La mer espace de liberté oui, mais sous contrôle

Economie
Par Le Figaro Nautisme avec MAIF

Pour que la plaisance reste un embarquement pour la liberté, autorités et représentants de usagers s’accordent sur un encadrement minimal. Le point avec la Direction départementale des territoires et de la mer du 17 et le Directeur général adjoint de la Fédération des Industries Nautiques.

Pour que la plaisance reste un embarquement pour la liberté, autorités et représentants de usagers s’accordent sur un encadrement minimal. Le point avec la Direction départementale des territoires et de la mer du 17 et le Directeur général adjoint de la Fédération des Industries Nautiques.
© AdobeStock

Comme sur la route, les autorités peuvent stopper les plaisanciers et leur demander de présenter quelques documents officiels. « Mais la première chose que l’on attend lors d’un contrôle, c’est la pleine coopération des usagers. En mer, la démarche est un peu plus subtile que simplement se garer sur le bas-côté avec sa voiture », indique Jérôme Lafon, directeur adjoint de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) de Charente Maritime. Bien positionner les pare-battages, lancer une aussière, prendre un bon cap s’il y a un peu de mer, seront des signes de bonne volonté.
Lors de ce contrôle, le navigateur devra présenter le certificat d’enregistrement de son navire, le permis plaisance s’il s’agit d’un bateaux à moteur, le permis côtier - entre 2 et 6 milles d’un abri - voire hauturier (au-delà de 6 milles).
« Nous contrôlons aussi la présence des équipements de sécurité mentionnés dans la Division 240. » Il s’agit le plus souvent du matériel basique : gilets de sauvetage, lampe, extincteur, écope, un bout pour le remorquage, une ligne de mouillage, l’annuaire de marées... « Si un élément est manquant, nous proposons d’abord une régularisation rapide. Il suffira au plaisanciers d’acheter le matériel au plus vite et de transmettre une photo de la facture par mail. » En cas d’absence d’un objet critique de sécurité, comme un extincteur ou un gilet de sauvetage, le contrevenant devra retourner à quai immédiatement. « Chaque été, nombre de drames dus à l’inconscience pourraient être évités. Notre but est de faire évoluer les comportements », souligne Jérôme Lafon. On invite les gens à être proactif en la matière, à profiter de l’hivernage pour faire le check de leur matériel. »

La FIN au diapason

La Fédération des Industries Nautiques (FIN), en représentante des professionnels de la filière nautique, est associée aux décisions relatives à la réglementation. « Nous participons à la commission centrale de sécurité qui fait les propositions d’évolution de la Division 240 », indique Guillaume Arnauld des Lions, son délégué général adjoint. C’est l’autorité administrative qui tranche in fine, mais le dialogue existe et la FIN à voix au chapitre. Il peut même arriver que la fédération demande un renforcement de la réglementation - comme pour le port d’une combinaison pour la pratique de VNM (scooter des mers) - ou pour un allègement dans le cas de la présence obligatoire au poignet du coupe-circuit du pilote, qui peut être relié à l’équipement porté par celui-ci. « C’est du pragmatisme, du retour de terrain. En France, on aime bien lister et rendre obligatoire des choses précises. L’approche anglo-saxonne est assez différente sur ce point. Mais nous n’avons pas de regard critique sur le niveau de la réglementation. Nous l’estimons assez complète, logique et bien faite. »

