrée du port à peine dépassée, les sensations désagréables surviennent et s’installent : nausées, vertiges, vomissements, fatigue intense, voilà le mal de mer. Le sujet, peu glamour il est vrai, se fait plutôt discret dans les récits épiques et sur les pontons où l’on préfère évoquer la majesté du vent, les sensations de vitesse, de liberté et d’infini. Le désagrément est pourtant extrêmement répandu. « Cela fait partie du “jeu“, il faut l’accepter, relativise le médecin et grand navigateur François Gouin. Dès qu’il y a un peu de mauvais temps, j’estime qu’au moins 50 % des gens le ressentent ». Si les plaisanciers occasionnels y sont plus facilement sujets, ce mal être peut aussi survenir chez les plus aguerris, les marins professionnels comme les champions des courses au large. « Il n’y a pas de règles, juste des terrains plus ou moins favorables. Voilà pourquoi il faut décomplexer les usagers touchés par le problème et gênés de déranger leurs partenaires de sortie. Il faut accepter d’en souffrir pendant quelques jours et généralement ça finit par passer », souligne le passionné qui s’estime très chanceux de n’avoir jamais subi ce désagrément, « sauf une fois en bricolant mon moteur dans les émanations de gasoil ».

Les facteurs déclencheurs du mal de mer

Ce mal des transports, ou cinétose, résulte d’une désynchronisation des messages transmis au cerveau par les capteurs du corps. Le roulis enregistré par les yeux notamment et les informations perçues par l’oreille interne se contredisent. Si une houle prononcée prépare le terrain, des facteurs additionnels peuvent venir le déclencher : les odeurs agressives comme celle de carburant, de cigarette ou de parfum, le fait de quitter le pont pour s’enfermer dans la cabine... Par ailleurs, la plupart des marins connait la règle mémotechnique des 5 F : froid, faim, fatigue, frousse et… foif. « En mer, on est exposé à l’humidité ambiante. Il faut penser à se couvrir avant d’avoir froid, tout comme il faut boire avant d’avoir soif, on s’hydrate peu à bord c’est bien connu. » Même si cela parait contre intuitif pour lutter contre la nausée, le navigateur averti s’alimente régulièrement, on dépense de l’énergie au large. « Les facteurs psychologiques peuvent aussi jouer un rôle. » L’anxiété, le fait de se retrouver en milieu confiné sans possibilité de retour immédiat contribue à fragiliser le plaisancier occasionnel. Repérer les lieux, le port, le bateau en amont prépare le voyageur. Et mieux vaut s’embarquer dans une assez bonne forme physique. Des conseils préventifs à prendre en compte pour éviter “d’attraper“ le mal de mer « car une fois qu’il est là difficile de s’en défaire avant plusieurs heures. »

Du banal aux conséquences problématiques

En tant que directeur du Centre de consultation médicale maritime (le CCMM, joint au 196), Patrick Roux est régulièrement confronté aux problèmes du mal de mer. Si ses symptômes ne présentent pas de gravité a priori, ils ne sont pas à négliger pour autant. « Tout le problème consiste pour nous, soignants, à comprendre le terrain sur lequel il intervient, savoir si le sujet est par ailleurs en bonne santé », explique l’urgentiste chargé d’assurer la prise en charge médicale, à distance, des bateaux français sur toutes les mers du globe. Pour la personne en pleine forme, le désagrément n’ira pas au-delà du moment inconfortable. Tout rentrera dans l’ordre dès qu’il sera amariné ou qu’il aura posé le pied à terre. « Mais suivant le statut médical de la victime, l’installation des symptômes peut avoir des conséquences sur des pathologies sous-jacentes. » Le CCMM intervient aussi pour les navires qui transportent de nombreux passagers comme les ferries. « Nous sommes particulièrement attentifs aux jeunes enfants et aux personnes âgées plus à risque de complications en matière d’hydratation. »

L’autre question à prendre en compte est celle de la durée. Le mal de mer n’est pas une maladie, mais si on vomit pendant un à deux jours sans pouvoir compenser, on va finir par s’affaiblir sévèrement. « J’ai eu le cas récemment d’un jeune homme sans antécédent médical, parti en mission quelques jours sur un bateau de pêche. Il s’est dit qu’il allait finir par s’habituer, que le mal allait passer, mais après cinq jours, il a fallu aller le chercher en hélicoptère et l’hospitaliser pendant une semaine pour le réhydrater. »

Chimie, kiné, lunettes spéciales…

Au-delà des conseils préventifs de base, certains médicaments pris en amont des sorties peuvent aider. Les molécules les plus connues sont le Mercalm, un antihistaminique disponible sans ordonnance et la Scopolamine qui s’applique en patch par exemple… « Mais comme tout médicament, ils peuvent avoir des effets secondaires sur la vigilance en l’occurrence », rappellent les médecins. « Il faut essayer différents “trucs“, certains marchent sur les uns, pas sur les autres ». Le bracelet anti-mal de mer (Sea band) utilise les techniques d’acupression, les lunettes Boarding ring transmettent des informations de mouvement au cerveau et l’aide à se resynchroniser avec les perceptions de l’oreille interne. L’Agence d’innovation de la Défense a participé à la mise au point d’un système de colonnes lumineuses, le Boarding light, pour le personnel de la Marine nationale… La kinésithérapie vestibulaire, qui agit sur la sensation de vertige, aide certains sujets.

Les usagers de la mer peuvent trouver du réconfort en se disant qu’ils ne sont pas les seuls à souffrir de cinétose. Les concurrents des rallyes automobiles, comme le Paris-Dakar, subissent ce même désagrément qu’ils appellent le mal des dunes ; de même que les astronautes de retour à terre…

Venez découvrir les fiches conseils sur la navigation MAIF !

Et avant de partir en mer, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…