Essai du Lagoon Sixty 5, luxueuse variation vélique

Voiliers
Par François Tregouet

Alors que les Lagoon 620 et SEVENTY 7 ont connu une déclinaison motorisée, cette fois-ci le chantier français inverse le cours de l’histoire, et c’est le SIXTY 7 moteur qui donne naissance à un voilier. L’ambition affichée est de proposer les mêmes arguments que son aîné de 77 pieds, dans une version plus « accessible », dans toutes les acceptions du terme. L’idée est de pouvoir séduire ici une famille désireuse de partir en grande croisière dans un confort absolu.

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Alors que les Lagoon 620 et SEVENTY 7 ont connu une déclinaison motorisée, cette fois-ci le chantier français inverse le cours de l’histoire, et c’est le SIXTY 7 moteur qui donne naissance à un voilier. L’ambition affichée est de proposer les mêmes arguments que son aîné de 77 pieds, dans une version plus « accessible », dans toutes les acceptions du terme. L’idée est de pouvoir séduire ici une famille désireuse de partir en grande croisière dans un confort absolu.

Les formes arrière du roof, le dessin sculpté des étraves, attestent immédiatement du lien de parenté entre SEVENTY 7 et SIXTY 5. Si le franc-bord reste impressionnant, Patrick le Quément, en charge du design extérieur, a cherché à affiner le plus possible la silhouette de ce nouvel opus. Avec un roof moins haut, des lignes horizontales filant sur toute la longueur, un décroché intégrant la ligne de hublots de coque, des aérations moteurs encore plus discrètement intégrées, la ligne de ce 65 pieds réussit le tour de force d’être presque aussi élégante que celle de son grand frère, alors que ce dernier bénéficie de quatre mètres de plus.

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Une excellence cohérence intérieur / extérieur

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Les architectes navals du cabinet VPLP et les créateurs de Nauta Design pour l’intérieur complètent le trio à l’origine des deux dessins. Leur étroite collaboration avec le chantier bordelais, pour ne pas dire leur complicité, se traduit par une excellente cohérence intérieur / extérieur et une circulation fluide dans toutes les dimensions. La plateforme arrière permet de passer d’une coque à l’autre sans interférer avec la vocation farniente des 32 m² du cockpit. Elle a également donné l’idée originale de rendre réversible le dossier de la banquette arrière : vue vers l’avant en navigation pour bien se protéger, et vers l’arrière, par exemple au mouillage, pour surveiller la baignade ou admirer le paysage. De l’arrière à l’avant aussi il est aisé de se déplacer. Si l’absence de marche entre cockpit et carré est devenue un classique, la très large baie vitrée est cette fois à galandage, affichant une volonté d’intégration au-dessus de la moyenne. Le clair de glace s’affichant à 65 cm, la vue vers l’extérieur à 270° est des plus agréables depuis l’intérieur de la nacelle divisé en trois espaces : carré sur tribord, salon à bâbord sur cette première unité, et table à cartes face à la route avec écran de navigation escamotable à l’avant. Il suffira de quelques pas et de deux marches pour rejoindre le cockpit avant où banquettes et bains de soleil se partagent l’espace sur deux niveaux très étudiés, entre habile protection et vision sur l’environnement.

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Un immense flybridge de 31 m2 et jusqu'à six cabines

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Si l’intérieur peut se décliner jusqu’à 6 cabines avec des pointes avant pour l’équipage, nous avons vraiment eu le coup de coeur pour l’aménagement retenu sur ce numéro 1. Destiné à un tour du monde en famille mais avec équipage, les deux cabines invités occupent chacune l’avant d’une coque. Leurs lits en îlots transversaux et leurs salles de bains privatives sont dignes d’un très bel hôtel et suffiraient largement à notre bonheur. Mais ça, c’était avant de découvrir les quartiers du propriétaire qui se situent à l’arrière-tribord. Si le lit n’est pas plus grand que celui des invités (177 x 200) il a pu être positionné plus bas ce qui est plus confortable. Cette véritable suite comprend également un bureau sur l’avant, un sofa au pied de la descente, et des toilettes séparées du reste de la très grande salle d’eau. Mais surtout, luxe suprême, elle offre un accès privatif et direct à la jupe, pour une baignade matinale en toute discrétion. Si l’espace dédié à l’équipage n’est bien sûr pas aussi luxueux, il n’en reste pas moins assez exceptionnel pour un 65 pieds. La cuisine qui occupe l’arrière- bâbord offre plus 4,30 mètres de linéaire de plan de travail et un frigo «terrestre» large de 90 cm, avec deux portes. Le carré y est lui aussi de dimensions tout à fait satisfaisantes puisque l’on y mangerait aisément à quatre, quand typiquement l’équipage d’un tel navire est composé de deux personnes. C’est d’ailleurs le nombre de couchettes qui se superposent en avant de ce mess, dans une cabine équipage qui bénéficie bien sûr de sa salle d’eau indépendante. Avec l’accès direct au pont via le cockpit ou vers la nacelle via leur cabine, l’équipage pourra oeuvrer dans des conditions idéales.

