Hivernage : la check-list ultime pour passer l’hiver sans mauvaises surprises

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Lorsque les jours raccourcissent et que les pontons se vident peu à peu, commence pour de nombreux navigateurs un autre rituel : celui de l’hivernage. Ce moment charnière, souvent sous-estimé, conditionne pourtant la longévité du bateau et la sérénité de la saison suivante. En Méditerranée comme sur l’Atlantique, l’hiver impose ses règles — et mieux vaut les connaître pour que le bateau passe ces mois immobiles sans broncher.

Lorsque les jours raccourcissent et que les pontons se vident peu à peu, commence pour de nombreux navigateurs un autre rituel : celui de l’hivernage. Ce moment charnière, souvent sous-estimé, conditionne pourtant la longévité du bateau et la sérénité de la saison suivante. En Méditerranée comme sur l’Atlantique, l’hiver impose ses règles — et mieux vaut les connaître pour que le bateau passe ces mois immobiles sans broncher.
Port Navy Service, premier port a sec d'Europe
Port Navy Service, premier port a sec d'Europe© Frederic Hedelin

Derrière les gestes techniques de l’hivernage, c’est un état d’esprit qui se transmet de plaisancier en plaisancier : celui qui consiste à traiter son bateau comme un compagnon de route auquel on offre une vraie parenthèse de repos. Une parenthèse bien préparée, cela va de soi.

Le coût de l'hiver... ou le prix de la tranquillité

Ranger un bateau pour l’hiver, ce n’est pas seulement fermer un hublot et tirer la bâche. Entre un hivernage à sec, à quai, les fournitures et l’entretien moteur, la note peut logiquement varier selon la taille du bateau et les prestations choisies. Mais la comparaison est sans appel : quelques centaines d’euros investies maintenant en évitent souvent plusieurs milliers au printemps.

Dans les chantiers, les habitués le répètent avec philosophie : « mieux vaut payer pour prévenir que payer pour réparer ». Ceux qui ont déjà retrouvé une pompe éclatée par le gel ou un réservoir envahi par les bactéries savent que l’hivernage n’est pas un luxe. C’est une assurance !

À sec, à flot : un choix géographique autant que stratégique

La grande question revient chaque automne sur les pontons : sortir le bateau ou le laisser à l’eau ?
En Méditerranée, la douceur climatique pousse beaucoup de propriétaires à opter pour un hivernage à flot, dans un bassin bien abrité, à condition de pouvoir venir jeter un œil après les coups de Mistral ou de Tramontane.

Sur l’Atlantique en revanche, la houle, le froid et les coups de vent successifs font pencher la balance vers le port à sec. Sur terre, le bateau souffre moins et l’entretien est plus simple. Les plaisanciers qui ne vivent pas près de leur port d’attache y trouvent surtout l’avantage de la tranquillité : savoir que son bateau repose sur bers, sous surveillance, fait partie des plaisirs discrets de l’hiver.

En réalité, la bonne réponse n’est pas universelle. Elle tient en une question : si la météo annonce un coup de vent sérieux, pouvez-vous être sur le ponton le jour même ? Si non, le choix du port à sec s’impose souvent de lui-même.

Le moteur : là où l’on ne plaisante pas

S’il est un domaine où l’on ne transige pas, c’est bien la mécanique. Vidanger un moteur encore chaud, remplacer les filtres, protéger le circuit d’eau... Ces étapes sont les garanties d’un redémarrage sans heurt au printemps.

Même constat pour les réservoirs de carburant, que l’on remplit pour éviter la condensation, et pour les batteries, que l’on isole ou que l’on débarque selon la situation. Sur les pontons, les mécaniciens n’ont qu’un conseil : ne laissez jamais un moteur se reposer sur une huile usée. « C’est comme coucher dehors avec les vêtements mouillés », plaisante l’un d’eux. Le message est clair.

Coque, eau douce, intérieur : les fronts invisibles de l’hiver

Une fois la mécanique en ordre, l’hivernage se joue sur trois fronts : la carène, les circuits d’eau et l’intérieur.

