
Une phobie plus courante qu’on ne le pense
La thalassophobie désigne une peur intense et souvent irrationnelle des grands espaces marins. Elle se manifeste dès que le regard se perd vers le large, qu’une eau sombre empêche de voir le fond ou qu’un simple visuel sous-marin évoque l’immensité inconnue des profondeurs. Cette peur mêle vertige, perte de contrôle et imaginaire débordant, au point de rendre impossible une baignade, une sortie en mer ou même la contemplation de certaines images océaniques.
Les ressorts d’une peur ancestrale
La mer fascine parce qu’elle cache plus qu’elle ne montre. Son immensité, son mouvement constant et ses profondeurs invisibles alimentent depuis toujours mythes, récits d’explorateurs et légendes effrayantes. L’être humain, incapable d’en maîtriser les codes, projette aisément des dangers là où ses sens ne perçoivent rien.
Chez certains, une expérience marquante, une baignade éprouvante, une frayeur d’enfance, une sortie en mer inconfortable, fixe durablement cette anxiété. D’autres développent cette peur sans événement déclencheur précis : c’est l’inconnu, le vide sous les pieds ou l’absence de repères qui suffit à déclencher un réflexe d’alerte.
Comment la thalassophobie se manifeste
La réaction peut être physique autant que mentale. Palpitations, souffle court, jambes qui se bloquent, impression de danger imminent : le corps réagit comme face à une menace réelle.
Les déclencheurs sont variés. Pour certains, c’est le simple fait de nager là où le fond n’est plus visible. Pour d’autres, une balade en bateau devient difficile dès que la côte disparaît. Les images de grottes sous-marines, de failles abyssales ou d’animaux imposants suffisent parfois à provoquer un malaise immédiat. Le point commun : l’incapacité d’évaluer ce qui se trouve sous ou autour de soi.
Les clés pour apprivoiser cette peur
Surmonter la thalassophobie n’est pas une question de courage mais de compréhension et de progression. La première étape consiste à réintroduire de la connaissance là où le cerveau fabrique des scénarios. Comprendre comment fonctionnent les courants, ce qui compose réellement les fonds marins ou comment se comportent les animaux permet de réduire l’espace laissé à l’imagination.
La seconde étape repose sur l’exposition graduelle. S’approcher de l’eau, observer sa surface, marcher dans une zone claire puis flotter dans une petite crique : chaque étape crée une expérience positive qui remplace peu à peu les réflexes d’angoisse. Les techniques de respiration et d’ancrage aident à calmer les sensations physiques qui amplifient la peur.
Lorsque l’appréhension est très forte, un accompagnement spécialisé, notamment les thérapies cognitives et comportementales, permet de déconstruire les pensées automatiques et de reconstruire un rapport plus serein à l’océan.
Retrouver une relation apaisée avec la mer
Vaincre la thalassophobie ouvre souvent une porte inattendue : celle d’un nouveau rapport au milieu marin. Certains redécouvrent le plaisir de flotter en pleine eau, d’autres se tournent vers le snorkeling ou la randonnée palmée pour observer les fonds qu’ils redoutaient jusque-là. L’océan cesse alors d’être un bloc opaque et inquiétant pour devenir un territoire fascinant, vivant et accessible.
Pour beaucoup, dépasser cette peur n’efface pas totalement l’appréhension, mais elle la transforme en respect, en curiosité, voire en émerveillement, un changement profond qui permet de renouer avec une part essentielle de notre relation au monde marin.
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