
Trois semaines pour tout réparer, tout préparer
Les voiles ont été raccommodées, les coques reponcées, les esprits regonflés. Cette escale forcée aux Canaries aura permis à beaucoup de remettre en état des bateaux mis à rude épreuve. C’est le cas d’Amaury Guérin (Groupe Satov), qui a dû refaire tout le nez de son bateau après des chocs violents dans la mer du golfe. « J’avais une job list interminable », confie-t-il, désormais prêt à "dévaler la houle de l’Atlantique". Même soulagement du côté du Turc Deniz Bagci (Sonmez Global), bien placé à l’issue du départ initial : « Tous les bateaux du top 5 ont souffert. On a poussé fort, peut-être trop fort. La pompe à vide tourne encore pour une dernière stratification. Mais je suis prêt, et j’ai hâte d’y retourner. »
La course relancée, les compteurs remis à zéro
Samedi à 15h, la flotte s’élancera à nouveau, les compteurs effacés et les ambitions ravivées. Chez les prototypes, le foiler de Benoît Marie (Nicomatic - Petit Bateau) reste la référence, mais derrière lui, la concurrence est affûtée. Dans les séries, ils sont une quinzaine à pouvoir rêver de victoire. Tous le savent : la moindre erreur coûtera cher. Et pour certains, la bataille s’annonce d’autant plus corsée qu’ils partent avec un léger handicap. « Je n’ai plus de spi médium, ce qui n’est pas idéal pour une étape de portant », regrette Mathis Bourgnon (Assomast). « Je ferai avec, sans complexe. »
Sur les pontons, l’atmosphère oscille entre impatience et concentration. Robinson Pozzoli (UOUM) résume l’état d’esprit général : « Beaucoup vont partir le couteau entre les dents. Ceux qui étaient devant ont envie de revanche, et les autres ont un joker à jouer. L’énergie est folle, ça va être dingue ! »
Même motivation chez Alexandre Demange (DMG Mori Sailing Academy II), qui repart sans objectif de classement mais avec une détermination particulière : « Je veux naviguer pour moi, mais aussi pour Hajime, mon collègue d’écurie. Cela me donne une force supplémentaire. »
Les mots des marins
Pour Noémie Catalano (Kokomo), cette traversée est l’aboutissement de trois ans de préparation : « J’ai eu zéro avarie, mais cette fois, je mesure le poids de la responsabilité. On n’a pas le droit à l’erreur. Je me sens stressée, mais surtout impatiente. J’embarque vingt jours d’avitaillement... et beaucoup de bonbons ! »
Félix Oberlé (Big Bounce - Beltrona), lui, affiche un enthousiasme serein : « C’est pour cette étape que je fais la transat. Je veux me battre avec le groupe de tête. J’ai confiance, tout est prêt, le bateau comme les voiles. »
Enfin, Ambre Hasson (On the road again II) savoure le contraste entre la quiétude de La Palma et l’excitation du large : « Repartir après trois semaines, c’est un peu étrange, mais j’ai très envie d’y retourner. Mon but, c’est d’arriver en Guadeloupe fière de ma course. »
Dans moins de quarante-huit heures, la flotte reprendra le large, cap sur les alizés et les tropiques. Une traversée à la fois sportive et symbolique, où chaque mille comptera. La Mini Transat retrouve enfin sa dimension océanique - celle où se mêlent dépassement, solitude et rêve d’Atlantique.