Un bon rinçage de la coque, un carénage anticipé, le contrôle des anodes et des appendices : en Méditerranée comme en Atlantique, ces opérations permettent d’éliminer sel, algues et dépôts qui s’incrustent plus qu’on ne le pense. Les circuits d’eau douce doivent être complètement vidangés. Un simple litre d’eau oublié dans un coude suffit à fissurer un tuyau lors d’une nuit trop froide.

À l’intérieur, l’enjeu est de contrer l’humidité. On relève les coussins, on aère, on nettoie. Certains plaisanciers installent même des déshumidificateurs. Ils savent qu’un bateau qui sent le renfermé au printemps cache rarement une bonne surprise.

La ventilation joue ici un rôle essentiel. Les chantiers qui proposent des forfaits d’hivernage ont d’ailleurs intégré, pour beaucoup, une aération régulière des bateaux sous leur surveillance.

Méditerranée vs Atlantique : mêmes gestes, priorités différentes

Un bateau hiverné à Ajaccio ne vit pas les mêmes contraintes qu’un bateau basé à Brest. En Méditerranée, l’objectif est de se protéger des épisodes de vent violent : amarres redondantes, pare-battages généreux, vérifications régulières. Sur l’Atlantique, les efforts répétés de la houle et les épisodes de gel rendent la sortie d’eau annuelle quasiment incontournable pour les bateaux dont la taille le permet facilement.

Ce qui n’est pas indispensable... mais change tout

Enfin, chacun ajoute sa touche personnelle. Certains retirent systématiquement les voiles pour les stocker au sec. D’autres embarquent l’électronique portable ou revoient entièrement l’inventaire du bord.

Les familles qui naviguent beaucoup soulignent souvent ce détail : « le premier jour de navigation est tellement plus agréable quand on sait où tout est rangé ». Une manière de dire que l’hivernage, c’est aussi préparer le plaisir du printemps.

Hiverner, c’est déjà naviguer

Au fond, l’hivernage n’est pas une parenthèse morte. C’est le premier acte de la saison suivante. Un bateau bien préparé redémarre dans la douceur. Un bateau négligé rappelle vite à son propriétaire qu’en mer comme à terre, rien ne s’improvise.

La rigueur, la méthode et une pointe d’anticipation font toute la différence. Et lorsque l’on enlève enfin la bâche, un matin de mars ou d’avril, on mesure à quel point chaque heure passée sur l’hivernage était un investissement dans la liberté retrouvée.

L'équipe
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau
Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Gilles Chiorri
Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
Sophie Savant-Ros
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Sophie Savant-Ros
Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
Albert Brel
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Albert Brel
Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Jean-Christophe Guillaumin
Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
Charlotte Lacroix
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Max est tombé dedans quand il était petit ! Il a beaucoup navigué avec ses parents, aussi bien en voilier qu'en bateau moteur le long des côtes européennes mais pas que ! Avec quelques transatlantiques à son actif, il se passionne pour le monde du nautisme sous toutes ses formes. Il aime analyser le monde qui l'entoure et collabore avec Figaro Nautisme régulièrement.
Denis Chabassière
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.
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Titulaire d'un doctorat en Climatologie-Environnement, Cyrille est notre expert METEO CONSULT. Après avoir enseigné la climatologie et la géographie à l'université, il devient l'un des météorologues historiques de La Chaîne Météo en intégrant l'équipe en 2000. Spécialiste de la météo marine, il intervient également en tant qu'expert météo marine pour des courses de renommée mondiale, comme la Route du Rhum, la Solitaire du Figaro, la Transat Paprec...
Irwin Sonigo
Irwin Sonigo
Irwin Sonigo
Capitaine 200 et ancien embarqué dans la Marine nationale, Irwin Sonigo a exploré toutes les facettes de la navigation. Des premiers bords sur un cotre aurique de 1932 à la grande plaisance sur la Côte d’Azur, en passant par les catamarans de Polynésie, les voiliers des Antilles ou plusieurs transatlantiques, il a tout expérimenté. Il participe à la construction d’Open 60 en Nouvelle-Zélande et embarque comme boat pilote lors de la 32e America’s Cup. Aujourd’hui, il met cette riche expérience au service de Figaro Nautisme, où il signe des essais et reportages ancrés dans le réel.