
Navire de commerce, mais pas seulement...
Le dhow est un voilier arabe traditionnel gréé d’une ou plusieurs voiles latines, à la coque profilée, en bois massif. Sa silhouette reconnaissable rappelle les grandes heures du commerce maritime dans l’océan Indien. On retrouve sa trace dès le IXe siècle, comme en atteste l’épave retrouvée en 1998 au large de l’île indonésienne de Belitung. À bord : plus de 60 000 objets, dont une majorité de céramiques chinoises, témoignant d’échanges intenses entre la Chine des Tang, les ports arabes et le sous-continent indien.
Ces voiliers ont longtemps assuré le transport de dattes, d’épices, de textiles ou d’encens entre les ports du Yémen, d’Oman, de Zanzibar ou de Calicut. Aujourd’hui encore, ils continuent de naviguer entre l’Afrique de l’Est et les côtes de la péninsule arabique, parfois à moteur, mais toujours empreints de leur esthétique singulière. Utilisés pour la pêche et le cabotage côtier, certains ont été réaménagés pour accueillir des passagers, offrant un confort discret sans trahir l’authenticité de leur structure.
Une navigation douce entre Abu Dhabi et Dubaï
À Abu Dhabi, le dhow se fait le compagnon idéal pour une découverte en douceur de la Corniche, ce long ruban côtier bordé de plages, de jardins et d’immeubles modernes. Depuis l’eau, la ville dévoile une facette apaisante, rythmée par la lumière dorée de la fin d’après-midi. Loin du tumulte urbain, la navigation en boutre met à l’honneur la lenteur et la contemplation.
À Dubaï, le contraste est saisissant. Ici, les croisières en dhow empruntent les canaux de Dubai Creek ou longent la marina, entre les gratte-ciels vertigineux et les souks anciens. Les bateaux, souvent décorés dans le style bédouin, accueillent leurs passagers autour d’un repas local ou d’un café à la cardamome. L’expérience, à mi-chemin entre tradition et modernité, donne un relief singulier à la découverte de l’émirat.

À Doha, une escapade au rythme du soleil couchant
Au Qatar, le port de Doha propose également des excursions à bord de dhows restaurés. Stationnés à proximité du musée d’art islamique, ces voiliers attirent l’oeil avec leur proue élégante et leur bois verni. En fin de journée, la lumière du désert transforme la skyline en décor de carte postale, tandis que la Corniche se pare de reflets mordorés. Le calme ambiant contraste avec l’animation terrestre : sur l’eau, le temps semble suspendu.
La navigation autour de Doha offre aussi l’occasion de s’éloigner de la ville pour découvrir les eaux claires du golfe, accessibles après quelques milles. Les sorties durent en général deux à trois heures, mais certaines compagnies proposent des formules sur une journée entière, avec arrêts baignade ou snorkelling.
Les fjords d'Oman

La péninsule de Musandam, au nord d’Oman, est sans doute l’un des cadres les plus spectaculaires pour vivre une croisière en dhow. Surnommée la "Norvège d’Arabie" pour ses falaises abruptes et ses criques profondes, cette région offre un décor naturel saisissant. Les boutres y croisent entre les montagnes tombant à pic dans la mer et les villages isolés accessibles uniquement par bateau.
La plupart des excursions incluent des arrêts pour nager dans une eau d’un bleu intense, faire du kayak ou explorer les fonds marins en palmes-masque-tuba. Avec un peu de chance, des dauphins viennent accompagner le bateau. Certaines croisières permettent également de passer la nuit à bord, sous les étoiles, avec un dîner traditionnel servi sur le pont.
Une tradition préservée, entre culture et découverte
Aujourd’hui, l’expérience d’un voyage en dhow ne se limite pas à un simple moment de détente en mer. C’est aussi une manière de renouer avec un art de vivre ancestral, une navigation respectueuse des éléments et des savoir-faire. De nombreux artisans perpétuent encore la construction de ces bateaux dans des chantiers à ciel ouvert, notamment à Sur (Oman) ou à Al Wakrah (Qatar), où les visiteurs peuvent parfois observer leur fabrication.
Choisir une croisière en dhow, c’est faire un pas de côté, à l’écart des itinéraires classiques, et se laisser porter par une embarcation qui raconte encore, voiles au vent, l’histoire des routes maritimes de l’Orient.
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