
Un finish sous tension pour Whimjy 99
C’est à 00h42 que Whimjy 99 a franchi la ligne d’arrivée dans le Cotentin, au terme de plus de cinq jours de mer. Le temps compensé le place 19 minutes devant Bellino, offrant au J/99 une superbe victoire en IRC Three. « Les dernières 24 heures ont été les plus dures », raconte Julien Bentz. « Vent instable, courant piégeux... on a dû se battre jusqu’au bout. »
L’équipage avait préparé cette campagne pendant deux ans. Une victoire d’autant plus savoureuse qu’elle s’est construite dans la cohésion : « On navigue ensemble depuis plus de 45 ans », sourit Romain Troublé, coéquipier et ami fidèle. Leur passage au Fastnet Rock, dans le brouillard nocturne, restera comme un moment suspendu. « On n’a vu la lumière qu’à un mille. Inoubliable. »
Juste derrière, Bellino complète une course remarquable. À son bord, Deb Fish - commodore du RORC - et Rob Craigie ont dominé les débats en double. « C’était un vrai plaisir, bien plus doux que la dernière édition », confie Fish. Le duo a su tirer parti du retour, en particulier autour d’Aurigny, en contournant les forts courants au plus près des côtes.
Une flotte engagée, une météo clémente
Avec plus de 280 bateaux IRC déjà arrivés à Cherbourg sur les 380 au départ, l’édition 2025 aura été fluide, sans gros casse-tête météo ni conditions extrêmes. En IRC Three, la bataille a été serrée : Blue Skies de Luc Fourichon et Gérard Quenot termine à seulement cinq minutes du deuxième. « Le bord de retour sous spi, c’était du pur bonheur », raconte Quenot.
Côté classement général, le nom des vainqueurs est désormais gravé dans l’histoire de la course : Alexis Loison et Jean-Pierre Kelbert s’imposent au général à bord du Léon (JPK 1050), un double triomphe en IRC Two et IRC Double. Loison devient le premier marin à remporter deux fois la Fastnet en double, après sa victoire historique avec son père en 2013.
C’est aussi un triomphe pour les voiliers JPK, conçus à Lorient par Kelbert lui-même, et qui continuent d’imposer leur efficacité sur le circuit offshore.
Des histoires de mer... et de cœur
Au-delà des podiums, certaines histoires ont marqué les esprits. Celle de Sunstone, voilier en bois de 1972, en est l’exemple le plus touchant. À son bord, Will et Jenny Taylor-Jones ont vécu une traversée symbolique : ils y ont dispersé les cendres du père de Will, passionné de course au large disparu l’an dernier. « C’était son endroit préféré », raconte Jenny. « Il nous fallait terminer cette course, pour lui. » Leur retour depuis le Fastnet a été ponctué de dauphins, d’un cétacé, et de sourires salés.
Cherbourg en fête pour le centenaire
Du côté de Port Chantereyne, la fête bat son plein. Après des jours de vent, d’humidité et de fatigue, les équipages se retrouvent sur le quai autour d’un verre et d’un plat chaud. L’atmosphère est à la hauteur de l’événement : 100 ans après la première édition, la Fastnet Race rassemble toujours les passionnés, les familles et les grands noms de la course au large.
« Ceux qui ont lancé cette aventure en 1925 seraient fiers de voir ce que c’est devenu », conclut Deb Fish. Et en regardant le village animé de Cherbourg, difficile de lui donner tort.