
Des origines antiques à l’art de vivre romain
Bien avant d’être un concept, la thalassothérapie était un réflexe. Les Égyptiens, les Grecs et les Romains plongeaient déjà dans les eaux marines pour soulager les douleurs, stimuler le corps ou apaiser l’esprit.
Euripide affirmait que « la mer lave les maux de tous les hommes », et Hérodote prescrivait les bains de mer comme remède à bien des affections. Dans l’Empire romain, ces rituels deviennent un véritable art de vivre : les thermes se multiplient, Cléopâtre s’enduit de boue marine, et l’eau salée s’impose comme symbole de pureté et de vitalité.
Du Moyen Âge à la redécouverte médicale
Avec le Moyen Âge, l’Europe tourne le dos à la mer. Les bains disparaissent, l’hygiène recule, et l’eau salée perd son prestige. Il faut attendre la Renaissance pour que quelques esprits éclairés, comme Ambroise Paré, redonnent à la mer ses lettres de noblesse.
Au XVIIe siècle, les Anglais prennent le relais. Le Dr John Floyer recommande les bains froids contre les rhumatismes, et Richard Russel publie en 1753 The Use of Sea Water, véritable manifeste de la cure marine : « Il faut boire l’eau de mer, s’y baigner, et se nourrir de tout ce qu’elle offre. »
Ces écrits traversent la Manche. En France, les premiers établissements de soins voient le jour à Boulogne-sur-Mer, Dieppe, Cherbourg ou Biarritz. La mer redevient un allié thérapeutique, notamment contre les affections nerveuses et articulaires.
Naissance de la thalassothérapie moderne
C’est au XIXe siècle que la thalassothérapie prend réellement forme. En 1865, le docteur Joseph La Bonnardière forge le mot à partir du grec thalassa (mer) et therapeia (soin). Puis vient René Quinton, biologiste visionnaire, qui démontre la parenté entre l’eau de mer et le plasma sanguin, une découverte fondamentale qui assoit la science derrière le concept.
À Roscoff, en 1899, le docteur Louis-Eugène Bagot fonde l’Institut Marin Rock’roum, premier centre de thalassothérapie d’Europe. Les patients y sont traités dans une eau de mer chauffée et mise en mouvement : un principe encore au cœur des cures actuelles.
Très vite, ces établissements deviennent aussi des lieux de détente, mêlant santé et plaisir. Les stations balnéaires s’y développent, entre salons, casinos et bains revigorants.

Du soin médical au bien-être global
Au XXe siècle, la thalassothérapie s’émancipe du cadre médical strict. En 1964, le cycliste Louison Bobet crée à Quiberon un centre novateur axé sur la récupération et la forme physique. C’est la naissance de la « thalasso moderne », où la prévention et le bien-être priment sur la simple guérison.
Aujourd’hui, les centres rivalisent d’innovations : douches à affusion, enveloppements d’algues, jets sous-marins, programmes sur mesure... Le tout dans des cadres exceptionnels, face à la mer, pour renouer avec l’énergie originelle de l’océan. Et si les soins ont évolué, une règle demeure : la vraie thalassothérapie ne se pratique qu’en bord de mer, là où l’air iodé, les algues et l’eau salée conservent toutes leurs vertus. En France, le label Qualicert en garantit l’authenticité et la qualité.
De Roscoff à Biarritz, de Quiberon à La Baule, la thalassothérapie reste un rendez-vous entre l’homme et la mer. Une pause salée pour relier le corps à son élément premier, celui d’où tout est né.