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Il en va de même au niveau de l’immense flybridge de 31 m². Sur l’avant les postes de barre excentrés offrent une vue sur les deux étraves, l’arrière d’une coque en direct, et via une caméra sur la poupe opposée. Plus important, la vue est parfaite sur le bordé en contre-bas. Un vrai plus par rapport aux modèles à poste de barre central dans les manoeuvres de port, facilitées ici par l’installation en option d’un propulseur d’étrave. Une place centrale qu’occupent la batterie de winches, qui auraient gagné en ergonomie en étant un peu plus hauts, même s’ils sont ici tous électrifiés. Le bimini rigide intègre des vitrages bien placés pour contrôler le hissage et le réglage de la grand-voile de 170 m². Avec l’aide du génois de 98 m² il n’en faut pas moins pour faire vivre les 40 tonnes lèges, plutôt 45 t tout équipé, de ce luxueux navire. C’est tout le talent et l’expérience du cabinet VPLP que de réussir à propulser à plus de 9 noeuds (vent réel : 15 noeuds à 70°) ce SIXTY 5. Le bouillonnement à l’arrière des coques est pourtant impressionnant et cela ne faiblira pas une fois le gennaker déroulé, les 10 noeuds de vitesse sont allègrement dépassés, en route directe vers La Rochelle. Si face à la mer, quelques vagues traîtresses ont bien réussi à faire tinter les éléments de décoration, le mât reculé participe à limiter le tangage et, sous voile, les mouvements sont particulièrement doux. Les deux moteurs de 175 ch (150 ch en standard) allumés, on apprécie depuis les moelleuses banquettes de fly, que ce soit le skipper qui se charge de monter tout au bout de la bôme canoë carbone pour bien ranger la grand-voile. À 10 noeuds, ou même 8,5 si on veut être économe ou prolonger l’autonomie offerte par les 1300 litres de carburant, on se retrouve très vite à quai. Trop vite pour tout dire, tant le SIXTY 5 est une invitation à croiser loin et longtemps.

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Notre avis

Certes, avec plus de 20 m hors-tout, le Lagoon SIXTY 5 est un grand bateau, mais on reste impressionné par l’espace à bord (90 m² entre coques et carré), surpris par les vitesses atteintes, séduit par l’impression luxueuse des aménagements et les multiples détails de design à l’image du dessin de plafond du cockpit ou des trappes dans le pont pour les nables de réservoirs.

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Les +

- Espace, luxe et détails de superyacht

- Mess et quartiers d’équipage juste parfaits

- Performances surprenantes compte tenu du déplacement

Les -

- Budget pas si « accessible » que ça

- Absence de sensations de barre

- Équipage requis pour gérer un tel yacht

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Fiche technique

Longueur hors-tout : 20,55 m

Maître bau : 10 m

Déplacement lège : 40 000 kg

Capacité carburant : 1 300 l

Tirant d'eau : 1,55 m

Cabines : 4/5/6

Couchages : 8/10/12

Motorisation : 2 x 150 ch

Génois : 98 m2

Grand-Voile : 170 m2

Constructeur : CNB - Lagoon (France)

Prix

à partir de 1 825 300 € HT

version essayée : 2 911 728 € HT

Quelques options

- Intérieur Alpi Chêne gris brossé : 30 750 € HT

- Bôme canoë carbone : 49 869 € HT

- Code 0 Mylar PX Black : 15 162 € HT

- Plateforme arrière hydraulique : 65 605 € HT

- Sellerie extérieure des cockpits AV et AR  : 3 540 € HT

- Bimini Composite de Flybridge : 66 225 € HT

- Propulseur d’étrave : 16 510 € HT

- Climatisation réversible : 89 750 € HT

- Livraison, mise à l’eau, mâtage et préparation : 26 217 € HT

Retrouvez cet essai et de nombreux autres dans notre hors-série Yachting 2020 à lire et relire en ligne !

