
La tradition des quatre heures
Historiquement, le quart s’étend sur quatre heures. Cette organisation vient de la marine à voile des XVIIe et XVIIIe siècles, où les équipages de guerre comme de commerce se relayaient jour et nuit. Quatre heures, c’était le compromis idéal : assez long pour que l’équipage ait le temps de se mettre en place, mais assez court pour que la vigilance reste constante. Ce système, appelé « 4 heures/4 heures », s’est ancré dans les habitudes et perdure encore aujourd’hui dans de nombreuses marines professionnelles. À bord des voiliers de plaisance, certains perpétuent cette tradition pour garder un rythme régulier.
En croisière : priorité au confort et à l’expérience
À bord d’un voilier de croisière, les choses se font souvent plus souplement. Les équipages amateurs adaptent les quarts à leur nombre et à leur niveau. Sur un bateau familial, deux heures suffisent parfois pour éviter la lassitude, surtout de nuit. D’autres, mieux organisés, préfèrent trois heures, qui laissent le temps de s’immerger sans épuiser. Dans un convoyage, les skippers chevronnés gardent parfois la règle des quatre heures, mais la réduisent la nuit, lorsque la fatigue pèse davantage. La météo joue aussi un rôle clé : par mer agitée, mieux vaut raccourcir pour garder des équipiers vigilants. En résumé, rien n’est figé : en croisière, le quart se dessine au rythme du bateau et des envies de ceux qui le manœuvrent.

En régate : intensité maximale
Le monde de la compétition impose une tout autre logique. Sur un IMOCA, un Ultim ou lors d’une régate d’équipage comme la Volvo Ocean Race, les rotations se mesurent parfois en heures, voire en minutes. Les équipes s’organisent souvent en binômes ou en « watch systems » décalés, avec deux groupes qui alternent en permanence. La pression est telle que les périodes de repos se réduisent : une heure ou deux de sommeil, puis retour sur le pont. Tout est pensé pour maintenir le bateau à 100 % de son potentiel. Des navigateurs comme Franck Cammas ou Charles Caudrelier expliquent régulièrement qu’une bonne organisation des quarts peut faire la différence entre deux bateaux pourtant identiques. Ici, l’enjeu est double : éviter la fatigue extrême tout en restant assez réactif pour tirer profit de la moindre risée.
Le solitaire : dormir autrement
En solitaire, la notion même de quart disparaît. Impossible de tenir quatre heures d’affilée sans s’assoupir. Les navigateurs solitaires ont donc développé des techniques de sommeil polyphasique, où le repos se fractionne en petites siestes. Certains choisissent des tranches de 20 minutes, d’autres vont jusqu’à une heure, mais rarement plus. L’objectif est d’accumuler suffisamment de repos sans jamais perdre le contrôle du bateau. Des marins comme François Gabart ou Ellen MacArthur racontent comment, en pleine transat ou autour du monde, ils apprennent à « voler » du sommeil sans jamais couper la veille. Le solitaire est ainsi dans un quart permanent, où chaque instant de repos reste une prise de risque calculée.
Entre tradition et adaptation permanente
Ce qui frappe, c’est que la durée du quart n’a rien de figé. La règle des quatre heures reste la référence historique, mais elle n’est plus qu’un cadre. Chaque équipage, chaque skipper, chaque projet adapte ses rotations selon la taille du bateau, la météo, la fatigue et l’expérience de bord. En croisière, on privilégie le confort. En régate, la performance dicte le rythme. En solitaire, l’équation sommeil/sécurité devient cruciale. Finalement, prendre son quart, c’est accepter que la vie en mer se règle non pas à l’horloge, mais à l’équilibre subtil entre vigilance, endurance et adaptation.
Et avant de partir en mer, ayez les bons réflexes en consultant la météo sur METEO CONSULT Marine et en téléchargeant l'application mobile gratuite Bloc Marine.