
Une collision aussi rapide qu’inattendue
Les images sont sans appel : Holcim-PRB, victime d’un problème de quille bloquée sous le vent, s’est retrouvé fortement gîté, grand-voile à contre sous la pression de son FR0. Allagrande Mapei, lancé à pleine vitesse sous J0, l’a rattrapé sans percevoir le danger à temps. L’outtriger du voilier italien a perforé la coque de son concurrent, tandis que le foil du bateau suisse a éventré la voile d’avant d’Allagrande Mapei et déchiré la partie basse de sa grand-voile. Heureusement, aucun blessé n’est à déplorer.
Pour Ambrogio Beccaria, qui vivait sa première course comme skipper d’IMOCA 60, le sentiment est partagé : « Déception, bien sûr, de devoir envisager un abandon aussi tôt. Mais aussi beaucoup de fierté pour la réaction de toute l’équipe, qui s’est mise au travail immédiatement, avec une énergie incroyable. »
Course contre la montre pour Portsmouth
Privés de la première étape, les deux équipes se concentrent désormais sur un objectif : être prêtes pour le départ de Portsmouth-Carthagène, prévu le 17 août à 16h55. Les réparations sont lancées à Kiel, au chantier Knierim Yachtbau.
Chez Allagrande Mapei, le diagnostic est lourd : tout le système de câbles tribord qui maintient le mât est à remplacer. Grâce à la solidarité de Paprec Arkéa, un nouveau câble D0 est déjà en route. L’outrigger endommagé pourra être remplacé grâce au soutien de TR Racing et de son autre IMOCA, Advens 1. Ces pièces en carbone hautement techniques sont parties de Lorient et doivent arriver à Kiel dans les prochaines heures.
Mais la situation reste sous surveillance. La cadène du hauban d’outrigger D0, soumise à des charges de plus de 30 tonnes, nécessite des inspections minutieuses avec l’architecte Antoine Koch. Côté voiles, la grand-voile a été réparée en un temps record, mais le J0 est irréparable et devra être remplacé.

Une solidarité maritime exemplaire
Au-delà de la réparation matérielle, l’épisode a révélé une mobilisation collective rare. Tous les équipages présents ont proposé leur aide, tandis que l’organisation de The Ocean Race et le pôle logistique de TR Racing multiplient les solutions pour gagner la bataille contre le temps.
Les deux équipes ont par ailleurs déposé une réclamation officielle. Le jury international devra déterminer les responsabilités dans cette collision, la règle 14 des courses imposant de tout mettre en œuvre pour éviter un contact. En attendant, l’attention reste tournée vers les ateliers et les grues : dans six jours, Portsmouth donnera le départ de la deuxième étape, et personne ne veut manquer ce rendez-vous.