Le prix des infractions

N’importe quel défaut relatif à la sécurité peut théoriquement entrainer une amende de 5e classe, soit 1500 euros. « Il s’agit d’un montant théorique qui n’est pas forcément appliqué tel quel. Nous privilégions la régularisation, indique le représentant de la DDTM 17. Mais nous pouvons aller au pénal pour les infractions relatives à la navigation. » La vitesse excessive, le refus de privilège (priorité) sont les comportements particulièrement scrutés par les autorités. Chaque été, une dizaine de retrait de permis sont prononcés en Charente-Maritime pour ces raisons. « Ici comme en Bretagne, nous avons la chance d’être plutôt préservés. D’autres secteurs, au sud, sont plus sujets aux comportements à risques. » Pour Guillaume Arnauld des Lions, ces disparités géographiques s’expliquent par la composition du parc nautique. « Les zones où la présence de voiliers est plus importante sont moins exposées aux excès de vitesse. Cela doit jouer sur le ressenti des autorités. Et on peut supposer que ces plaisanciers sont plus expérimentés car on ne s’improvise pas chef de bord d’un voilier. Pour moi, il s’agit moins de comportements régionaux que de la concentration de bateaux à moteur. »
La répression de l’alcoolémie à la barre devrait être l’un des prochains chevaux de bataille des autorités. « Il y a une tolérance moindre de la société à cet égard », remarque Jérôme Lafon. Désormais, pour les apéros à bord devant un soleil couchant il faudra prévoir un "Sam", celui qui conduit et qui ne boit pas pour ramener tout le monde à bon port.

© AdobeStock

La location en question

La location entre particuliers permet au plus grand nombre de s’adonner à la plaisance. Ce véritable phénomène de société qui privilégie l’usage à la propriété dans tous les domaines pose ici de nouveaux problèmes de sécurité. « Certains récupèrent un bateau comme on prend possession d’un appartement Airbnb, avec une boite à clé, sans voir personne, s’inquiète Jérôme Lafon. Alors qu’il faudrait au minimum faire le tour du bateau pour savoir où se trouve le matériel de sécurité, car en cas d’urgence il faut agir très vite. Ce manque de vigilance des loueurs commence à nous poser question. » La Fédération des Industries Nautiques, qui compte certaines plateformes de location dans ses rangs, préfère noter un net progrès des pratiques. « Il s’agit pour nous d’accompagner les particuliers-loueurs pour qu’ils se rapprochent des exigences demandées aux loueurs professionnels. »

L’avenir de la plaisance sera environnemental

Les autorités et la FIN sont sur la même longueur d’onde au sujet de la préservation de l’environnement. « Nous sommes convaincus que la transition environnementale est sine qua non au développement du nautisme », indique Guillaume Arnauld des Lions. La fédération a ainsi lancé une analyse de cycle de vie des bateaux, multiplie les campagnes de communication, est membre de l’alliance Posidonia pour préserver les herbiers de Méditerranée... « Il faudrait par exemple équiper les zones sensibles avec des mouillages permanents. Il y a une tendance à interdire ces secteurs, ça n’a pas de sens. » En Charente-Maritime, la Direction des territoires et de la mer prend sa part de messages et de surveillance en faveur de la préservation des oiseaux marins notamment, de la taille minimale des poissons capturés, de la protection des herbiers, les zostères en l’occurrence...

Vers une assurance obligatoire pour tous ?

Le sujet de l’assurance des navires revient régulièrement dans les discussions. Pour l’heure, elle n’est pas une obligation pour les plaisanciers, même si la plupart des ports exige un contrat pour pouvoir louer un emplacement. « On ne peut qu’inviter tout un chacun à avoir une assurance pour faire face aux conséquences d’un accident. Mais la plaisance est encore dans cette zone grise », remarque Jerôme Lafon. « On estime qu’entre 75 et 80 % des bateaux sont assurés, juge de son côté le représentant de la FIN. La rendre obligatoire pour l’ensemble de la flotte ne me paraitrait pas illogique. »

Pour préparer sereinement vos navigations et planifier vos escales, le Bloc Marine est la référence pour les plaisanciers, depuis plus de 60 ans. Il contient l'ensemble des documents obligatoires à bord et bien plus encore. L’application mobile gratuite vous permet aussi d’avoir toutes les infos sous la main en un clic. Et avant de partir en mer, consulter la météo sur METEO CONSULT Marine.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte Lacroix
Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
Max Billac
Max Billac
Max Billac
Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Denis Chabassière
Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Michel Ulrich
Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT
METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
Cyrille Duchesne
Cyrille Duchesne
Cyrille Duchesne
Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
Irwin Sonigo
Irwin Sonigo
Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.