Prendre son quart ? Mais ça dure combien de temps en mer ?

Culture nautique
Par Le Figaro Nautisme

« Prendre son quart » : une expression qui fleure bon la tradition maritime et qui intrigue souvent ceux qui ne naviguent pas. Elle désigne tout simplement la période de veille assurée par un équipier, que ce soit à la barre, aux réglages ou à la surveillance du plan d’eau. Mais derrière cette organisation en apparence simple se cachent des pratiques très différentes selon qu’il s’agit de croisière, de course au large ou de navigation en solitaire. Alors, combien de temps ça dure vraiment ?

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« Prendre son quart » : une expression qui fleure bon la tradition maritime et qui intrigue souvent ceux qui ne naviguent pas. Elle désigne tout simplement la période de veille assurée par un équipier, que ce soit à la barre, aux réglages ou à la surveillance du plan d’eau. Mais derrière cette organisation en apparence simple se cachent des pratiques très différentes selon qu’il s’agit de croisière, de course au large ou de navigation en solitaire. Alors, combien de temps ça dure vraiment ?

La tradition des quatre heures

Historiquement, le quart s’étend sur quatre heures. Cette organisation vient de la marine à voile des XVIIe et XVIIIe siècles, où les équipages de guerre comme de commerce se relayaient jour et nuit. Quatre heures, c’était le compromis idéal : assez long pour que l’équipage ait le temps de se mettre en place, mais assez court pour que la vigilance reste constante. Ce système, appelé « 4 heures/4 heures », s’est ancré dans les habitudes et perdure encore aujourd’hui dans de nombreuses marines professionnelles. À bord des voiliers de plaisance, certains perpétuent cette tradition pour garder un rythme régulier.

En croisière : priorité au confort et à l’expérience

À bord d’un voilier de croisière, les choses se font souvent plus souplement. Les équipages amateurs adaptent les quarts à leur nombre et à leur niveau. Sur un bateau familial, deux heures suffisent parfois pour éviter la lassitude, surtout de nuit. D’autres, mieux organisés, préfèrent trois heures, qui laissent le temps de s’immerger sans épuiser. Dans un convoyage, les skippers chevronnés gardent parfois la règle des quatre heures, mais la réduisent la nuit, lorsque la fatigue pèse davantage. La météo joue aussi un rôle clé : par mer agitée, mieux vaut raccourcir pour garder des équipiers vigilants. En résumé, rien n’est figé : en croisière, le quart se dessine au rythme du bateau et des envies de ceux qui le manœuvrent.

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En régate : intensité maximale

Le monde de la compétition impose une tout autre logique. Sur un IMOCA, un Ultim ou lors d’une régate d’équipage comme la Volvo Ocean Race, les rotations se mesurent parfois en heures, voire en minutes. Les équipes s’organisent souvent en binômes ou en « watch systems » décalés, avec deux groupes qui alternent en permanence. La pression est telle que les périodes de repos se réduisent : une heure ou deux de sommeil, puis retour sur le pont. Tout est pensé pour maintenir le bateau à 100 % de son potentiel. Des navigateurs comme Franck Cammas ou Charles Caudrelier expliquent régulièrement qu’une bonne organisation des quarts peut faire la différence entre deux bateaux pourtant identiques. Ici, l’enjeu est double : éviter la fatigue extrême tout en restant assez réactif pour tirer profit de la moindre risée.

Le solitaire : dormir autrement

En solitaire, la notion même de quart disparaît. Impossible de tenir quatre heures d’affilée sans s’assoupir. Les navigateurs solitaires ont donc développé des techniques de sommeil polyphasique, où le repos se fractionne en petites siestes. Certains choisissent des tranches de 20 minutes, d’autres vont jusqu’à une heure, mais rarement plus. L’objectif est d’accumuler suffisamment de repos sans jamais perdre le contrôle du bateau. Des marins comme François Gabart ou Ellen MacArthur racontent comment, en pleine transat ou autour du monde, ils apprennent à « voler » du sommeil sans jamais couper la veille. Le solitaire est ainsi dans un quart permanent, où chaque instant de repos reste une prise de risque calculée.

Entre tradition et adaptation permanente

Ce qui frappe, c’est que la durée du quart n’a rien de figé. La règle des quatre heures reste la référence historique, mais elle n’est plus qu’un cadre. Chaque équipage, chaque skipper, chaque projet adapte ses rotations selon la taille du bateau, la météo, la fatigue et l’expérience de bord. En croisière, on privilégie le confort. En régate, la performance dicte le rythme. En solitaire, l’équation sommeil/sécurité devient cruciale. Finalement, prendre son quart, c’est accepter que la vie en mer se règle non pas à l’horloge, mais à l’équilibre subtil entre vigilance, endurance et adaptation.

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L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
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Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.