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L'équipe
METEO CONSULT
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METEO CONSULT est un bureau d'études météorologiques opérationnel, qui assiste ses clients depuis plus de 30 ans. Les services de METEO CONSULT reposent sur une équipe scientifique de haut niveau et des moyens techniques de pointe. Son expertise en météo marine est reconnue et ses prévisionnistes accompagnent les plaisanciers, les capitaines de port et les organisateurs de courses au large depuis ses origines : Route du Rhum, Transat en double, Solitaire du Figaro…
Nathalie Moreau
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Nathalie Moreau est l’atout voyage et évasion de l’équipe, elle est passionnée de croisières et de destinations nautiques. En charge du planning rédactionnel du site figaronautisme.com et des réseaux sociaux, Nathalie suit de très près l’actualité et rédige chaque jour des news et des articles pour nous dépayser et nous faire rêver aux quatre coins du monde. Avide de découvertes, vous la croiserez sur tous les salons nautiques et de voyages en quête de nouveaux sujets.
Gilles Chiorri
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Associant une formation d’officier C1 de la marine marchande et un MBA d’HEC, Gilles Chiorri a sillonné tous les océans lors de nombreuses courses au large ou records, dont une victoire à la Mini Transat, détenteur du Trophée Jules Verne en 2002 à bord d’Orange, et une 2ème place à La Solitaire du Figaro la même année. Il a ensuite contribué à l’organisation de nombreux évènements, comme la Coupe de l’America, les Extreme Sailing Series et des courses océaniques dont la Route du Rhum et la Solitaire du Figaro (directeur de course), la Volvo Ocean Race (team manager). Sa connaissance du monde maritime et son réseau à l’international lui donnent une bonne compréhension du milieu qui nous passionne.
Il collabore avec les équipes de METEO CONSULT et Figaro Nautisme depuis plus de 20 ans.
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Sophie Savant-Ros, architecte de formation et co-fondatrice de METEO CONSULT est entre autres, directrice de l’édition des « Bloc Marine » et du site Figaronautisme.com.
Sophie est passionnée de photographie, elle ne se déplace jamais sans son appareil photo et privilégie les photos de paysages marins. Elle a publié deux ouvrages consacrés à l’Ile de Porquerolles et photographie les côtes pour enrichir les « Guides Escales » de Figaro Nautisme.
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Albert Brel, parallèlement à une carrière au CNRS, s’est toujours intéressé à l’équipement nautique. Depuis de nombreuses années, il collabore à des revues nautiques européennes dans lesquelles il écrit des articles techniques et rend compte des comparatifs effectués sur les divers équipements. De plus, il est l’auteur de nombreux ouvrages spécialisés qui vont de la cartographie électronique aux bateaux d’occasion et qui décrivent non seulement l’évolution des technologies, mais proposent aussi des solutions pour les mettre en application à bord des bateaux.
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Journaliste, photographe et auteur spécialisé dans le nautisme et l’environnement, Jean-Christophe Guillaumin est passionné de voyages et de bateaux. Il a réussi à faire matcher ses passions en découvrant le monde en bateau et en le faisant découvrir à ses lecteurs. De ses nombreuses navigations il a ramené une certitude : les océans offrent un terrain de jeu fabuleux mais aussi très fragile et aujourd’hui en danger. Fort d’une carrière riche en reportages et articles techniques, il a su se distinguer par sa capacité à vulgariser des sujets complexes tout en offrant une expertise pointue. À travers ses contributions régulières à Figaro Nautisme, il éclaire les plaisanciers, amateurs ou aguerris, sur les dernières tendances, innovations technologiques, et défis liés à la navigation. Que ce soit pour analyser les performances d’un voilier, explorer l’histoire ou décortiquer les subtilités de la course au large, il aborde chaque sujet avec le souci du détail et un regard expert.
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Charlotte est une véritable globe-trotteuse ! Très jeune, elle a vécu aux quatre coins du monde et a pris goût à la découverte du monde et à l'évasion. Tantôt à pied, en kayak, en paddle, à voile ou à moteur, elle aime partir à la découverte de paradis méconnus. Elle collabore avec Figaro Nautisme au fil de l'eau et de ses coups de cœur.
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Naviguant depuis son plus jeune âge que ce soit en croisière, en course, au large, en régate, des deux côtés de l’Atlantique, en Manche comme en Méditerranée, Denis, quittant la radiologie rochelaise en 2017, a effectué avec sa femme à bord de PretAixte leur 42 pieds une circumnavigation par Panama et Cape Town. Il ne lui déplait pas non plus de naviguer dans le temps avec une prédilection pour la marine d’Empire, celle de Trafalgar …
Michel Ulrich
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Après une carrière internationale d’ingénieur, Michel Ulrich navigue maintenant en plaisance sur son TARGA 35+ le long de la côte atlantique. Par ailleurs, il ne rate pas une occasion d’embarquer sur des navires de charge, de travail ou de services maritimes. Il nous fait partager des expériences d’expédition maritime hors du commun.